Nostalgie soviétique sur les bords de l’Oubangui

Publié le 24 janvier 2022 , 7:10
Mis à jour le: 24 janvier 2022 4:22 pm

 

Bangui, 25 janvier 2022 (Corbeaunews – Centrafrique ) – De nos jours, l’Oubangui pourrait être rebaptisé d’un nom russe que personne n’en serait choqué ! Il est temps d’ouvrir les yeux avant que la Centrafrique ne se rapproche trop de l’abîme. C’est à se demander si l’âme de ce pays va pouvoir survivre aux changements imposés qui mènent doucement le pays sur une voie de garage.

Statue à la mémoire des mercenaires russes tués sur le champ de bataille en Centrafrique
Statue à la mémoire des mercenaires russes tués sur le champ de bataille en Centrafrique. Bangui, le 30 novembre 2021. Photo CNC

 

Pour comprendre l’instant présent, il est nécessaire de regarder l’histoire non pas à travers le prisme de ce que l’on peut se laisser conter par ceux qui l’instrumentalise mais en s’appuyant sur des faits !

Lors de la deuxième moitié du XXème siècle, deux visions s’affrontaient : celle du camp occidental ouvert aux libertés et celle du bloc soviétique partisan d’un socialisme d’Etat centralisé contrôlant et asservissant son peuple et celui des pays dits satellites. « Pays satellites », doux euphémisme pour remplacer le terme de colonies soviétiques !

Que vit-on aujourd’hui dans le pays ? Pas moins que ce qu’ont vécu tous les pays qui ont connu l’occupation de Moscou ! Jugez plutôt !

Dans toutes les colonies soviétiques, à savoir tous les pays de l’ancien bloc de l’est (Hongrie, Tchécoslovaquie, Pologne, Roumanie, etc) la soviétisation des esprits s’est conduite à marche forcée dans tous les domaines, le but n’étant pas l’épanouissement du peuple mais son asservissement !

Pour arriver à ses fins, Moscou s’est appuyé sur l’encadrement et la formation des armées de ces pays afin de les employer à leur bon vouloir, sur les conseillers soviétiques qui murmuraient à l’oreille des gouvernants choisis par le Kremlin, sur l’éradication de toute opposition politique en usant de tous les stratagèmes possibles (simulacre de justice, procès truqués, élimination et disparitions pures et simples, etc), sur l’endoctrinement du peuple en muselant les médias (dictat de l’information via la presse écrite, émissions radios et télévisuelles véritable laboratoire de la manipulation de l’information), sur la glorification du chef et de son armée par l’édification de monuments à leur effigie ou par la mise en place d’affichages les montrant comme étant le petit père des peuples, sur l’apprentissage obligatoire de leur langue, et la liste est longue… Bref toute une stratégie visant à maintenir le peuple sous contrôle pour mieux l’exploiter ! Heureusement tous ces pays ayant connu ces heures sombres se sont tous sortis de cette impasse et connaissent aujourd’hui une destinée tout autre que celle dans laquelle ils avaient été enfermés si longtemps !

 

Toute ressemblance avec ce que vit la Centrafrique aujourd’hui ne relève pas de la simple coïncidence : formation des FACA à Bérengo et leur utilisation comme supplétifs en province, conseillers à la présidence, déni de justice orchestrée comme par exemple l’affaire Hassan Bouba, création de la radio Lengo Songo, achats d’articles de journaux dans la presse locale (quand ce ne sont pas des journaux entiers comme Ndjoni Sango), mise en place d’usine de trolls œuvrant sur les réseaux sociaux en instrumentalisant la sphère panafricaniste si prompte à recevoir 10000 FCFA pour répéter ce qu’on lui dit de dire. Nous pouvons citer également les manifestants contre la MINUSCA achetés pour encore moins chers ou la mise en place de monuments à la gloire des combattants russes, qui ne sont pourtant que des mercenaires se livrant à des actes barbares en province, glorification du pouvoir en affichant leurs têtes dans les rues de la capitale et enfin bientôt l’enseignement obligatoire du russe à l’université. Le résultat est le même : asservissement du pays pour mieux piller ses ressources naturelles au nez et à la barbe de sa population !

Ce parallèle entre histoire et réalité d’aujourd’hui ne se base que sur des faits, tous vérifiables.

Gageons que la Centrafrique ne se laisse pas berner par les sirènes de Moscou plus longtemps et se rende compte du chemin dangereux sur lequel les nouveaux amis qui lui veulent soi-disant du bien tentent de l’emmener !

Le loup change de poil mais non de naturel ! A méditer.

 

Par Alain Nzilo

Directeur de publications

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