Texte par: DW français
Publié par: Corbeaunews Centrafrique
Le 31 mars, la ville de Gao dans le nord du Mali, tombait entre les mains de groupes rebelles entrés en rébellion contre l’Etat malien.
Ce 31 mars 2012, la ville de Gao, principale ville dans le nord du Mali, tombait entre les mains du MNLA, le Mouvement national de libération nationale de l’Azawad, puis du MUJAO, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest.
Plusieurs centaines de personnes ont été contraintes de fuir la ville pour échapper aux violences que faisaient subir les chefs terroristes aux populations civiles.
L’armée française a soutenu l’armée malienne dans la libération de Gao et d’autres villes du Mali
“On enlevait les femmes et les enfants”
“On a tout abandonné. On était obligé d’abandonner. Nous sommes partis sous les tirs”, raconte Mariam Diawara.
Le 5 avril 2012, Diouara Mariam Diawara n’avait pas d’autres choix que de quitter Gao qui avait été occupée cinq jours plutôt par les groupes armés. Elle se souvient de cette période sombre de l’histoire de sa ville natale.
” Quand la guerre a surgi, nous étions obligés de fuir Gao. On enlevait les femmes, on enlevait les enfants, on cassait les maisons, on prenait les biens des gens. On tuait les hommes, on tuait les civils et les militaires, les agents de l’Etat. Il n’y avait plus de pharmacies, de centres de santé. Nos parents et proches nous mettaient la pression pour qu’on quitte la ville parce qu’ils craignaient pour notre vie”, se souvient Mariam.
Mali : dix ans d’une crise sanglante
Depuis 2012, l’histoire du Mali est marquée par des coups d’Etat et une instabilité qui menace aussi les pays voisins. Retour en images.
Neuf ans de présence de militaires internationaux pour appuyer les FAMA (soldats de l’armée malienne) n’ont pas permis encore de venir à bout des groupes djihadistes dans le nord et le centre du Mali. Les morts de civils se comptent désormais par centaines, les défenseurs des droits humains dénoncent aussi des violences commises par des militaires. Retour en images : Mali, 2012-2022.
Mali : dix ans d’une crise sanglante
En 2012, le Nord-Mali vacille
En mars 2012, les rebelles touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) prennent le contrôle de villes du nord: Tessalit, Gao, Tombouctou. Des groupes djihadistes comme Ansar Dine et Aqmi s’implantent aussi dans le nord du Mali et s’allient ponctuellement aux Touaregs contre le pouvoir central. Début avril, le MNLA proclame unilatéralement l’indépendance de l’Azawad.
Une transition civile
Dioncounda Traoré, ancien président de l’Assemblée nationale, est investi président le 12 avril 2012. Le 17, l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra devient Premier ministre de transition. Fin avril, des soldats restés loyaux à l’ex-président ATT attaquent le camp militaire des putschistes à Kati. La junte fait échouer ce contre-coup d’Etat qui se solde par 22 morts et des dizaines de blessés.
“Crime de guerre” à Tombouctou
Fin juin 2012, les Touaregs du MNLA quittent Tombouctou. Les islamistes du Mujao prennent Gao. A Tombouctou, les islamistes d’Ansar Dine détruisent des mausolées classés au patrimoine mondial de l’Unesco. La procureure de la CPI estime qu’il s’agit d’un “crime de guerre” passible de poursuites. En novembre 2021, Ahmad Al Faqi Al Mahdi sera condamné. D’autres procès sont en cours devant la CPI
Intervention de la Cédéao et médiation
Fin 2012, la Cédéao et d’autres pays africains décident d’envoyer 3.300 militaires pour aider l’armée à chasser les islamistes du Nord. Ansar Dine instaure la charia à Kidal. Des représentants d’Ansar Dine et du MNLA rencontrent le médiateur Blaise Compaoré. Ils accepte “un dialogue politique” avec Bamako. L’UE prévoit une mission de formation de l’armée malienne à partir de janvier 2013.
Arrestation du Premier ministre
Dans la nuit du 10 au 11 décembre 2012, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra est arrêté par des militaires sur ordre du capitaine Sanogo. Le gouvernement démissionne. Diango Cissoko, médiateur de la République, est chargé de composer un nouveau gouvernement.
11 janvier 2013: la France intervient militairement
Le président malien demande à la France d’intervenir militairement. Paris lance l’opération “Serval” pour empêcher la progression des islamistes vers le sud. Fin janvier, les FAMA soutenues par l’armée française reprennent le contrôle de Gao puis Tombouctou. Début février, le président français François Hollande en visite au Mali, réaffirme que la France restera “le temps qu’il faudra”.
EUTM-Mali et Minusma
La formation des FAMA maliens commence en avril 2013, par des instructeurs militaires européens de l’EUTM-Mali. Le 15 avril, le Conseil de sécurité autorise une force de 12.600 Casques bleus chargés de stabiliser le Nord du Mali. LaMission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) doit être déployée au 1er juillet et comptera à terme 12.600 militaires et policiers.
Election d’Ibrahim Boubacar Keïta en décembre 2013
Selon les résultats officiels, Ibrahim Boubacar Keïta, candidat du RPM, est élu président du Mali avec 77,61% des voix. Son adversaire Soumaïla Cissé reconnaît sa défaite. IBK est investi début septembre dans ses fonctions et nomme Oumar Tatam Ly comme Premier ministre pour former un “gouvernement d’ouverture”.
Accord d’Alger sur fond de violences
Le 15 mai 2015, le gouvernement du Mali et des groupes armés signent à Bamako l’accord d’Alger. Mais dans le nord et le centre du Mali, les attaques continuent. Le 20 novembre 2015, 21 personnes sont tuées dans l’attaque de l’hôtel Radisson, à Bamako, revendiquée par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.
L’Onu dénonce des exactions
L’ONU dénonce en janvier 2016 des violations massives des droits de l’homme dans deux rapports publiés conjointement par la Minusma et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme. En visite à Bamako, la chancelière allemande Angela Merkel évoque en octobre le trafic de drogue et d’êtres humains ainsi que l’insécurité dans le nord du Mali.
2017: Sanctions de l’Onu
Le Conseil de sécurité adopte en septembre 2017 un régime de sanctions ciblées contre “ceux qui dressent des obstacles” à l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation dans ce pays. Des attentats et les combats continuent de faire de nombreuses victimes civiles et militaires
Réélection d’IBK en 2018
Vingt-quatre candidats participent au premier tour de la présidentielle, fin juillet 2018. Le 12 août, le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta est réélu avec plus de 67% des voix. Mais le taux de participation est de 34,5% seulement. L’insécurité est telle que l’Onu menace en juillet 2018 de retirer ses Casques bleus.
Massacre à Ogossagou
Le village peul d’Ogossagou est attaqué le 23 mars 2019. Au moins 160 personnes sont tuées, dont des femmes et des enfants. Des miliciens dogons sont accusés. Des litiges fonciers opposent les deux communautés. Les violences se sont multipliées depuis mars 2018 dans les régions de Mopti puis Ségou.
Démission de Boubèye Maïga
En avril 2019, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga jette l’éponge. Avec le président IBK, il est critiqué par un mouvement contestataire qui nait notamment sous l’impulsion de l’imam rigoriste Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil islamique.
La contestation enfle
En avril 2020, le déroulement des législatives est perturbé dans le centre et le nord du pays. Le scrutin avait pourtant été reporté à deux reprises, depuis fin 2018. Des manifestations contestent les résultats. Quand un olicier abat un jeune homme lors d’une interpellation près de Kayes, des émeutes éclatent. L’opposition appelle à la “désobéissance civile pacifique”.
Coup d’Etat du 18 août 2020
Le 18 août 2020, des militaires arrêtent le président Ibrahim Boubacar Keïta. IBK annonce sa démission ainsi que la dissolution de l’Assemblée nationale. La junte crée un Comité national pour le salut du peuple et annonce une “concertation nationale” pour une transition de 18 mois. Bah N’Daw est nommé président de la transition et le colonel Assimi Goïta devient son vice-président.
Le coup d’Etat dans le coup d’Etat
Le 24 mai 2021, Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane, sont arrêtés sur ordre du colonel Assimi Goïta. C’est le 2è putsch en moins d’un an parce que les putschistes de 2020 n’ont pas été reconduits à la Défense et la Sécurité au sein du nouveau cabinet. L’arrestation des dirigeants civils de la transition est dénoncée par l’Onu, la Cédéao, l’Union africaine, les Etats-unis et l’UE.
Le “problème ” russe
L’Union africaine suspend le Mali suite à ce nouveau coup d’Etat. Paris suspend sa coopération militaire avec le Mali et annonce la fin de l’opération Barkhane, déployée dans le pays depuis 2014 contre les groupes djihadistes avec près de 5.000 soldats. Cette décision est due aux tensions avec Bamako au sujet de la présence supposée de membres du groupe paramilitaire russe Wagner au Mali.
Décembre 2021: Barkhane quitte Tombouctou
La France entame son retrait militaire du Mali après neuf ans de lutte antijihadiste, elle se sent poussée dehors par la junte malienne. Les soldats français de l’opération Barkhane quittent Tombouctou, à la mi-décembre 2021. Auparavant, ils avient évacué leurs bases de Kidal et de Tessalit pour se replier sur Gao. Les Forces armées maliennes et la Minusma assurent la sécurité de ces villes.
La souffrance des civils
L’ONG Human Rights Watch dénonce à la mi-mars 2022 une “nouvelle vague d’exécutions de civils” ainsi que des pillages par l’armée malienne et les jihadistes dans le centre et le sud-ouest du Mali. Depuis 2012, les violences ont fait aussi plus de 320.000 personnes déplacées, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
La médiation fait chou blanc
Le 20 mars 2022, le médiateur ouest-africain pour le Mali, Goodluck Jonathan, repart de Bamako sans avoir pu s’entendre avec la junte malienne sur la durée de la transition ni la date des prochaines élections. La Cédéao et l’Uemoa ont pris des sanctions en janvier 2022 contre la junte qui n’a toujours pas publié le chronogramme de la restitution du pouvoir aux civils.