RCA :Allocution censurée de François Bozizé à l’occasion de son audience avec le Président Touadera.

Publié le 22 janvier 2020 , 5:26
Mis à jour le: 22 janvier 2020 5:29 am
Image d'audience de Bozizé par Touadera au Palais de la Renaissance le 21 janvier 2020. CopyrightCNC.
Image d’audience de Bozizé par Touadera au Palais de la Renaissance le 21 janvier 2020. CopyrightCNC.

 

Bangui (République centrafricaine) – À l’issue de son audience avec le chef de l’État Faustin Archange TOUADERA ce mardi 21 janvier, le leader du KNK, l’ancien président François Bozizé aurait prévu d’officialiser sa rupture avec le pouvoir de Bangui à travers une longue allocution censurée par la présidence de la République.

Dans cette allocution dont CNC a eu copie, l’ex-chef de l’État se dit toujours disponible pour la paix et la réconciliation dans son pays, mais accuse formellement le pouvoir de Bangui d’avoir orchestré des attaques hostiles contre sa personne, sa famille, et son parti politique, le KNK (Kwa-Na-Kwa).

Ci-dessous, l’extrait de l’allocution de l’ouvrier en chef François Bozizé à l’occasion de l’audience avec le chef de l’État Faustin Archange TOUADERA.

 

 

ALLOCUTION

DU TRÈS GRAND OUVRIER PRESIDENT FONDATEUR
A L’OCCASION DE L’AUDIENCE
AVEC LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE L’ETAT

 

BANGUI, LE 21 JANVIER 2020

 

Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’État ,

Excellence Monsieur l’Ambassadeur, Représentant Spécial du Président de la Commission de l’Union Africaine et Chef de la MISAC,

Excellence Monsieur l’Ambassadeur, Représentant de la CEEAC en République Centrafricaine,

Messieurs les Représentants des garants de l’Accord du 6 février 2019 dit de Khartoum,

 

Il y a un peu plus d’un  mois, je suis rentré d un long exil de près de sept (7) années, entamé le 24 mars 2013 lors de l’entrée à Bangui de la coalition SELEKA menée par Michel DJOTODIA AM NON DROKO. Je venais alors d’exercer le pouvoir de l’Etat durant 10 ans et 9 jours. Cet exercice du pouvoir de l’Etat n’a pas été un long fleuve tranquille et s’il a dû m’arriver de commettre des erreurs, je tiens à ce que chacun sache que je n’ai jamais, à aucun moment, délibérément choisi de faire du mal au Peuple centrafricain, tel que certains se sont évertués à Je faire croire depuis la date de mon départ en exil

Je suis conscient que la politique peut parfois être un milieu sale où la vérité trouve difficilement sa place mais j’ai quelque peu de mal à appréhender les motivations de ceux qui en veulent jusqu’à ma vie lorsque l’on sait que pour beaucoup d’entre eux, j’ai travaillé avec ces derniers sans considération aucune en dehors de leurs compétences et de la faculté qu’ils avaient à faire avancer la République centrafricaine. Enfin, je le croyais. ..

Beaucoup aujourd’hui s’interrogent à mon sujet. Ils s’interrogent en premier lieu sur la manière dont je suis rentré au pays.

Ce retour est qualifié de clandestin pour certains, quand pour d’autres il s’est opéré en catimini. D’aucuns vont jusqu’à te qualifier d’illégal car il serait en violation des sanctions à moi infligées par les Nations Unies

En définitive, sachez avant toute autre chose que je suis rentré par la seule voie que le Gouvernement de mon pays m’a laissée.

Ce Gouvernement, qui a la mission de faire appliquer la Constitution de notre pays, a allègrement violé les dispositions de l’article 5 alinéa 3 de notre Loi fondamentale qui stipule que « nul ne peut être contraint à l’exil », lors de la pnse de la fameuse circulaire n°762 du 17 novembre 2018 du Ministre des Transports faisant interdiction « à toutes les compagnies aériennes desservant le territoire de la République Centrafricaine d’embarquer le passager François BOZIZE YANGOUVONDA », Par cet acte inique et anticonstitutionnel, les autorités de mon pays ont décrété à mon endroit un bannissement de fait, en violation des engagements internationaux du Centrafrique, mais aussi et surtout en violation des mes droits fondamentaux garantis par la Constitution du 30 mars 2016.

C’est donc le lieu pour moi ici d’adresser une protestation officielle contre ce traitement antipatriotique dont je fais l’objet et qui se poursuit malheureusement à ce jour car étant revenu chez moi, j’ai Iimpression d’être considéré comme persona non grata dans mon propre pays.

Quant à la question de la légalitė de ce retour au regard des sanctions onusiennes, le panel des experts du Comité de Sanctions des Nations Unies déclare dans I’Annexe 2.4 de leur rapport à mi-parcours de l’année 2018 (Réf SI2018/729) que « les Résolutions du Conseil de Sécuité n’empêchent donc pas lindividu François BOZIZE de rentrer en République Centrafricaine », ceci en application du passage inclus dans le dispositif des sanctions, notamment l’interdiction de voyager, et qui stipule que « rien dans les dispositions du présent paragraphe ne fait obligation à un Etat membre de refuser l’accès à son territoire à ses propres nationaux ». C’est dire que les Nations Unies ne sont pas celles qui m’ont contraint à l’exil.

En second lieu, les centrafricains s’interrogent quant à mes intentions depuis mon retour, notamment au vu de la campagne de dénigrement et de désinformation à grand échelle entreprise par le pouvoir en place

J’ai d’abord été l’objet d’injures répétées sur la place publique, notamment par le biais d’un des plus proches collaborateurs du Président de la République, en l’occurrence son Ministre-Conseiller Spécial en matière d Organisations Que cela sort à la radio ou sur ses réseaux sociaux, ce dernier est allé d’injures en menaces contre ma personne, ma famille et mon parti sans qu’il ne soit rappelé à l’ordre ou que les autorités ne se soient désolidarisées de lui par quelque manière que ce soit

Pour ma part, je pense pas mériter un tel traitement de la part de ceux avec lesquels nous avons gouverné et tenu en main la destinée de ce pays et avec lesquels nous n’avons eu aucun différent pouvant justifier de leur part une telle attitude

A cela s’ajoute le fait qu’aujourd’hui. et depuis près de deux (2) semaines, le Gouvernement s’attèle à créer la psychose au sein de la population en entretenant la rumeur d’un coup d’Etat imminent dont mon entourage et moi-même serions les instigateurs Ces accusations, proférées par les responsables du Mouvement Centrafrique Debout, d’ancien militants -radiés de mon parti, sont tellement graves qu’il relève de la responsabilité du pouvoirs publics, notamment le Chef de l’Etat, de veiller à y mettre un terme, ou de faire produire les preuves de ces allégations.

En attendant, je tiens À vous informer que cela ne saura rester sans réaction et que des suites adéquates seront réservées à cette propagande nauséabonde et susceptible de provoquer l’embrasement du pays par la faute la faute de pyromanes et d’apprentis sorciers au service  du régime dans ‘exécution de leurs basses besognes.

De mon côté, et ce depuis mon départ de la tête du pays, je n’ai jamais rien fait d’autre que d’oeuvrer pour que nos compatriotes retrouvent la Paix véritable et se réconcilient entre eux. C’est notamment dans cette optique que je me suis rendu à Nairobi m’asseoir à la table des discussions avec ceux qui m’ont évincé du pouvoir.

C’est également dans cet esprit que je me suis rendu disponible pour le processus de la Feuille de route de l’Union Africaine qui verra finalement le Gouvernement de mon pays décider de m’écarter des discussions de Khartoum et de la signature à Bangui.

La volonté constante de me tenir à l’écart du processus de Paix en Centrafrique est une chose absurde et que mon parti a toujours dénoncé. Hélas, nous ne constatons à ce jour aucun changement alors que nous avons, a de multiples reprises, donné des signes et des gages de bonne foi, notamment à la signature de l’Accord dit de Khartoum lorsque nous avions adressé au président de la République, Chef de ‘Etat, une lettre de félicitations malgré notre exclusion du processus.

A travers cette lettre nous avions également fait part de notre volonté de retour au pays et réitéré la demande de délivrance d’un passeport diplomatique, ce qui nous a été dénié tandis que Michel DJOTODIA AM NON DROKO s’en est vu délivrer un nouveau le 23 mai 2019

J’ai brandi à chacune de mes apparitions publiques un mouchoir blanc en signe de Paix et à l’occasion de ma sortie à Bégoua, j’ai solennellement demandé pardon pour les erreurs et les torts que jaurais pu commettre durant mon exercice du pouvoir. J’ai également appelé à cette occasion à prier pour le Président de la République et son Gouvernement car la tâche qui est la leur est immense et difficile. Je me suis abstenu de foute déclaration polémique et jai évitė de créer des tensions inutiles avec le Premier citoyen de la République Centrafricaine en ne me rendant pas à linvitation des Evêques de Centrafrique pour la messe de clôture de la Conférence Episcopale en la Cathédrale Notre Dame de l’Immaculée Conception. De même, je me suis encore abstenu de me rendre à la cérémonie officielle en Il’honneur de mon ami, feu l’Honorable Pierre-Marie Aimè FRANCK, Député des Mbrès et Président du Groupe Parlementaire KNK à l’Assemblée Nationale, afin de ne pas instaurer un climat de tension et d’incompréhension avec le Chef de l’Etat.

Au vu de tout cela, je me demande ce que je devrais faire de plus pour prouver ma bonne foi. Auriez-vous souhaitė que je demeure en exil vie? à Auriez-vous souhaité que je reste privé des miens ? Je pense que cela aurait été injuste et qu’étant dans mon plein droit, rentrer n’était pas un problème, d’autant plus que jai instruit ma formation politique d’en informer les autorités avant mon arivée et aussitôt après. Simplement, le message délivré par mes collaborateurs n’aura jamais été favorablement accueilli.

Ceci illustre parfaitement le mépris qui aura été réservé à la main tendue du Kwa Na Kwa au pouvoir que nous avons soutenu malgré toutes les brimades et persécutions durant plus de 3 années au sein de la majorité parlementaire.

Qui a provoqué la séparation ? Est-ce nous ? Est-ce le MCU ? L’histoire et le Peuple seront nos témoins.

Quoi qu’il en soit, je déclare aujourd’hui être rentré en Centrafrique car fatigué de ce long exil, et animé par l’esprit de pardon.

Je suis rentré sans amertume ni rancoeur aucune. Je me tiens à disposition afin d’œuvrer pour la Paix, la stabilité et la consolidation du processus démocratique par organisation d éfections générales libres, transparentes, apaisées et inclusives afin de laisser les centrafricains seuls décider de leur avenir.

Tel est l’état d’esprit qui m’anime aujourd’hui.

Je vous remercie

 

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