Bangui, République centrafricaine, dimanche, 10 janvier 2021, 12: 25:19” (Corbeau news-Centrafrique ). Organisées dans des conditions sécuritaires criantes dénoncées à plusieurs reprises par certains candidats, les élections présidentielles et législatives du 27 décembre 2020 ont mis à nue la capacité technique et intellectuelle des commissaires de l’Autorité Nationale des Élections qui, fesses sur les textes et coton-tige aux oreilles, refusent obstinément de conduire ces élections en accord avec le code électoral. Analyse.
Des commissaires récidivistes conventionnels
Après les premières bavures commises par ces commissaires de l’ANE en acceptant toutes les candidatures, sans aucune vérification formelle de certaines pièces, la présidente de la Cour constitutionnelle, Madame Darlan était contrainte d’adresser en son temps, au nom des autres juges, une lettre de rappel de procédure à leur attention. Cette lettre n’a pas été lu et non plus appliqué obligeant la Cour à faire le travail à leur place. Ce qui a permis de placer hors d’état de nuire plusieurs candidats aux dents jaunes.
Et ce n’est pas tout. Le double scrutin du 27 décembre 2020 et les compilations des résultats ont aplati complètement les niveaux de ces commissaires de l’ANE, obligeant 11 candidats à formuler autant des griefs aux fins d’annulation pure et simple de ces scrutins. Une véritable patate chaude jetée dans les mains des 9 juges de la Cour constitutionnelle qui doivent dire si ces scrutins ont été organisés d’après les exigences du code électoral.
Pour le centrafricain lambda, la violation du code électoral est remarquée à tous les niveaux du processus. Création des nouveaux bureaux de vote le jour du scrutin, vote massif par dérogation et aussi par procuration, bourrage des urnes, compilations des résultats des procès-verbaux fictifs, présence massive et remarquée des militaires en arme autour des bureaux de votes…
Délocalisation et annulation des bureaux de vote à volonté
Si le code électoral autorise les membres des bureaux de dépouillement à surseoir aux opérations de dépouillement pour raison de sécurité pour le jour suivant, ce même code reste par contre muet pour les opérations de vote.
D’après les exigences dudit code, en son article 56, l’ANE devait arrêter et publier le nombre et la localisation des bureaux de vote de chaque circonscription 60 jours (ancien article) 40 jours (nouvel article). Ce qui a été d’ailleurs fait. Mais force est de constater que le jour du scrutin du 27 décembre 2020, plusieurs bureaux de vote ont été délocalisés et centrés dans un seul centre ou deux ou seulement un seul bureau avec deux urnes dont une pour la présidentielle et l’autre pour les législatives ont été installés.
À Bambari, Bozoum, Paoua et dans plusieurs autres villes ou villages, c’est seulement 1 seul centre de vote avec 1 ou 2 bureaux de vote avec deux urnes a été installé et encerclé de prêt par les éléments et chars de guerre de la Minusca.
A Bégoua dans le 9ème arrondissement de Bangui, des centres de vote de la zone de PK16 sur la route de Boali ont été ramenés à l’école Bégoua au PK 12 entrainant des votes massifs des fraudeurs.
Dans l’Ouham-Péndé à Bimbi par exemple et même dans la Lobaye, des bureaux de vote ont été purement et simplement installés dans la forêt et placés sous la protection des jeunes d’autodéfense.
« Quels nom et prénom donnerons-nous à ces types de bureau ? » s’interroge un membre du démembrement de l’ÂNE de Bambari contacté par CNC.
« Des opérations de vote ont commencé chez nous à 12 heures pour finir à 13 heures ». Nous a rapporté un membre de l’ÂNE de Bozoum. « ..et nous devons aussi fermer un peu tard si nous ne devions pas tenir compte de la durée équivalente du retard exigé par le code électoral. Mais rien. Les éléments de la Minusca sont rentrés pour nous demander d’arrêter le vote », rajoute ce membre sous couvert de l’anonymat.
De ce fait, l’heure de clôture de vote n’a pas été décidé par les membres du bureau de vote, comme exige le code électoral. Et dans certains centre, des militaires en mission ont tous voté pour les deux scrutins, rendant ainsi le résultat des législatifs biaisé.
Mais d’où viennent les résultats comptabilisés ?
Des résultats fictifs
Si le code électoral exige, en son article 54 alinéa 4, aux membres des bureaux de vote et de dépouillement de produire chacun un spécimen de leurs signatures à l’ANE, c’est pour éviter des faux procès-verbaux. Mais les commissaires de l’ANE n’ont pas daigné demander et ceci a permis à la fabrication des vrais-faux procès-verbaux en faveur de plusieurs candidats dont le président sortant.
Des chiffres fantaisistes ont été attribués à certains candidats avant même que les procès-verbaux des résultats arrivent à Bangui. C’est le cas de la ville de Baoro, Obo pour ne citer que ces deux villes.
Pour un diplomate en poste à Bangui, la démocratie centrafricaine peut bien fonctionner si le pays n’institutionnalise pas un organe en charge d’organiser les élections mais plutôt de continuer avec le mode d’organe mixte comme il l’a fait dans les années 90.
Pour un observateur de la vie politique centrafricaine, la Cour constitutionnelle reste et restera toujours du côté du peuple et par conséquent, l’annulation des élections du 27 décembre sera la victoire du peuple.
Par Gisèle MOLOMA
Journaliste politique
Alain Nzilo
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