RCA : pourquoi Ali Darassa veut-il finir avec le député HAMADOU Aboubakar  Kabirou?

Publié le 31 janvier 2020 , 7:26
Mis à jour le: 31 janvier 2020 7:34 am
De gauche à droite, le député de Bambari 1 HAMADOU Aboubakar Kabirou, et le chef rebelle Ali Darassa. Image combinée par CNC le 31 janvier 2020.
De gauche à droite, le député de Bambari 1 HAMADOU Aboubakar Kabirou, et le chef rebelle Ali Darassa. Image combinée par CNC le 31 janvier 2020.

 

Bambari (République centrafricaine) – Interdit par le chef d’État major de l’UPC de mettre les pieds dans la préfecture de la Ouaka, le député HAMADOU Aboubakar  Kabirou avait été sommé par Ali Darassa de quitter immédiatement Bambari il y’a quelques semaines alors qu’il était en compagnie de certains « investisseurs turcs » pour un projet de construction d’une école franco-arabe dans sa circonscription. Paniqué, l’homme a pu trouver refuge à la gendarmerie avant de quitter la ville le lendemain. Alors, la question que tout le monde se la pose est de savoir pourquoi Ali Darassa veut-il en finir avec le député HAMADOU Aboubakar  Kabirou alors que ses collègues de Bambari n’ont pas de problème particulier avec celui-ci ? Enquête spéciale du CNC.

 

Il y’a exactement trois ans, en 2017, des combats ont éclaté dans la préfecture de la Ouaka, dans le centre est du pays, opposant les combattants rebelles de la coalition FPRC-MPC (Front populaire pour la renaissance de Centrafrique  et mouvement patriotique pour la Centrafrique),  à ceux de l’UPC, unité pour la paix en Centrafrique.

À cette époque, les médias parlaient de guerre de position et de contrôle des ressources, et ce n’était pas faux.

En effet, quelques mois plutôt, le FPRC, dans ses activités de pillage des ressources minières et biodiversités du pays, avait déployé ses braconniers dans les préfectures de Mbomou et Haut-Mbomou. Ces derniers ont suffisamment pillé des tonnes d’ivoire, des cornes de rhinocéros, des fourrures de panda, la peau et pénis  du tigre ainsi que des diamants et ors jusqu’à la frontière du Sud-Soudan. Au moment de leur retour, ils sont tombés nez à nez avec les combattants de l’UPC qui ‘ont aussitôt confisqué leurs véhicules ainsi que tous les produits qu’ils venaient de braquer, sur ordre d’Ali Darassa.

Pendant ce temps, le FPRC, informé de la nouvelle, tentait en vain de persuader le chef d’État major de l’UPC de lui restituer ses produits.

Face au refus du chef rebelle Ali Darassa, le FPRC avait mené une violente offensive contre ses positions dans la Ouaka, notamment à Ndassima et Djoubissi, deux localités riches en or contrôlées par l’UPC.

Après plusieurs mois de conflit, et suite aux négociations de la Minusca, les combats ont cessé. Maintenant, pour Ali Darassa, c’est le moment d’évacuer les produits miniers et biodiversités qu’il venait de confisquer au FPRC.

Comme vous le savez, si l’on parle de tonnes d’ivoire, il faut nécessairement un camion pour le transporter en toute sécurité et les faire sortir du pays.

Sachant quoi faire, Ali Darassa s’est rapproché du député HAMADOU Aboubakar  Kabirou pour lui demander son aide.

D’après un officier général de l’UPC interrogé par CNC, le député HAMADOU Aboubakar  Kabirou  aurait proposé à Ali Darassa de transporter tous les produits dans un camion-citerne et les faire sortir du pays facilement. C’est d’ailleurs ce qui a été fait et tous les produits confisqués par l’UPC ont pu quitter le pays pour le Cameroun voisin où ils ont été vendus sur des marchés noirs.

Estimé à plus de 350 millions de francs CFA par Ali Darassa, le député HAMADOU Aboubakar  Kabirou, après avoir vendu tous les produits au Cameroun,  donne seulement 20 millions de francs CFA au chef rebelle.

Très en colère d’avoir reçu 20 millions de francs CFA de la main du député Kabirou, le chef rebelle Ali Darassa lui demande incessamment de lui donner le reste de son argent. Faute de quoi, il pourrait lui réserver un triste sort.

C’est une histoire de voleur volé.

À Bangui, le député Kabirou tentait en vain de persuader le gouvernement de lui donner des éléments de protection afin qu’il puisse retourner sans crainte à Bambari. Même la Minusca, selon ses dires, ne voulait plus le transporter dans leur avion pour aller à Bambari. Pendant ce temps, Ali Darassa est ferme sur sa position, Kabirou doit lui restituer le reste de 300 millions qu’il détienne par devers lui. Un véritable bras de fer entre deux mafieux que chacun tente de faire impliquer tout le pays.

 

Une enquête préparée par Bertrand Yékoua

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