Parti du Renouveau Panafricain (PRP)
en République Centrafricaine
COMMUNIQUÉ
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Depuis l’entrée en vigueur de la transition politique en RCA, force est de reconnaitre que le rythme de la vie centrafricaine ne s’accorde plus qu’avec le mode de l’in-décision permanente. Ajouté à cela une confusion des pouvoirs et prérogatives des institutions de cette transition, et l’on se retrouve structurellement avec un cocktail toxique pour la population centrafricaine.
Aujourd’hui, il nous faut avoir le courage de l’affirmer haut et fort : la Transition politique centrafricaine ne mènera à rien, que soit à court, moyen ou long terme. Non pas à cause de la qualité des hommes qui sont à la tête de cette Transition -même si la pertinence de la présence de certaines personnalités dans les instances de la Transition est sujet à caution-, mais d’abord et avant tout à cause des données intrinsèquement liées à l’appareil de Transition et aux conditions de lancement de cette même Transition.
A commencer par les institutions les plus en vue comme le Conseil National de Transition (CNT) que fustige notamment le Cercle de Réflexion des Intellectuels Centrafricains à travers la parole d’un de ses membres en la personne du Pr Marcel Diki-Kidiri qui remarque l’« anachronisme du CNT, institution désormais incapable non seulement de représenter le peuple centrafricain mais encore moins incapable de le protéger ». Le bicaméralisme à la tête de l’exécutif imposé par les accords Libreville et de N’djaména paralyse toute action politique. L’absence de budget pour l’Autorité Nationale des Elections ou encore le Haut Conseil de la Communication de la Transition décribilise leurs objectifs louables.
Aussi quelque soit la qualité des hommes à la tête de ces institutions et organes de transition, le jeu était couru d’avance. L’issue fatale était inévitable. Alors si en plus de cela la classe politique de transition y rajoute de l’incompétence, des errements, du manque de volonté, de lucidité ou de direction, nul besoin alors d’espérer en quoi que ce soit.
D’autant plus que les populations meurtries et abattues pâtissent de l’invisibilité de la présidence de Transition qui devrait être présente dans les grands centres de souffrance de la capitale comme de la province, c’est ce que la situation commande au-delà des risques sécuritaires. C’est un engagement qui ne devrait souffrir d’aucune contestation possible.
Il apparaît clair que le personnel politique n’est pas à la hauteur de la tâche qui lui incombe, à savoir en priorité ramener la paix dans le pays. Cette Transition ne dispose pas des moyens humains, politiques, techniques et financiers pour mener à bien cette mission qui lui est assignée. Le fait de voir les plus hautes instances de la Centrafrique passer leur temps à pratiquer la mendicité à tout bout de champs aux quatre coins de l’Afrique et du monde occidental dépasse l’inconfort. C’est tout juste insupportable voire inadmissible surtout aux vu des ressources naturelles dont regorge la RCA. Il faut que cette humiliation perpétuelle des Centrafricains par le biais de leur classe politique cesse.
Actons dès lors l’échec effectif de la Transition et fixons dès aujourd’hui, au maximum à octobre 2015, la date butoir de l’organisation des élections présidentielle et législatives, et ce quelque soit l’état d’insécurité globale.
Car en effet, une lecture patiente de la situation montre que la paix, la réconciliation et la concorde nationale ne peuvent en aucun être des préalables à l’organisation des scrutins. Si tel était le cas, jamais la RCA n’irait aux élections. La Transition n’a pas les moyens d’atteindre un tel objectif, en témoigne les propos de Mme Catherine Samba-Panza devant l’Organisation des Nations Unies (ONU) : « Je suis obligée de m’en remettre aux forces internationales ». Quand un chef de l’exécutif tient de tels propos c’est que la (sa ?) cause est perdue, que l’abdication, le renoncement et l’abandon sont rois.
Il faut donc aller aux élections pour qu’une nouvelle Administration puisse dérouler son programme, validé par le peuple, dont le but serait la paix, la réconciliation, la concorde nationale et la reprise économique. Ces éléments ne doivent plus être des conditions des élections mais les buts que celles-ci doivent atteindre.
Et que l’on ne nous dise pas que l’on pourrait organiser des élections alors qu’une partie du pays est en proie à l’insécurité. Ceux-là même qui utilisent cet argument fallacieux sont les mêmes qui hier faisaient pression sur le président ivoirien Laurent Gbagbo pour qu’il organise les élections malgré la présence de rebelles pro-Ouattara dans toute la moitié nord de la Côte d’Ivoire. Ce sont les mêmes qui ont refusé les résultats des urnes qui donnaient victorieux le champion du Front Patriotique Ivoirien (FPI) le président Koudou Laurent Gbagbo. Et qui dans le même temps ont tout fait pour donner un cachet de légitimité internationale à l’actuel président ivoirien Alassane Dramane Ouattara. C’est exactement le même schéma qui a été reproduit dans la Libye post-Gaddhafi où la « communauté internationale » a supervisé des élections dans le pays en ruine et en guerre civile alors même que des ambassadeurs occidentaux et orientaux se faisaient assassiner comme ce fut le cas du consul américain à Benghazi, Christopher Stevens, ou kidnapper comme l’ambassadeur jordanien en Libye Fawaz Al-Itan. Et les exemples peuvent être multipliés ad nauseam avec des pays comme l’Iraq, la Somalie, le Mali, l’Irlande du Nord, le Kosovo, le Liban, l’Ukraine, etc.
Donc que la France et ses alliées de la communauté internationale puissent invoquer cet argument spécieux est au mieux une farce au pire du cynisme.
N’importe quel président ou présidente qui serait même élu(e) par la voix de seulement 1000 Centrafricains représentatifs aurait plus de légitimité que tout membre de la Transition actuelle. Et pourtant la légitimité des membres de la Transition ne souffre d’aucune contestation au niveau de la communauté internationale. Ce qui signifie que même élu(e) sans la participation de tout le corps électoral, le ou la futur(e) président(e) aura infiniment plus de légitimité que quiconque aujourd’hui en RCA.
De plus, les zones dites d’instabilité, d’insécurité le sont par le fait de miliciens, de groupes armés dont les chefs quoiqu’ils disent souhaitent se présenter occuper des fonctions gouvernementales, parlementaires, judiciaires ou administratives de haut rang. Si par leur faute, il est impossible d’organiser les élections dans les zones dont ils revendiquent le contrôle, de facto, ils s’excluent de la possibilité de gagner les élections en privant les personnes sensées les soutenir par leurs votes. Et corrélativement, ils s’excluent pour le futur gouvernement, la future assemblée nationale, les futurs grands corps de l’Etat. S’ils souhaitent participer de tout cela, ils ont intérêt à tout mettre en œuvre pour que la sécurité revienne dans les zones sous leur contrôle.
En somme, la décision prioritaire qu’il nous faut prendre aujourd’hui consiste à fixer définitivement une date buttoir pour l’établissement des élections générales, avec la condition expresse que cette prévision n’aille pas au-delà d’octobre 2015.
Le Parti du Renouveau Panafricain appelle tous les acteurs de premier plan à cesser de tergiverser afin de s’engager fermement dans une voie courageuse de rupture avec cette praxis politique anti-centrafricaine actuelle, car en définitive c’est de vies humaines dont il est question. Sortons au plus vite de cette Transition imposée par des forces obscures avec la complicité des ignorants d’une grande partie de l’« élite » centrafricaine qui engagent la signature et la crédibilité de la Nation pour les années à venir sans jamais jouir d’aucune légitimité populaire.
Fait à Dakar le 29 Septembre 2015
Tahéruka Shabazz, Président du PRP