Népotisme en haute cour : L’ascension de Nimery Ben Colbert, neveu de Abazène, dans la magistrature centrafricaine
Bangui, 11 janvier 2024 (CNC) – Dans l’ombre des institutions judiciaires de la République centrafricaine, se trame une histoire révélatrice, celle d’un Colbert, un neveu du ministre d’Etat de la Justice, Monsieur Arnaud Djoubaye Abazène. Cette histoire n’est pas seulement celle d’un jeune homme aspirant à une carrière dans la magistrature, mais aussi celle d’un système où les liens familiaux priment sur l’intérêt général, la compétence et la méritocratie. À travers le parcours de Nimery Ben Colbert, nous explorons les ramifications profondes du népotisme dans la justice centrafricaine, une pratique qui soulève des questions fondamentales sur l’intégrité, l’équité et l’efficacité du système judiciaire dans le pays.
Début du parcours éducatif de Nimery Ben Colbert :
Avant de se retrouver face au tumulte politique et sécuritaire à Bangui, le parcours de Nimery Ben Colbert a débuté de manière plus modeste à Bria. C’est dans cette ville qu’il a effectué ses études primaires et secondaires, posant les bases de son futur académique. Après avoir obtenu son baccalauréat, Nimery Ben Colbert, sous la houlette de son oncle Arnaud Djoubaye Abazène, a pris la direction du Cameroun pour étudier à l’Université de Ngaoundéré. Pendant trois ans, il a poursuivi ses études avec détermination, obtenant sa licence en droit public et prouvant ainsi son aptitude académique.
Poursuite des études au Sénégal et retour à Bangui :
Forts de cette réussite, Monsieur Arnaud Djoubaye Abazène a ensuite orienté son neveu Nimery Ben Colbert vers le Sénégal pour y entamer un master 1 à l’Université Amadou Ampatéba. Cependant, seulement trois mois après le début de cette nouvelle aventure, Colbert a dû interrompre brusquement ses études pour retourner à Bangui.
Retour à Bangui et Conflit avec Wagner :
Le parcours académique de Nimery Ben Colbert a pris une tournure inattendue lorsqu’il a été rappelé à Bangui par son oncle Abazène, juste après trois mois d’études au Sénégal. L’objectif ? Passer le test d’entrée à l’école de la magistrature. Malheureusement, ce retour coïncide avec un moment critique pour son oncle, Monsieur Abazène, qui se trouvait alors en conflit ouvert avec le groupe Wagner, suite à un rapport sur un massacre que le ministre avait attribué indirectement à ce groupe. Le conflit entre Monsieur Abazène et le groupe Wagner a plongé Nimery Ben Colbert dans une situation délicate. Suite à l’intensification des tensions, et face à des menaces croissantes contre sa famille, le ministre a pris la décision difficile d’envoyer ses proches, y compris Colbert, à l’étranger pour garantir leur sécurité. Cet exil temporaire a représenté un défi majeur pour Nimery Ben Colbert, qui se trouvait alors à un moment charnière de sa formation académique et professionnelle.
Loin de Bangui et des troubles qui y régnaient, Colbert a continué ses études durant quelques semaines au Sénégal, mais avec un œil constamment tourné vers sa patrie et les événements politiques s’y déroulant. Après quelques semaines, la situation s’est apaisée, permettant à Colbert de retourner en République centrafricaine. À son retour, il a été confronté à un nouveau défi : passer le test d’entrée à l’école de la magistrature, une étape cruciale pour sa carrière future dans la justice.
Ce retour marquait non seulement la fin de son exil, mais aussi le début d’une nouvelle phase de sa vie, où les ambitions de son oncle allaient jouer un rôle encore plus déterminant dans son parcours.
Réussite à l’école de la magistrature et serment :
De retour à Bangui, Colbert s’est retrouvé face à l’un des plus grands défis de son parcours : le test d’entrée à l’école de la magistrature. Avec le soutien de son oncle, le ministre Abazène, il a réussi ce test crucial, ouvrant ainsi la voie à sa formation en tant que futur magistrat. Cette réussite, bien que marquée par l’ombre du népotisme, a été un moment déterminant pour Colbert et son aspiration à une carrière dans la justice.
Au sein de l’école de la magistrature à Bangui, Colbert a suivi une formation, se préparant aux responsabilités et aux défis du rôle de magistrat. Finalement, le 23 septembre 2023, il a prêté serment, officialisant ainsi son entrée dans le monde de la justice centrafricaine. Ce moment symbolisait non seulement l’aboutissement des efforts de Colbert, mais aussi la manifestation des ambitions de son oncle pour sa famille et sa sphère d’influence.
L’ascension de Nimery Ben Colbert dans la magistrature soulève des questions essentielles sur l’équité et la transparence au sein du système judiciaire centrafricain, ainsi que sur l’impact du népotisme sur la qualité et l’intégrité de la justice.
Implications du népotisme sur la justice en République centrafricaine :
L’histoire de Nimery Ben Colbert et son ascension dans la magistrature, facilitée par son oncle Monsieur Abazène, soulève des préoccupations profondes sur le népotisme au sein du système judiciaire centrafricain. Cette pratique, loin d’être un cas isolé, pourrait être symptomatique d’un problème plus large affectant l’intégrité et la crédibilité de la justice dans le pays.
Le népotisme, en privilégiant les relations familiales sur la compétence et la méritocratie, peut compromettre la qualité de la justice rendue. Il crée un système où les nominations et les promotions ne sont pas nécessairement basées sur le mérite, mais sur la proximité avec des personnalités influentes. Cette dynamique risque de miner la confiance du public dans le système judiciaire et d’affaiblir l’état de droit.
L’ascension de Colbert pose ainsi des questions essentielles : jusqu’à quel point le système judiciaire centrafricain est-il influencé par des intérêts personnels et familiaux ? Quelles sont les conséquences pour la justice et l’impartialité des décisions rendues ? Et surtout, quelles mesures peuvent être prises pour garantir une justice équitable et transparente en République centrafricaine ?
Conclusion
L’histoire de Colbert, guidée par les mains influentes de son oncle, le ministre Abazène, est révélatrice des défis auxquels fait face la justice en République centrafricaine. Son parcours, marqué par le népotisme, nous interpelle sur la nécessité d’une réforme judiciaire profonde et transparente. Il met en lumière la manière dont les pratiques de favoritisme peuvent non seulement altérer la trajectoire des individus, mais aussi éroder la confiance du public dans un système censé être le pilier de l’équité et de l’impartialité.
La magistrature, en tant qu’institution garante de la justice, se doit d’incarner les principes d’intégrité, de compétence et de méritocratie. Pour que la République centrafricaine avance vers un avenir où la justice règne véritablement, il est impératif de s’attaquer au népotisme et de promouvoir des mécanismes assurant une sélection et une promotion basées sur le mérite réel.
En fin de compte, l’histoire de Colbert n’est pas seulement celle d’un jeune magistrat et de son oncle influent. C’est le miroir d’un système nécessitant une introspection et des changements significatifs, pour que la justice soit véritablement rendue de manière équitable et impartiale, reflétant ainsi les aspirations et les besoins de tous les citoyens centrafricains.
Par Alain Nzilo
Directeur de publications
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