RCA: L’HYPOTHÉTIQUE ÉTAT CENTRAFRICAIN PEUT-IL INSPIRER OU ÊTRE UN MODÈLE DE DÉMOCRATIE ?

Publié le 3 septembre 2016 , 4:12
Mis à jour le: 3 septembre 2016 4:12 am

Bangui le 3 septembre 2016. 9:00′.

Par: Bernard Selemby Doudou.

RCA: L’HYPOTHÉTIQUE ÉTAT CENTRAFRICAIN PEUT-IL INSPIRER OU ÊTRE UN MODÈLE DE DÉMOCRATIE ?

 

Selemby Doudou
Selemby Doudou

 

 

 

 

La Centrafrique a connu des moments difficiles et sombres de son histoire où notre identité a été ébranlée par des conflits inter armés.

Cette guerre fratricide a fragilisé le pays sur tous les plans et a nécessité l’intervention des forces internationales pour rétablir l’ordre constitutionnel et la paix. A la lecture de la situation actuelle, où le pays est morcelé et géré par des administrations parallèles,

une question d’ordre juridique nous interpelle : la Centrafrique est-elle toujours un Etat au sens du droit international ? L’Etat par définition est une personne morale de droit public titulaire de la souveraineté. Ainsi, on parle d’un Etat lorsque les trois éléments constitutifs sont réunis. Il s’agit d’abord d’un territoire délimité par des frontières terrestres, aériennes, maritimes et reconnues par le droit, ensuite une population unifiée et enfin une puissance publique ou un pouvoir qui s’exerce sur cette population. Ces trois conditions sont cumulatives et si l’une de ces conditions manque, l’Etat n’est pas légalement constitué au sens du droit international et du d

roit constitutionnel. Alors peut-on dire que la Centrafrique est-elle un Etat ? Le territoire est divisé et dirigé par des groupes armés, la population n’est pas unifiée et l’Etat n’exerce pas sa souveraineté sur l’ensemble du territoire national. Avec le manque de ses propres forces nationales de défense et de sécurité, et devant l’omniprésence des forces internationales, nous avons l’impression d’un pays sous tutelle ou sous protectorat. Nous émettons de sérieux doute sur l’effectivité de l’Etat centrafricain et demandons au President de la République et à son gouvernement de se conformer au droit international et de restaurer la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire national.

Pour rattraper le train de l’actualité et à l’instar des élections présidentielles au Gabon, peut-on affirmer que la Centrafrique peut inspirer ou être un modèle de démocratie ? L’organisation générale des élections en Centrafrique n’était pas si parfaite mais la particularité de ce processus électoral se résume dans la gestion post électorale, plus précisément le faire-play du candidat perdant. Était-il convaincu de sa défaite ? L’a t-il accepté pour épargner son pays d’une crise post électorale avec des conséquences désastreuses ? Par souci d’abréger la souffrance de ces concitoyens ? Dans tous les cas, le candidat perdant à été très apprécié et a été élevé à l’ordre de Chevallier du mérite démocratique. Inversement, le President de la République avait pris une bonne initiative de rendre visite au candidat perdant. Quelle est actuellement la nature de ses relations avec ce dernier ? C’était simplement un coup de communication ou de divertissement politique ? Lors de son investiture, le President élu se veut rassembleur et proclame qu’il est le President de tous les centrafricains. Est-il véritablement dans les faits le President de tous les centrafricains ? Et si oui pourquoi plusieurs autorités civiles et militaires qui ont servi la transition se retrouvent dans les couloirs et sans responsabilité ? S’agit-il d’une chasse aux sorcières ? Pour finir, la jeune démocratie centrafricaine semble être une réussite mais cela reste une démocratie tropicale avec beaucoup de coquilles. La démocratie à travers la définition donnée par l’ancien Président américain Abraham Lincoln suppose la forclusion de l’exclusion.

En conséquence, nous invitons le President de la République à composer avec toutes les compétences sans distinction de partis politiques, de région, d’ethnie et de religion pour que prospère la démocratie participative en Centrafrique car notre chère patrie ne peut pas rentrer dans l’histoire démocratique en reculant. Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c’est moi.

Paris le 02 septembre 2016.

Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections

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