Maître Nicolas Tiangaye : “Le 4 avril, le peuple dira non au troisième mandat”

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
À l’approche de la marche citoyenne prévue le 4 avril 2025 à Bangui, Maître Nicolas Tiangaye, Président de CRPS, figure respectée du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), a pris la parole sur la radio Ndéké-Luka pour galvaniser les esprits. Dans un discours incisif, il a dénoncé la dérive autoritaire du président Faustin-Archange Touadéra, accusé d’avoir plongé la République centrafricaine dans un chaos sans précédent depuis son arrivée au pouvoir en 2016. Alors que le pays s’enfonce dans une crise sociale et économique grave, avec des pénuries d’eau potable et d’électricité, l’opposition appelle à une mobilisation massive pour rejeter un éventuel troisième mandat et exiger des conditions de vie dignes.
Une marche pour dire non à Touadéra
« Que des individus qui ne sont pas constitués en associations ou en partis politiques fassent des marches sur la voie publique, c’est un droit fondamental », a déclaré Maître Nicolas Tiangaye, répondant aux critiques du ministre de la Sécurité publique, qui n’a jamais interdit ces initiatives qu’il qualifie de « folkloriques ». Pour l’opposant, cette position est « inacceptable » et traduit une tentative du pouvoir de nier la légitimité d’un mouvement populaire spontané. Face aux accusations du ministre, qui impute la responsabilité de la marche du 4 avril à l’opposition démocratique, Tiangaye est catégorique : « C’est une marche pacifique. S’il y a des troubles, ça veut dire que le ministre a infiltré le mouvement avec des voyous pour perturber les choses. Il faut que les choses soient claires ».
En effet, depuis l’adoption controversée de la nouvelle Constitution le 30 juillet 2023, qui a ouvert la voie à un troisième mandat pour Touadéra en allongeant le mandat présidentiel à sept ans renouvelables indéfiniment, l’opposition n’a cessé de crier au « coup d’État constitutionnel ». Boycottant ce référendum, jugé illégitime, elle refuse aujourd’hui de participer aux élections prévues sous ce cadre illégal, exigeant une négociation directe avec le président. Mais, jusqu’à ce jour, Touadéra reste muet face à cette demande, laissant planer le doute sur ses intentions.
Une population à bout de souffle
À Bangui, la capitale, la situation est chaotique. Depuis des semaines, l’électricité se fait rare, plongeant la ville dans l’obscurité. L’eau potable, quant à elle, est devenue un luxe inaccessible pour beaucoup. « Ça fait trois semaines qu’il n’y a pas d’eau potable dans plusieurs quartiers », explique un habitant du quartier Galabadja. Cette crise, qui dure depuis des mois, amplifie la misère d’une population déjà soumise à un chômage endémique et à une insécurité persistante. « Touadéra est le seul président qui a plongé le pays dans un chaos total », accuse Firmin Passy, habitant de Malimaka de Bangui, pointant du doigt l’incapacité du régime à répondre aux besoins élémentaires des Centrafricains.
Devant cette détresse, l’opposition voit dans la marche du 4 avril une opportunité de canaliser la colère populaire. « C’est pour demander au peuple centrafricain de prendre son destin en main, de s’opposer à un troisième mandat de Touadéra parce qu’il n’a plus droit à un troisième mandat », insiste Nicolas Tiangaye. Mais les revendications vont au-delà : « C’est pour dire au peuple d’exiger qu’il y ait de l’électricité, de l’eau potable, des hôpitaux, des dispensaires et que les enfants aillent à l’école dans des conditions décentes ».
Des manifestations payante du pouvoir
Depuis deux mois, des marches pro-Touadéra se multiplient, tant à Bangui qu’en province. Selon des témoignages recueillis sur place, des jeunes désœuvrés sont payés 500 francs CFA pour y participer, une pratique que l’opposition dénonce comme une manipulation. « Ces manifestations sont achetées à coups de billets. C’est une tentative désespérée du pouvoir pour faire croire à un soutien populaire », fustige un cadre du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC). Pour Maître Nicolas Tiangaye, cette stratégie ne trompe personne : « Nous sommes des hommes responsables, des démocrates. Nous n’avons jamais utilisé la violence et nous n’utiliserons jamais la violence. Notre combat est pacifique ».
Et le régime ?
L’analyse de la situation du pays par l’opposition est sans appel. En près de neuf ans au pouvoir, Touadéra a consolidé son emprise grâce à des alliances controversées, notamment avec le groupe Wagner, tout en laissant le pays sombrer. La nouvelle Constitution de 2023, adoptée avec un score fabriqué de 95 % des voix lors d’un scrutin boycotté par l’opposition et marqué par une participation douteuse, est perçue comme une manœuvre pour s’éterniser au pouvoir. « Touadéra a trahi les espoirs nés du Forum de Bangui en 2015, qui avait porté la Constitution de 2016, fruit d’une consultation nationale inédite », déplore un observateur centrafricain.
Les pénuries actuelles ne font qu’aggraver un bilan déjà désastreux. L’absence d’infrastructures de base, la dépendance aux forces étrangères pour la sécurité et une économie exsangue placent la Centrafrique parmi les pays les plus pauvres au monde. « Dire non au troisième mandat, c’est aussi dire non à la souffrance et à la misère imposées par ce régime », martèle Nicolas Tiangaye, dont les propos résonnent comme un appel à la résistance.
Vers un bras de fer décisif ?
Alors que la date du 4 avril approche, la tension monte. L’opposition, unie derrière des figures comme Maître Tiangaye, Crépin Mboli-Goumba, Martin Ziguelé, Anicet Georges Dologuélé et autres, mise sur une forte mobilisation pour envoyer un message clair à Touadéra et à la communauté internationale. Mais le silence du président face à la demande de dialogue laisse craindre une escalade. « Les Centrafricains doivent sortir pour dire non, non seulement à un troisième mandat, mais à un système qui les étouffe », conclut Nicolas Tiangaye. Dans un pays où la démocratie vacille, cette marche pourrait marquer un tournant – ou révéler les limites d’une opposition face à un pouvoir inflexible….
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