François Nelson Ndjadder: il faut mettre la Centrafrique sous mandat onusien pour 3 ans

Publié le 30 septembre 2014 , 4:41
Mis à jour le: 30 septembre 2014 4:41 pm

Cirbeau News Centrafrique

Interview de Monsieur François-Nelson Ndjadder, Président des FRD

Interview du Président des FRD François Nelson Djadder

Bonsoir Monsieur, François-Nelson Ndjadder Bonjour, 

François-Nelson Ndjadder (FNN) : Bonjour

Parlez-nous un peu de vous,  François-Nelson Ndjadder

(FNN) : Je m’appelle François Nelson Ndjadder, je suis le  président des forces révolutionnaires pour la démocratie (FRD), Mouvement politico-militaire en Centrafrique.

Quel est l’historique de votre Mouvement ? Et qui étaient les premiers membres?

FNN : Les FRD  ont été créées suite à ma démission de la Séléka par moi et certains officiers  qui m’ont suivi, parce que nous pressentions les dérives criminelles de Michel Djotodia qui rêvait de transformer la Centrafrique en un État islamique et qui ne pensait qu’a se venger des centrafricains, s’enrichir avec les siens… La reconstruction de la Centrafrique, même la cohésion nationale n’avait pas sa place. Donc, l’idée qui a soutenu la création des FRD  était de réunir tous les centrafricains de tout bord et  de les faire impliquer dans la nouvelle reconstruction de notre chère et beau pays, la Centrafrique.

Alors, selon ce qu’on apprend, vous aviez démissionné du groupe CPSK qui est la CONVENTION PATRIOTIQUE POUR LE SALUT DU KODRO en mars 2013 pour créer votre propre groupe, les Forces Révolutionnaires pour la Démocratie en Centrafrique(FRD). Pour quelle raison aviez-vous démissionné ?

FNN : Comme je vous l’ai dit, notre mission n’était pas de nous venger ni de tuer encore moins de massacrer nos frères et sœurs centrafricains mais de reconstruire le pays et amener la jeunesse centrafricaine à prendre ses responsabilités et en finir définitivement avec l’esprit de ségrégation et du favoritisme ethnique. En un mot ma vision pour la nouvelle Centrafrique  a été trahie donc je ne pouvais pas poursuivre mon combat aux côtés de ceux qui voulaient vendre mon pays aux étrangers.

Vous accusez souvent l’ancien Président François BOZIZE d’avoir plongé la République Centrafricaine  dans cette situation chaotique. Qu’est-ce qui justifie cette accusation ?

FNN : Ce n’est pas une accusation en l’air, c’est la vérité et c’est connu de tous, j’ai été le tout premier centrafricain à le dénoncer haut et fort. D’ailleurs je le réitère fermement. BOZIZE en prenant le pouvoir grâce à des mercenaires étrangers et avec ses parents et enfants ont plongé ce pays dans le chao y compris la Séléka de Michel Djotodia. Jean jacques DEMAFOUTH et autre, mais la liste est très longue et ils vont  répondre tôt ou tard.

Vous continuez d’accuser François Bozizé (Ancien Président) d’avoir assassiné votre père, le général François NDJADDER BEDAYA. C’est quand-même une grave accusation !

FNN : Je vous remercie pour cette question qui me permettra une fois de plus de faire le point sur la disparition tragique de mon père.  Mon père  le Général NDJADDER BEDAYA  François  a été  assassiné  lâchement  par François BOZIZE et Jean Jacques DEMAFOUTH. Tous deux étaient des commanditaires de cet assassinat mais la mission a été exécutée par l’actuel Directeur de la gendarmerie centrafricaine, DAMANGO Guy Bertrand et le commandant Anatole NGAYA. À cette époque, pour eux, mon père représentait un véritable obstacle ou un mur en béton  pour tous ceux qui voulaient prendre le pouvoir des mains de l’ancien président de la République Ange Félix PATASSE, élu démocratiquement. Alors, pour accomplir leurs missions sordides, il fallait, selon eux (ces lâches), éliminer physiquement le chef de la sécurité, qui était mon père. Mais comme vous le savez il n’ont pas pris le pouvoir pour autan. Ils ont oublié que le Général avait des enfants capables et que ceux-ci pouvaient un jour venger leur père, et frapper à tout moment les responsables de ce crime. Il faut savoir que les enfants NDJADDER n’ont pas encore fait leur deuil ni même pleurer leur père parce que le temps n’est pas encore arrivé et c’est bientôt.

Revenons sur la situation de votre Pays la Centrafrique. Comme vous le savez, ce pays est devenu en quelques années un des pays les plus insécurisé en Afrique. Que pensez-vous de ça étant Chef des FRD?

FNN : C’est vrai, mon pays est l’un des pays au monde le moins recommandé, avec la Syrie et l’Irak et d’autre. C’est encore le pays où il y a des morts tous les jours, des violations des droits humains et surtout une impunité insupportable. Il faut savoir et c’est ce que je dénonce sans arrêt depuis plusieurs mois, rien n’est véritablement entrepris par les autorités de la transition pour endiguer cette insécurité récurrente qui empêche le peuple centrafricain de vaquer à ses occupations quotidiennes. Aujourd’hui encore, des armes continues de rentrer sur le territoire centrafricain sans contrôle. Toutes ses armes en provenance de la Lybie qui transitent par le Tchad ou le Soudan sont encore l’une des causes de cette insécurité que vous dénoncez. Mais nous n’oublions pas le rôle de tous ses politiciens véreux qui n’ont de cesse d’alimenter à dessein l’instabilité dans ce pays.

A un moment donné, certaines personnalités centrafricaines prononçaient le mot ” division” du pays en deux. Quel était votre réaction ?

FNN : Si vous vous rappelez, c’est l’un des projets de Michel Djotodia  et c’est d’ailleurs, comme je vous le disais, l’une des raisons qui m’ont amené à quitter la Séléka et à créer avec mes amis les FRD.

Est-ce que certains rebelles centrafricains ont eu des liens avec des hommes politiques Camerounais, un soutien ou complices par exemple ?

FNN : C’est possible, nous savons que certains rebelles centrafricains ont transité par le Cameroun, il n’est pas impossible que des opposants camerounais aient eut envie de profiter de ces circonstances pour créer de l’instabilité dans leur pays. Les FRD n’ont pas de bases à l’extérieur de la RCA et pas de complicités étrangères.

Quel est votre point sur l’Opération Sangaris en Centrafrique ?

FNN : Ce que nous disons c’est que la France, pays ami de la Centrafrique n’a pas pris toute la mesure de la complexité de la crise centrafricaine. Si la France était intervenu pour sauver le peuple centrafricain d’un génocide, par solidarité avec son ancienne colonie, elle a réussi sa mission. Mais nous attendions mieux de la France.

Nous avons vu récemment un responsable Séléka en France agressé. Alors, vous n’avez pas peur de représailles avec toutes ces accusations même étant en France ? Et si quelque chose vous arrivait ?

FNN : Je suis serein et j’attends fermement la première personne qui oserait s’en prendre à mon intégrité, parce que je n’hésiterai pas à frapper très dur pour que mes détracteurs ressentent la douleur au risque d’y laisser leur vie, donc je suis serein. Par rapport au droit, mon combat est loyal et je l’ai dit plusieurs fois aux autorités françaises. Je respecte le pays qui m’accueille.

12: Un mot sur la Présidente Catherine Samba-Panza ?

FNN : Pour commencer elle n’a jamais gagné les élections loyalement elle a juste été nommée. Au début  je croyais en elle, mais elle a commencé à répéter les mêmes erreurs de ces prédécesseurs en favorisant l’idée ethnique et remplir ces comptes bancaires à l’étranger, en un mot s’enrichir. Avec l’affaire des millions de dollars de l’Angola disparus, cette Dame n’inspire pas confiance. Pour moi, si cette information est confirmée, je crois qu’elle doit rembourser cet argent qui appartient au peuple centrafricain.

13: Vous dites que l’ancien président de transition Michel Djotodia  avait donné des diamants au président sénégalais actuel Macky Sall en échange de plusieurs faveurs. Mais c’est quoi cette histoire qu’on ne connait pas là ? 

FNN : Vous faites allusion aux allégations d’une certaine presse. S’il y a du vrai concernant ce dossier, je  laisse le soin à la justice de se prononcer, encore faut il qu’elle soit saisie. Je n’ai pas d’autres informations que celle véhiculée par les médias. Pour ma part, l’Etat centrafricain devra poursuivre toutes celles et tous ceux qui auront trempé dans des malversations. Bozizé, Djotodia et même Catherine Samba Panza avec l’affaire de l’aide financière angolaise.

Le gouvernement français vous propose-t-il un soutien diplomatique ou matériel? Quelles rencontres avez-vous eues ?

FNN : Je suis en très bonne relation avec les autorités françaises  par rapport aux liens qui unissent la Centrafrique et la France. Je ne demande rien de particulier à la France pour moi et mon mouvement.

Pour vous, quelle est la solution pour faire sortir la Centrafrique de la crise ?

FNN : Les choix stratégiques des autorités centrafricaines ne sont pas les plus judicieux en conséquence nous proposons la destitution de madame SAMBA PANZA de son premier ministre et du CNT et leur remplacement par des compatriotes intègres et courageux, qui auront à cœur de sauver la République Centrafricaine.

Et si c’était vous le président, aujourd’hui qu’allez-vous faire?

FNN : Les crises récurrentes que vit ce pays sont le fait d’une poignée d’hommes et de femmes véreux attachés à leurs intérêts personnels et qui se retrouvent d’année en année aux commandes du pouvoir. Lorsque le peuple se sera débarrassé de ses bandits en les mettant aux arrêts, nous verrons plus clair. Mais d’ores et déjà:

– La CPI doit engager des poursuites à l’encontre des responsables politiques depuis 2003, des responsables et exécutants des Séléka et des Anti Balaka, désarmer leurs troupes et les renvoyer dans leurs foyers respectifs,

– Mettre sous mandat onusien pour trois années: l’administration du territoire, l’armée, la police et la gendarmerie, la justice et les finances. Le financement de ce mandant étant susceptible d’être couvert par les ressources nationales sur vingt ans.

– Durant cette période, des élections au suffrage indirect seront organisées, même en 2015, suivies du choix d’une nouvelle constitution.

Nous ne pouvons plus faire l’économie d’une mise sous tutelle onusienne pour sauver le pays, c’est ma conviction.

Merci Monsieur François-Nelson Ndjadder (FNN) 

FNN : Merci à vous aussi.

Propos recueillis par : Nicole M’BOMET

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