RCA : « Il ne faut pas que notre  démocratie soit considéré comme l’œil  du cyclone », dixit Martin Ziguelé

Publié le 1 septembre 2021 , 7:27
Mis à jour le: 1 septembre 2021 7:27 pm

 

 

Bangui, République centrafricaine, jeudi, 2 septembre 2021, 02:13:04 ( Corbeaunews-Centrafrique ). Dans une interview accordée à la radio Lengo Songo, Martin Ziguelé, député de Bocaranga 3, et Président du parti MLPC revient sur la destitution par la cour constitutionnelle de Monsieur Abdou Karim Meckassoua comme député. Selon lui, « Comment on peut utiliser  une partie du rapport qu’on a totalement rejeté pour fonder une action pour juger  de la moralité? ». L’homme politique revient également sur son intervention devant le conseil économique et social. Une interview choc, mais riche en idée et en proposition.   

L'honorable de Bocaranga 3 Martin Ziguelé, Président du parti MLPC, investi candidat à la prochaine présidentielle de 2020. Photo de courtoisie.
L’honorable de Bocaranga 3 Martin Ziguelé, Président du parti MLPC, investi candidat à la prochaine présidentielle de 2020. Photo de courtoisie.

 

Ci-dessous l’intégralité de l’interview transcrite par la rédaction du CNC.

 

Radio Lengo-Songo ) RLS)  : honorable Martin Ziguelé bonjour

 

Martin Ziguelé ( MZ) : bonjour

 

RLS : ont rappelé à nos auditeurs que vous  êtes le président du parti mouvement de  libération du peuple centrafricain et  députés du Bocaranga 3. L’actualité oblige, le député de la  deuxième circonscription du 3e  arrondissement de Bangui, Monsieur  Abdou Karim  Meckassoua vient d’être destitué par la  cour constitutionnelle suite à une requête de son challenger Ibrahim Alhissene Algoni qui devient par conséquent  députés à sa place, quelle est votre  réaction suite à cette décision. Pensez-vous que la cour constitutionnelle a  vraiment dit le droit?

 

MZ : je vous remercie. Effectivement la décision de destitution  d’un député, quel qu’il soit, est déjà une  décision lourde de signification. Et la destitution d’un député de la carrure de Meckassoua, président  d’un parti politique, ancien ministre d’État, ancien président de l’assemblée  nationale ne peut que susciter des  interrogations. Je ne suis pas du tout juriste, dont je  ne veux pas me prononcer sur le plan du  droit. La cour constitutionnelle dit qu’elle a  raison d’avoir pris cette décision.  L’avocate de Meckassoua et lui-même contestent la  légalité de la décision. Donc c’est un problème  de droit  que je ne peux pas à mon niveau trancher parce que je ne suis pas juriste. Mais moi je suis un militant politique,  je pense que compte tenu de la  personnalité de la personne concernée, et  compte tenu du fait que pour destituer  Meckassoua il a été mis en avant un  passage de rapport du groupe d’experts  du conseil de sécurité des nations unies. Hors ce rapport a été totalement rejetée  par le gouvernement. Donc moi j’ai des  interrogations. Comment on peut utiliser  une partie du rapport qu’on a totalement rejeté pour fonder une action pour juger  de la moralité, parce qu’il s’agissait de  la moralité d’un candidat aux élections  législatives qui a été déclaré élu. Donc c’est des interrogations. Mais au-delà de tout  cela, ça crée un malaise dans la  démocratie centrafricaine. Nous venons de  mettre en place un comité préparatoire du dialogue. Après ce comité il y’aura un grand dialogue, et l’objectif c’est d’arriver à la paix.  Naturellement, le  dialogue n’exclut pas la  recherche de la vérité judiciaire. Ça  n’exclut pas que la justice fonctionne  mais lorsque nous voyons que la justice  est très très proche de la politique, et  les décisions judiciaires,  même si par ailleurs elles étaient  fondées, peuvent être considérées comme influencées par la mauvaise ambiance  politique que nous vivons actuellement. Et moi en tant que militant, en tant que  citoyen, ce que je veux pour mon pays  c’est la paix.

 

RLS : Depuis quelques jours, on  nous signale l’absence de Monsieur Meckassoua dans le pays paraît qu’il a pris  fuite,  et qu’il serait en France. Pensez  vous qu’il se reproche quelque chose ?

 

MZ : Oui j’ai appris la nouvelle comme vous sur  les réseaux sociaux. Il y’ a même le journal  jeune afrique qui vient de publier un  article en urgence que j’ai partagé mais  pas dans les réseaux sociaux. Vous savez  que la réaction d’un homme lorsqu’il se  sent en danger c’est de se protéger. Et c’est ce qu’on appelle l’instinct de survie,  ou chaque être humain  lorsqu’il se sent menacé dans sa vie, il se met à l’abri. Je pense que c’est ce qu’il a fait. Je n’ai pas de preuves,  je n’ai pas d’éléments,  je n’ai pas de  preuve pour savoir si effectivement il est  sorti du pays, ou il est dans le pays. Mais  ce qui se dit sur les réseaux, dans la presse internationale,  comme je  voulais dire, c’est qu’il est à l’extérieur du pays. Je suppose que c’est pour sa  propre sécurité qu’il a cru devoir faire cela si cela était avéré, et cela me  permet encore une fois de dire que c’est  triste. Il ne faut pas que notre  démocratie soit considéré comme l’oeil  du cyclone. Nous avons vraiment intérêt à  faire de sorte que des situations de ce type  là nous la reverons plus.

 

RLS : monsieur le  président, depuis quelques mois, le  gouvernement à travers le ministère de la défense nationale,  a  lancé une grande opération de reconquête  du territoire centrafricain entre les mains des groupes armés. Comment appréciez -vous cette opération? Pensez vous que  cela a un impact positif

 

MZ : je vous remercie,   mais vous savez ça fait deux ans, quand nous étions allés à Khartoum, parce que j’étais à Khartoum pour soutenir  discussions qui ont mené à l’accord de  paix de Khartoum. J’ai participé à  plusieurs opérations de communication  pour le soutenir l’accord de Khartoum.  je  suis membre même du comité exécutif de  suivi de l’accord. C’est pour ma volonté de faire la paix, et la  paix pour notre pays et pour nos   compatriotes qui n’ont que trop souffert. Mais il vous   souviendra que dès le mois de  février 2009, j’étais en déplacement dans ma circonscription à Bocaranga, et je suis  tombé dans une embuscade des 3r. Et ils vous souviendra également quand je suis revenu à Bangui, j’ai fait un point de presse pour dire que ce que j’ai vu sur le  terrain, les groupes armés ont un double langage. D’abord ses groupes armés sont dirigés majoritairement par des étrangers. Ce que j’ai constaté. Et puis deuxièmement, ces roupes armés n’étaient pas disposés  à faire la  paix.  Que leur participation au processus de paix n’était qu’un leurre. Ils trompaient tout le monde, et que nous risquons d’être surpris. Il fallait donc les  frapper, détruire leur capacité militaire afin de donner une chance à la  paix. Certains membres mêmes du gouvernement en  charge du secteur de la sécurité ont  considéré que j’étais un menteur, que je  faisais de la publicité pour moi-même. Que je n’ai jamais été attaqué. Ça a été  même écrit sur le site du ministère de  la sécurité que ce n’était pas vrai. Où est ce que nous en sommes aujourd’hui. Donc moi j’étais en avance par rapport  au discours officiel sur cette question. Donc pour moi on ne peut pas faire la  paix lorsque la personne qui est en face  à des armes. C’est clair! Le monopole de la violence appartient à l’état.  Donc la position du MLPC est sans ambiguïté. Le monopole de la vilence doit revenir à l’État. Personne, aucun individu, aucun groupe ne doit détenir des armes et le retourner  contre le peuple centrafricain. sur le territoire centrafricain.

 

RLS : et quelle est la situation actuelle de votre  circonscription qui est majoritairement  contrôlée par les éléments des 3R.

 

MZ : aujourd’hui ma circonscription est  complètement  bouclé. La population ne peut pas sortir  des  villages. À Bocaranga, aucune personne ne peut  sortir à cinq kilomètres de la ville  avec une moto ou un véhicule sous peine  d’être attaqués. La moto brûlée,  arrachées  ou le véhicule brûlé. C’est l’enfer! Les  gens vivent l’enfer, et vous savez très  bien que c’est dans l’Ouham-Pendé que  se trouve la principal base de 3R, est surtout dans le nord ouest de  l’Ouham-Pendé dont les populations vivent  un calvère. Et telle que les opérations militaires en cours,ça permet de libérer les villes comme Koui Ngaoundaye qui sont des grandes villes. Mais dans les villages autour,les groupes armés sévissent, et ils sont nombreux. Et nous  arrivons vers le début de la saison  sèche où la transhumance va commencer, donc ce sera vraiment la mort pour toute  la population.

 

RLS : récemment lors de la  deuxième session ordinaire du conseil  économique et social, vous avez édifié l’assemblée sur un thème ou plusieurs  participants ont apprécié, notamment  la RCA face aux enjeux géostratégiques  sécuritaire économique en temps de crise.  Quels ont été les grands points  saillants que vous avez touché? Si vous  pouvez nous les rappeler.

 

MZ :  oui, le  président du conseil économique et social monsieur Alfred POLOKO m’a invité pour la quatrième fois pour  intervenir sur une thématique à  caractère économique parce qu’il s’agit  de conseil économique et social. Ces  des conseillers et ils donnent des avis sur les  projets de textes, avis sur la situation  du pays et donc il fallait que je me  prête à cet exercice, mais cette fois ci  la thématique était, j’allais dire  « brûlante », puisqu’il s’agit de l’actualité.  C’est notre pays en temps de crise.  Face  à la situation, je retiens que nous  connaissons, notre pays la République centrafricaine face  aux enjeux géostratégiques et  économiques politiques sécurité en temps  de crise, ça veut dire en français simple  comment nous faisons nous en sortir dans  un monde constitué de blocs. C’est ça la  question, comment tirer notre épingle du  jeu, pour arriver à sécuriser notre pays  et à faire en sorte que l’état  centrafricain soit toujours debout dans  un monde où il n’ya pas d’amis. Où il n’y’a que des intérêts, et où il n’y’a que des  blocs qui s’affrontent. Ma démarche était  de dire que, il faut compter d’abord sur  ses propres forces.  Nous devons beaucoup  travailler pour mobiliser beaucoup de  ressources pour que le budget  centrafricain soi élevé. Parce que si notre budget et élevé, nous avons  l’argent. Avec cet argent, nous allons  construire ou reconstruire une  armée qui est capable de nous défendre.  Si nous avons suffisamment d’argent, nous  allons construire une économie où on peut  donner des crédits aux jeunes  entrepreneurs, aux femmes entrepreneures pour créer des entreprises, pour créer la  richesse nationale, pour que les centrafricains aient à manger, à vivre décemment, aller à  l’école, à s’instruire, à devenir de plus en  plus  instruits, à participer à la vie avec dignité dans ce   monde qui est un monde du  multilatéralisme, du chacun pour soi ou  le mot ami n’existe pas, seulement vos  intérêts qui existent. Pour exister, il  faut avoir les moyens financiers, des  moyens politiques et   économiques. Et ça peut s’obtenir  que par de pareil travail, ça peut s’obtenir   en amont que lorsque nous sommes  unis et  dans la paix.  C’est ça le sens du message  que j’ai délivré au conseil.

 

RLS :  et pensez  vous qu’il est évident pour la RCA de  pouvoir émerger, vu cette tension  économique et sécuritaire qui pèse sur  le pays

 

MZ : Ah oui! Je suis convaincu que nous allons nous relever, je  suis convaincu, j’ai confiance parce que nous sommes un  peuple. Et j’ai dit à un de vos confrères  lors de l’émission que, ce que je trouve  de positif, si j’ose dire ainsi, dans  la crise actuelle, c’est que on perçoit  une nette prise de conscience  patriotique de la jeunesse  centrafricaine. Ça c’est quelque chose  qui n’existait pas il y’a quelques années. Ça existait dans les  années 70, et ça a disparu, et sa  apparait parce que c’est la  jeunesse qui a renversé l’empire. Et c’est  à cette occasion que le MLPC est né. C’est-à-dire les jeunes centrafricains, patriotes,   ont décidé de mettre fin à l’empire. Ils l’ont payé de leur sang, c’est comme ça  qu’on célèbre les martyrs qu’on a donné le nom de l’avenue des martyrs en janvier  et avril  1979. Cette jeunesse patriotique, je la voit  renaître un peu ces deux ou trois  dernières années, c’est-à-dire jeunesse  qui a conscience de la situation de  son pays, qui a de plus conscience des  défis  auxquels son pays fait face et qui  cherchent comment faire pour relever ces  défis qui n’a pas de la bonne  réponse, mais qui a les bons prérequis pour affronter les défis et faire que la  RCA vive,  et donc on ne peut qu’être  optimiste lorsque les fils de ce pays, ceux qui vont nous remplacer demain, mais sont conscients qu’ils ont un pays à  défendre, des acquis à défendre, et  surtout un pays à développer et avec un  esprit d’indépendance ou des grandes  distances, c’est-à-dire  dans  une position de non aligné, mais de non alignée positive par rapport aux  deux blocs qui poursuivent des objectifs  qui ne sont pas les nôtres. Voilà comment je vois les choses

 

RLS : le programme  de politique générale du gouvernement a  été adopté récemment par les élus de la  nation à l’assemblée nationale. Croyez  vous en ce programme de politique  générale du gouvernement?

 

MZ :  un programme du gouverneur c’est une vision, c’est une  promesse, c’est un engagement. Et on ne peut pas dire à priori ne que un programme ne  peut pas être tenu on ne peut pas tenu. On ne peut pas dire à priori qu’un programme sera tenu. Mais il faut faire un pari avec l’avenir. Vous  m’avez demandé tout à  l’heure est-ce que j’étais optimiste. Mais  on ne  peut pas être optimiste et refuser de  voter un programme. On vote le programme, on met chacun devant ses responsabilités.  Comme je le dis souvent, dans un pays  qu’on soit au pouvoir ou qu’on soit dans  l’opposition, il ya deux choses  fondamentales  à mon avis, ça c’est la position du MLPC, ce que j’espère, il ya deux sujets  sur lequel il ne devrait pas y avoir de  bagarre entre les centrafricains :  le  premier c’est la sécurité de notre pays  et de notre patrie. Le deuxième sujet  c’est le bien-être de centrafricains, c’est-à-dire de l’économie de notre pays.Sur ces deux points là, il devrait pas y avoir  d’opposition ni de pouvoir, parce que  l’objectif qu’on recherche en politique  en créant un parti politique c’est  d’arriver au pouvoir, de le conserver, n’est ce pas ? Mais pourquoi pour que les centrafricains soient en séccurité, qu’ils vivent  bien ou qu’il vivent mieux.

 

RLS : l’honorable Martin Ziguelé, nous rappelons à nos auditeurs que vous êtes le député du  Bocaranga 3 est également président  du parti mouvement de libération du  peuple centrafricain. Radio Lengo Songo vous remercie.

 

MZ : je vous remerci…

 

Interview transcrite par la rédaction du CNC.

Aucun article à afficher