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Martin Ziguélé: “personne n’a intérêt à la partition de la RCA”

Martin Ziguelé
Martin Ziguelé

Ancien premier ministre de la RCA (2001-2003) Martin Ziguélé, arrivé deuxième lors des présidentielles de 2011, est le président du Mouvement de Libération du peuple Centrafricain (MLPC), un mouvement dont la consonance n’a jamais été aussi d’actualité. Cet assureur de formation, qui compte des liens familiaux et culturels chez les chrétiens et les musulmans, pense que toute solution de la crise actuelle qui menace son pays  passe par l’application intégrale du mandat de l’ONU et le désarmement des milices, y compris par la force. Entretien.

 

 

La Centrafrique d’aujourd’hui. Y-a-t-il une solution politique à la fracture confessionnelle ?

Je l’ai toujours affirmé, la situation centrafricaine est le résultat d’une mal gouvernance ancienne, qui a pour résultat l’absence de sentiment national et d’esprit civique, pour aboutir finalement à cet effondrement de l’Etat, et à cette situation de chaos qui en sont la conséquence logique et prévisible. C’est un échec politique, dont les solutions seront d’abord politiques : la fracture confessionnelle si souvent invoquée est le résultat d’une instrumentalisation de frustrations et des différences par des forces négatives, fondamentalement réactionnaires pour ne pas dire fascisantes. Nous n’avons pas d’autre choix que de reconstruire le mieux vivre-ensemble qui a toujours caractérisé ce pays historiquement hospitalier, pour toutes ces filles et fils, ainsi que pour tous ceux qui ont fait le choix d’y vivre et d’y travailler. Accepter le statu quo c’est accepter que les forces négatives continuent de prendre en otage tout un pays et tout un peuple.

 

Les rivalités Seleka et anti-Balaka condamnent-ils le pays à la partition? Comment éviter un tel scénario?

Je pense que personne aujourd’hui, en Centrafrique ou ailleurs, n’a intérêt à la partition de la RCA. Ceux qui utilisent cette menace comme argument pour obtenir des gains politiques n’ont vraiment pas intérêt à persévérer dans cette voie. Avec les drames libyen, malien, nigérian et sud-soudanais, parler de la partition de la RCA est une voie sans issue et inacceptable, et surtout un précédent dangereux qui peut inspirer des pyromanes partout dans nos Etats structurellement fragiles. Nous devons l’éviter en recherchant des solutions politiques aux préoccupations de nos compatriotes, dans le cadre d’une République unie, laïque et indivisible. Notre défi est bien celui de la construction ou de la reconstruction d’une République, mettent au centre des valeurs citoyennes.

 

Vous connaissez tous les protagonistes de la crise centrafricaine. Selon vous qu’elles sont les principales mesures pour une sortie de crise durable?

J’ai préconisé un ensemble de solutions qui sont plus que d’actualité : l’application intégrale et sans ambiguïté du mandat onusien pour le désarmement au besoin par la force des milices ; le lancement du processus Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) aussi rapidement que possible et le consolider par un Programme de Réforme du Secteur de Sécurité, afin que les Forces de Sécurité Nationales (police, gendarmerie et Forces Armées Centrafricaines) deviennent rapidement opérationnelles ; le retour des réfugiés et des déplacés ; la poursuite des auteurs, co-auteurs et complices des crimes, préalable à toute démarche de réconciliation ; l’organisation des élections et enfin il est plus que nécessaire de compléter le mandat de la MINUSCA par un volet de « state building » pour faire face aux causes structurelles de l’effondrement de l’Etat centrafricain. A ce titre le dernier rapport de l’International Crisis Group sur la RCA intitulé « La crise centrafricaine: de la prédation à la stabilisation » est la lecture la plus pertinente de la situation de notre pays que j’ai jamais lue à ce jour.

 

Source: Financial Afrik du 25-06-2014

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