RCA : L’intervention de Christophe Gazam Betty au Sénat français pour une sortie de crise

Publié le 1 juillet 2014 , 2:20
Mis à jour le: 1 juillet 2014 2:21 am
COLLOQUE CNRJ  ET THINK TANK VIVRE ENSEMBLE AU SENAT LE 25 JUIN 2014
PARTIE 1 Tentative de compréhension des facteurs récents de la violence politique
Les organisations CNRJ et le Vivre Ensemble ont tenu à apporter ce jour un éclairage sur la situation qui prévaut en Centrafrique où si des mesures adaptées et fortes ne venaient pas être au rendez vous de l’histoire, on court le risque de la disparition de ce beau pays en tant que Nation et Etat. Massacres, tueries en tout genre, déplacement et exode en masse des populations, destructions des églises et des mosquées et des édifices publics, pillages systématique deviennent le quotidiens des centrafricaines et ceci se banalise au fur et à mesure que le temps passe. La Centrafrique est dans une situation alarmante.La recherche de la paix permet de faire de ce conflit l’occasion de renforcer la solidarité nationale et à promouvoir le dialogue sociale et la réconciliation nationale
C’est dans cette perspective que la CNRJ et le Vivre Ensemble s’associent pour organiser ce colloque.
Mon intervention se limitera à tenter de partager avec vous certains éléments qui pourraient avoir compté énormément dans l’évolution vers le chaos qui secoue ce pays aujourd’hui.
Rappelons nous de ce que André GIDE disait en conclusion de son voyage en 1927 et 1928 je crois « que ce pays ne fait pas l’attention attendue par son importance stratégique de la part déjà de la France pays colonisateur et de la communauté internationale en ces jours sombres
L’AEF est le nom donné au gouvernement général créé en 1910 regroupant en fédération les quatre territoires français de l’Afrique équatoriale : le Gabon, le Moyen-Congo (aujourd’hui Congo-Brazzaville), l’Oubangui-Chari (aujourd’hui Centrafrique) et le Tchad. Ces pays ont été par ailleurs ” vendus ” pour leur exploitation à de grandes compagnies qui se livrèrent à un véritable pillage des ressources naturelles sur lesquelles elles avaient un monopole. Gide dénonce les exactions de certains de leurs agents. La mission ” civilisatrice ” de la France fut longtemps réduite à l’implantation de postes administratifs, au tracé de quelques routes et à la propagation du christianisme. La colonisation fut vécue comme un véritable traumatisme par les habitants qui, outre le travail forcé et le portage au service des colons, eurent à subir des déplacements de population, la réquisition des hommes pour la construction du chemin de fer Congo-Océan, l’impôt et des enrôlements ” volontaires ” lors des deux guerres mondiales Il décrit avec un luxe de détails le nom des tribus, leurs coutumes vestimentaires ou culturelles (plateaux labiaux), leurs conditions de vie, les noms des plantes, arbres, insectes, animaux qu’il rencontre. Par ailleurs, il évoque minutieusement un certain nombre de situations iniques dues à la colonisation en s’appuyant sur des exemples précis, chiffrés et dont il a pu recueillir un témoignage le plus direct et le plus fiable possible, en particulier pour ce qui concerne la Compagnie Forestière Sangha-Oubangui qui exploite le latex en AEF.
A de nombreuses reprises, il fait référence à d’autres récits de voyages antérieurs au sien ou à des rapports administratifs et semble vouloir vérifier par lui-même tout ce qui a été dit ou écrit sur la région et le retransmettre avec une précision documentaire dans son intégralité. Gide prend très à cœur la mission officielle qui lui a été confiée et les témoignages qu’il recueille, parfois extrêmement cruels et inhumains, ne le laissent pas indifférent. Il nous raconte par exemple l’histoire de dix récolteurs de caoutchouc qui n’avaient pas apportés leur part un mois mais apportèrent une double récolte le mois suivant. Ils furent condamnés à tourner autour de l’usine sous un soleil de plomb en portant des poutres de bois très lourdes. L’un d’eux tomba mort au bout de quelques heures dans  L’indifférence au bout de quelques heures, dans l’indifférence cynique des agents de la Forestière. Les autres continuèrent de tourner toute la journée :
Il  faut lui reconnaitre cependant de montrer pleinement ce qu’était la colonisation française et dans quel état d’esprit elle avait été mise en place et organisée.
Gide fais ainsi allusion à des instituteurs qui ne parlaient pas correctement le français ou à d’autres qui renseignaient aux jeunes africains « Nos ancêtres les Gaulois… ». Les autres blancs présents étaient des employés de compagnies ayant un droit d’exploitation sur toutes leurs ressources naturelles, y compris sur eux-mêmes en tant qu’individus corvéables à merci. Personne n’a jamais songé à l’époque à leur demander leur avis sur la manière dont leur pays était régi et le but d’André Gide, avec les meilleures intentions du monde, n’était pas de remettre en cause le colonialisme lui-même mais simplement d’en supprimer les injustices flagrantes et inhumaines perpétrées vis-à-vis des Noirs.
Ce tableau permet déjà de comprendre la forme d’organisation politique sociale et économique qui va très vite engendrer des inégalités et une mauvaise répartition des richesses nationales par une exploitation sauvage et un travail forcé qui l’accompagnait.
Comment donc on en est arrivé à cette culture de la violence qui n’était pas une activité des populations autochtones et indigènes qui Oubangui vont devenir centrafricains
Nous pensons avec forte conviction aux conflits tchadiens au nord de notre pays
Combien de tchadiens sérieux ne mettaient en garde les centrafricains il ya une vingtaine d’années de ce qu’une contagion de ce fléaux allait atteindre leur pays.
L’arrivée au pouvoir du Général Président DEBY ITNO a fait basculer en territoire centrafricain l’armée de HISSEN HABRE  avec armes et bagages. Ces hommes vont vite se transformer en « coupeurs de route »  Ainsi va naitre le phénomène « Zarguina ».Ni le gouvernement centrafricain de l’époque ni la communauté internationale et encore moins les nouvelles Autorités tchadiennes ne se sont vraiment préoccupés d’y réfléchir et d’y apporter une solution globale et régionale. Les exactions et les rackettes vont s’installer et une nouvelle forme d’activités criminelle va s’amplifier du nord est au nord est du pays
A cela le braconnage à partir du Soudan voisin va s’intensifier. Le gouvernement PATASSE tentera de former des gardes forestiers et des unités de lutte anti braconnage. Cette initiative va bénéficier du soutien de certains partenaires au développement. On se rendra compte que les critères de recrutement vont constituer avec la masse des « Zarguina » le véritable vivier dans lequel toute contestation à caractère politico militaire va puiser ses ressources humaines ayant une expérience dans la manipulation des armes de guerre
La guerre du DARFOUR a eu des répercutions sur la Centrafrique .Beaucoup d’éléments armés ayant opérés au DARFOUR ont trouvé refuge dans le ventre mou de la Centrafrique pays n’ayant aucune politique intelligente de sécurisation de ses frontières
Recruter ne pose plus de problèmes majeurs à qui veut bien trouver des moyens de pressions fortes ou il faut le dire à une personnalité qui Voudrait s’emparer du pouvoir. Une nouvelle conquête du pouvoir s’installe inaugurer par le Général BOZIZE et ses libérateurs et ensuite suivie par la coalition SELEKA. Aussi ,voilà un pays où tous les anciens Présidents ou leurs enfants se mettent à la candidature présidentielle en étant de surcroit chef de partie politique dont souvent la crédibilité ne serait pas au rendez vous….Voilà un pays où la plus part des Généraux sont candidat et Chefs de parties politiques…Et que dire des ministre des mines qui ayant fait fortune grâce aux permis miniers rêvent eux aussi de candidature et de créer leur partie politique….Et on ajoute les autres. Le pays ne peut que respirer le complot et la déstabilisation avec cette innovation toute centrafricaine et insolite en soi
La mauvaise répartition des richesses du pays, et la convoitise que cela suscite
une immigration incontrôlée avec une frontière poreuse sur des milliers de kilomètres
une armée en déliquescence et sous équipée et souvent ridiculisée par Les Présidents  Chef d’Etat
une tribalisation et un clientélisme des plus sordides
la brutalité instituée au sommet de l’Etat comme méthode de travail ou de « dialogue »
le syndrome sécuritaire prenant le pas sur la volonté de développement
la répression et le pillage à grande échelle des régions par une poignée de « prédateurs » organisée autour du facteur familial
L’absence d’une véritable institutionnalisation du dialogue politique et sociale et le mépris affichée avec ostentation par « la famille »
Ces faisceaux ont fini par donné légitimité et à toute forme de lutte armée.
Que ces organisations politico militaires ont manqué d’encadrement politique et de discipline en devenant des entreprises criminels infiltrées par tous les bandits recherchés dans les pays comme le Tchad et dans la région du DARFOUR eh bien on comprend des lors l’échec  par exemple de la SELEKA une organisation que DJOTODIA  voulait transformer en partie politique et réussir la transition
Il a été dépassé lui et ceux qui voulaient la RUPTURE et une nouveau souffle en Centrafrique
Chacun porte une responsabilité collective et aussi personnelle
Qui a fait quoi ?

 

COLLOQUE CNRJ VIVRE ENSEMBLE AU SENAT 25 JUIN 2014
PROPOSITIONS DE SORTIE DE CRISE ET DE RELANCE DE LA REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
LE THINK TANK VIVRE ENSEMBLE
S.E. GAZAM BETTY Christophe
Ancien Ministre d’Etat
Ministre de la communication
De la promotion de la culture civique
Et de la réconciliation Nationale
PARTIE 2   Des pistes de solutions de base incontournables
Le THINK Tank VIVRE ENSEMBLE en CENTRAFRIQUE  s’appuie sur trois piliers, contenus dans Le Pacte Républicain initié avec le concours et l’appui de l’Institution de la San’t EGIDIO de Rome. Ce pacte fait suite à l’appel de Rome signé par un panel représentatif des forces vives de la Nations et des Institutions de la Transition. Le Pacte Républicain a été scrupuleusement été mentionné dans la Résolution 2027 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, comme la voie crédible pour mener une politique cohérente et intelligente de Réconciliation Nationale Nous devons inviter de manière pertinente les nouvelles Autorités de la Transition à s’inspirer de ce Pacte qui est un socle moral et éthique….
1- La consolidation de la paix
2- La réconciliation nationale
3- La reconstruction politique
La crise centrafricaine doit être considérée comme une œuvre de destruction humaine, responsable des morts et des déplacements massifs de populations. Il nous est donc important de définir les perspectives d’avenir et de la reconstruction nationale. Ce colloque fait suite aux actions déjà menées par CNRJ à BANGUI  ces dernières semaines en vue de la promotion de la valeur humaine universelle et bien entendu des valeurs nationales centrafricaine de paix et de dignité
Sur le premier pilier
Il n’y a pas d’autre alternative à la question  de remettre les Forces Armées Centrafricaines dans leur fonction régalienne en leur donnant les moyens de leurs missions et en les réconciliant avec la population et avec un travail essentiel de dépolitisation au niveau des officiers supérieurs surtout
Ce sera sur cette force que la MISCA et SANGARIS doivent s’appuyer pour éradiquer la chienlit qui s’est installée et autour des FACAS intégrer ceux qui non seulement en ont les capacités physiques et intellectuelles et qui sont dans les différents mouvements de rébellion et autres milices
La volonté politique doit être ferme quant à la sécurisation des engagements pris par les uns et les autres pour inspirer confiance à la communauté internationale dans son appui à la Centrafrique Pour cela il faut au gouvernement de la république un cadre juridique précis et implacable réglementant la lutte contre le terrorisme, le grand banditisme, et la criminalité nouvelle par une nouvelle redéfinition et une nouvelle formule de prévention et surtout de sanctions. Ceci est un impératif catégorique pour que l’Etat agisse en toute légalité et retrouve sa légitimité bafouée depuis de longues années
Le désarmement forcée et sans que cela soit un sujet de marchandage et de querelle de chapelle et de boutique. On n’a jamais connu une forme de désarmement dit « volontaire » et qui aurait fonctionné C’est une faute politique même de l’envisager. Ce désarmement concerne tout le monde et tout l’espace territorial national
Il faudra nécessairement revoir et adapter certains textes de base en ce qui concerne
– l’immigration clandestine et oisive et criminelle
– le code de la nationalité qui doit être quérable pour ceux qui veulent l’obtenir parce qu’ils auraient choisi de vivre en Centrafrique en ayant des obligations de respect pour les valeurs traditionnelles positives nationales et universelles que partage les centrafricains au travers de leur langue nationale ciment de l’unité du pays
La nouvelle Constitution du pays ne saurait s’arrêter à une affaire d’experts en la matière. Elle doit s’assurer du consensus maximum pour assurer une base de fonctionnement des Institutions acceptées et voulu par les Centrafricain d’abord et avant tout
Le second pilier
Il s’agit de réconcilier les centrafricains entre eux d’abord et avant tout et à partir de cette base les réconcilier au travers de ce qu’ils ont de plus cher et qui fondent leur identité nationale avec ceux qui ont choisi de vivre en Centrafrique sur la base de ses lois et règlements
Des principes politiques clairs doivent guider à la mise en place des structure en charge des questions de réconciliation nationale Il faut bien se garder en la matière de faire du « copie collé » Il ya une originalité centrafricaine et une crise spécifique centrafricaine avec ses causes qui sont les siennes
Les raisons de la dislocation de la cohésion sociale actuelle doivent être posées sans crainte et sans ambigüité
Le principe de VERITE doit être le premier des préoccupations. Les fautes commises doivent être identifiées et punies avant le pardon
Le troisième pilier
Il faut à l’élite centrafricaine repenser son rôle par une « Rupture » dans la conception et l’action politique. La reconstruction du pays ne peut se faire qu’à ce prix. Il faut faire appel aux cadres centrafricains pour concevoir un véritable « Plan Marshall »
Les élections crédibles incontestables et incontestées ne peuvent se faire que si le pays est en paix et que si la sécurité d’aller et venir est totale et garantie à tous en terme d’égalité de chance face au scrutin .Pour l’heure c’est de la tartufferie d’annoncer à coup de cor et de tambour des candidatures alors que l’on est même pas en mesure d’installer un Maire un Sous Préfet un Préfet une administration territoriale à 50km de BANGUI
Ceci étant les centrafricains par leur volonté politique de régler leur problème se  retourneront unis vers les partenaires au développement avec sérieux pour prétendre à l’aide internationale
Le gouvernement se doit de faire sans délai
L’inventaire des ministères qui représentent un fort taux du PIB  tel que le ministère des mines des eaux et forets et moderniser le traitement des finances publiques au travers d’une informatisation de tout le système des impôts douanes et trésor public pour une bonne gouvernance
Je vous remercie

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