Bangui, 3 janvier 2022 (Corbeaunews – Centrafrique ) – Monsieur Abdoulaye IBRAHIM, un cadre du parti au pouvoir, le mouvement cœurs unis, annonce sa démission le 2 janvier 2022. Il explique ses raisons dans une lettre adressée au Secrétaire exécutif du parti dont une copie est parvenue à la Rédaction du CNC. Selon lui, sa démission du parti MCU « est le résultat d’une profonde désillusion produit de la trahison des valeurs républicaines et de l’élan d’espoir suscité lors de l’accession à la magistrature suprême du Pr Faustin Archange Touadéra le 30 mars 2016 ». Il incombe au pouvoir en place des graves dérives autoritaires, anti-démocratiques voire criminelles.
« J’ai été profondément choqué et bouleversé par les exécutions extra-judiciaires de civils et de militaires centrafricains commandités dans les plus hautes sphères de notre parti. J’en garde encore des séquelles psychologiques profondes qui me troublent jusqu’à aujourd’hui », assure-t-il.
Lisez l’intégralité de sa lettre de démission ci-dessous :
Objet : Lettre de démission
Monsieur le Secrétaire Exécutif,
Si je vous adresse cette lettre aujourd’hui c’est parce que je souhaite démissionner de toutes mes fonctions et de ma qualité d’adhérent du Mouvement des Cœurs Unis (MCU). Cette décision, j’aurais préféré n’avoir jamais à la prendre. Elle est le résultat d’une profonde désillusion produit de la trahison des valeurs républicaines et de l’élan d’espoir suscité lors de l’accession à la magistrature suprême du Pr Faustin Archange Touadéra le 30 mars 2016.
Je me suis spontanément mis au service, corps et âme, de l’idéal politique du Chef de l’État Faustin Archange Touadéra, un idéal comme vous le savez incarné initialement par le MCU. Mais dans mon engagement mûrement réfléchi et entièrement libre, je me suis toujours efforcé, dans mes fonctions et mon comportement, de mettre au-dessus de tout les exigences non seulement de légalité mais aussi et surtout de dignité humaine, de moralité et de loyauté.
Pour preuve, je n’ai pas hésité une seule seconde à mettre ma vie en danger, dans le climat d’insécurité totale qui caractérisait le PK5, afin d’y défendre le parti, d’y implanter ses organes de base et d’y propager son idéologie auprès d’un public foncièrement hostiles aux autorités de la République. Réussissant une entreprise très périlleuse là où tous avaient échoué avant moi. Tout cela je l’ai fait au nom de la fidélité aux idéaux du parti à mes risques et périls.
Mais dès lors que le régime en place et son bras politique, le MCU, ont commencé à basculer très franchement dans de graves dérives autoritaires, anti-démocratiques voire criminelles, ma conscience m’interdit de me faire complice du malheur du peuple centrafricain.
J’ai été profondément choqué et bouleversé par les exécutions extra-judiciaires de civils et de militaires centrafricains commandités dans les plus hautes sphères de notre parti. J’en garde encore des séquelles psychologiques profondes qui me troublent jusqu’à aujourd’hui. Les tortures, les kidnappings, les rapts perpétrés par la police politique du MCU, véritable Gestapo moderne dont le colonel Wananga est à la tête, sont devenus pour la majorité des adhérents du parti une source d’écceurement et de dégoût.
Les fraudes massives lors de l’élection présidentielle 2020-2021, dont ma présence auprès des responsable du parti au sein de l’Autorité Nationale des Élections (ANE) m’a permis d’être un témoin oculaire, ont fini de détruire en moi toute illusion quant à la voie dangereuse qu’avait volontairement choisi d’emprunter le MCU.
Et c’est parce que je ne peux me résoudre à me faire le complice de tant de crimes contre le peuple centrafricain que je prends, en accord avec ma conscience, mes responsabilités patriotiques.
Il est donc de mon devoir, Monsieur le Secrétaire Exécutif, de déposer ma démission du MCU, de dénoncer et révéler les dérives criminels nombreux dont j’ai gardé traces, de combattre cette vision politique que soutient le MCU et qui mène notre pays vers le chaos et enfin de mettre à la disposition de la justice nationale et internationale mon entière disponibilité.
Veuillez recevoir, Monsieur le Secrétaire Exécutif, l’expression de ma haute considération.
Fait à Paris, le 2 Janvier 2022
Abdoulaye IBRAHIM