RCA : justice pour les victimes des violences sexuelles liées aux conflits ?

Les personnes déplacées de Ndélé dans le camp situé proche de la base de la Minusca le 10 mars 2020. Photo CNC / CopyrightCNC.
Les personnes déplacées de Ndélé dans le camp situé proche de la base de la Minusca le 10 mars 2020. Photo CNC / CopyrightCNC.

 

Bangui, République centrafricaine, Samedi, 28 novembre 2020 ( Corbeaunews-Centrafrique). Le 17 novembre 2020, des experts de l’ONU ont organisé une grande conférence et ont rassemblé des juristes réputés sur le sujet des violences sexuelles liées aux conflits. L’ONU est mobilisée dans ce combat pour la dignité et l’intégrité humaine. Les autorités nationales compétentes ont pris des mesures engagées pour lutter contre ces violences.

Alors que les principaux groupes armés en Centrafrique usent de violences sexuelles, des experts de l’ONU et les différents praticiens du Droit se sont retrouvés pour échanger sur la façon de punir ces crimes. Ainsi, le 17 novembre dernier, une conférence en ligne était organisée sur le thème « La lutte contre l’impunité pour les violences sexuelles liées aux conflits en République Centrafricaine ». La visioconférence était animée par M. Renaud GALAND, chef adjoint de la section des questions judiciaires, du département des opérations de paix des Nations-Unies, accompagné de 6 praticiens de haut niveau ainsi que de Mme Denise BROWN (adjointe du secrétaire général pour la MINUSCA et coordinatrice résidente et humanitaire des Nations-Unies en RCA).

La réponse aux violations des droits de l’Homme en RCA est un sujet sur lequel les autorités ont mis de nombreux moyens et ont accompli des efforts considérables. En revanche, les panélistes, dont M. Yao AGBETSE, Expert indépendant des Nations-Unies sur la situation des droits de l’Homme en RCA, font remarquer que les violences sexuelles liées aux conflits restent bien souvent impunies et que la prise en charge des victimes est quasiment inexistante. « Quelle justice pour les victimes ? » s’interrogent les participants. Selon ces derniers, il n’est d’ailleurs pas rare de voir des femmes victimes de viols se faire humilier, violenter, et rejetées par leurs entourages. La sécurité et la prise en charge des victimes est donc une priorité pour les autorités, comme le souligne M. Toussaint MUNTAZINI, procureur spécial indépendant de la cour pénale spéciale de la Centrafrique : « Très tôt, nous nous sommes rendu compte que sans un lien de confiance […], il sera difficile pour les victimes de pouvoir travailler en toute sécurité et participer aux procédures de la cour pénale spéciale. »

Certains villages et lieux ont été plus touchés que d’autres par ces violences sexuelles liées aux conflits. Et la réponse juridique rencontre des difficultés à être apportée en toute sécurité dans ces zones. Cette situation est notamment illustrée par M. Benoît NARCISSE FOUKPIO « en pleine audience, les groupes armés ont fait irruption et ordonné de suspendre les activités. La MINUSCA a dû intervenir pour les retirer de la salle d’audience ». Les autorités nationales compétentes ont décidé, avec le soutien des partenaires internationaux tels que l’ONU, de continuer à « sensibiliser les victimes sur leurs droits […], sans honte, parce qu’ils ont honte de vous raconter ce qu’ils ont vécu.

Donc c’est à nous, la société civile, de leur venir en aide pour leur expliquer les mécanismes liés à la justice », explique Mme Anne-Marie GOUMBA.

En conclusion, Mme Denise BROWN et les panélistes félicitent les progrès accomplis en RCA au cours de ces dernières années. Mais, si le chemin parcouru est remarquable, la colline à gravir demain demande, elle, une prise de conscience et une solidarité de tout un peuple pour qu’enfin notre terre centrafricaine ne soit plus témoin de violences sexuelles liées aux conflits.

 

Lien vers la vidéo : https://youtu.be/EchKyElyLjc

Participants à la conférence en ligne :

– Renaud GALAND – Chef adjoint de la section des questions judiciaires, du département des opérations de paix des Nations-Unies.

– M. Patrick VINCK – Directeur de recherche pour la Harvard Humanitarian Initiative ;

– Mme Anne-Marie GOUMBA – Directrice de l’ONG « Les Flamboyants » ;

– M. Toussaint MUNTAZINI – Procureur spécial auprès de la cour spécial, Magistrat auprès des juridictions militaires en RDC, Premier avocat général auprès de la haute cour militaire ;

– Mme Rosine BELA EYEBE – Membre des experts des Nations-Unies sur l’état de droit et les violences sexuelles liées aux conflits, basée au sein de la section des affaires judiciaires et pénitentiaires de la MINUSCA ;

– M. Benoît NARCISSE FOUKPIO – Premier avocat général auprès de la cour d’appel de Bangui. Coordinateur du groupe de travail sur les violences sexuelles basées sur le genre du ministère de la justice centrafricain. Commissaire du gouvernement auprès du tribunal militaire de Bangui ;

– M. Yao AGBETSE – Expert indépendant des Nations-Unies sur la situation des droits de l’Homme en RCA. (Ancien avocat, chercheur et enseignant sur les droits de l’Homme) ;

– Mme Denise BROWN – Représentante spéciale adjointe du secrétaire général pour la MINUSCA et coordinatrice résidente et humanitaire des Nations-Unies en RCA.

 

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