COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU PARTI USD-COMODES
À L’ISSUE DU FORUM DE BANGUI LE 15 JANVIER 2015
Nous avons encore à l’esprit l’échec de Brazzaville. De l’argent a été distribué à des individus n’ayant aucune emprise réelle sur le conflit, et tout le monde est rentré content et puis l’accord de cessation des hostilités auquel les belligérants ont souscrit de respecter, n’a jamais été respecté à ce jour. Depuis 4 jours la ville des M’brès dans la Nana Gribizi est à sang et à feu.
Notre préoccupation essentielle, aujourd’hui, c’est d’aller aux élections car le retour à l’ordre constitutionnel n’est pas négociable. Même si nous savons que les élections ne feront pas faire disparaître pour autant ni les séléka, ni les anti-balaka, et pourtant ils sont tous dans le gouvernement ; mais une chose est fondamentale, la question d’auto-détermination de notre peuple car l’état de transition s’apparente à ce que nous qualifions de chosification d’un peuple.
Les préparatifs des élections doivent s’accélérer. Nous remercions la communauté internationale et la France de leur aide et il faut aussi que le gouvernement de transition donne plus de messages de confiance à l’endroit de ceux qui nous soutiennent que nous méritions de recevoir d’eux de l’aide.
Que d’aucuns ne confondent le forum de Bangui à un dialogue de réconciliation. Ce forum ne doit pas oblitérer le « Dialogue, justice, paix et réconciliation » qui se tiendra dès la mise en place du premier gouvernement élu. Ce dialogue à nos yeux aura une portée historique que la transition ne pourra conduire. Il faut un gouvernement légitime, et les élections sont la seule voie pour légitimer un gouvernement et lui confier tous pouvoirs et toutes autorités nécessaires d’agir au nom d’un peuple.
Le « dialogue justice, paix et réconciliation » ne passera pas sous la transition, il passera sous un gouvernement issu des élections démocratiques. Un gouvernement légitime qui aura compris les paradigmes sociaux et politiques de cette crise. Ce dialogue qui se veut de fixer la base de la création d’un nouvel Etat-politique
D’ailleurs, la RCA n’a pas existé, et elle n’a jamais existé. Il nous faut maintenant un nouvel Etat et c’est le dialogue de la réconciliation qui aura la charge de fixer la base de ce nouveau Etat élevé au stade de la république au sens du terme. Ce dialogue sera défini comme la rencontre de toutes les forces éclairées de notre pays pour lotir et bâtir la fondation de l’Etat. Et ça, nous ne pouvons pas confier une telle échéance d’importance nationale à un gouvernement transitoire sans assise légale au risque de confondre réconciliation et pardon et l’oubli de la justice sans laquelle la reconstruction de l’Etat ne sera pas possible.
Nous ne pouvons plus reconstruire notre Etat sur du sable, nous ne voulons plus marcher dans la boue, il faut une vraie fondation, un Etat de droit. Le droit est le ciment de l’association des peuples. La réconciliation ira plus loin pour chercher une vraie issue de sortie de crise sur la base d’une intégration politique et la clairvoyance. Le processus de réconciliation sera long, il ne se déclenchera pas tout seul, sans l’appui politique de l’Etat.
Ce forum ne doit pas non plus nous faire perdre le temps nécessaire à consacrer aux préparatifs des élections qui auront lieu dans six (6) mois.
Le forum de Bangui sera un défrichassage du champ social des problèmes, c’est-à-dire la mise à nue de notre ignorance et de notre égocentrisme dont la responsabilité incombe totalement aux gouvernements successifs qui se sont relevés à la tête de notre pays dont certains membres sont là et qui se sont déjà alignés pour le pouvoir, lequel pouvoir ils ont vachement échoué à sa gestion. Cette crise relève de la conséquence de leur gestion.
L’échec de gestion patrimoniale d’une société est collégial même si le Directeur général de l’entreprise porte le chapeau, il n’en demeure pas moins que la responsabilité des autres Directeurs de département est entachée, dans le cas d’espèce de notre pays ce sont les Premiers Ministres et les Ministres. Il est bien de noter qu’il s’agit pour eux d’un échec politique et personnel.
Ce forum, c’est un instant de prise de conscience et d’acceptation, éloigné de tout orgueil, de toute rancune, de toute haine, de tout phantasme, de toute velléité, mais doté d’un courage sans équivoque, d’un esprit libre et dégagé, une volonté participative et créative, le rêve d’un renouveau et l’ouverture vers un pacte moral et social. Il s’agit par ce forum de faire émerger la face cachée de l’iceberg, de le dimensionner et prendre toutes les mesures de ses différentes facettes.
Le forum de Bangui consistera à établir la feuille de révélation des anomalies et des problèmes sociaux auxquels notre pays est confronté, un prélude au dialogue national. C’est-à-dire l’identification de l’ensemble des insatisfactions objectives et des faits physiques défavorisant. Etablir une check-list des conséquences de nos funestes politiques de gouvernement, un tableau synoptique, un audit.
Ce qu’il faut retenir par tout et prioriser à l’heure actuelle, l’arrêt des hostilités inutiles, l’effort des cœurs à faire passer les élections absolument. La paix y est et le sera par notre détermination et non par notre immobilisme légendaire qui frise le manque de courage et de défi.
Fait à Bangui le 20/12/14
Le président
Robert ENZA