Lim-Pendé : affrontements entre les soldats FACA à Mann pour le contrôle des barrières de racket

0
123

Lim-Pendé : affrontements entre les soldats FACA à Mann pour le contrôle des barrières de racket

 

Lim-Pendé : affrontements entre les soldats FACA à Mann pour le contrôle des barrières de racket

 

Rédigé le 20 octobre 2025 .

Par : la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique (CNC). 

Dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 octobre 2025, la ville de Mann, dans la préfecture de Lim-Pendé dont le chef-lieu est Paoua, a connu des affrontements violents entre soldats des Forces Armées Centrafricaines (FACA). Des éléments du 8e Bataillon d’Infanterie Territoriale (BIT-8) et leurs collègues du 9e Bataillon d’Infanterie Territoriale (BIT-9) se sont affrontés pour le contrôle des barrières de racket érigées dans la ville.

 

Selon nos sources sur place, les deux groupes de militaires se sont livrés à des échanges de tirs d’armes intensifs dans la ville. Ils ont tiré en l’air, terrorisant la population qui n’a pas pu dormir de la nuit à cause de cette fusillade.

 

 

L’objet de ce conflit entre militaires ? Le contrôle des barrières, ces checkpoints où les soldats rackettent la population de manière continue. À chaque passage, les passagers, qu’ils soient en moto, en vélo ou en véhicule, doivent payer. Cette pratique illégale de racket est devenue la principale source de revenus pour les militaires mal payés ou pas payés du tout par le gouvernement.

 

Mann se trouve sur un axe stratégique menant directement à la frontière avec le Cameroun et le Tchad, et plus précisément au marché de Mbaïmboum au Cameroun. Les habitants des différentes préfectures : Ouham, Ouham-Pendé, Lim-Pendé, Nana-Mambéré et autres vont massivement dans ce marché camerounais pour acheter des marchandises qu’ils revendent ensuite en Centrafrique. Le trafic est donc intense sur cette route.

 

Cette route rapporte des manes financières considérables aux militaires qui contrôlent les barrières. C’est de l’or pour les forces de l’ordre qui se partagent les recettes du racket. Et c’est précisément pour le contrôle de cette poule aux œufs d’or que les soldats du BIT-8 et du BIT-9 se sont affrontés cette nuit.

 

La situation est confuse sur le plan de la juridiction territoriale. Il faut préciser qu’il existe deux préfectures distinctes dans cette région : la préfecture de Lim-Pendé dont le chef-lieu est Paoua, et la préfecture de l’Ouham-Pendé dont le chef-lieu est Bozoum. Mann se trouve dans la préfecture de Lim-Pendé.

 

Normalement, le BIT-8 est basé à Paoua, le chef-lieu de Lim-Pendé. Le BIT-9, lui, devrait être basé dans l’Ouham-Pendé, mais parfois on le retrouve vers Bocaranga. Les limites de juridiction entre ces deux bataillons ne sont pas claires, ou ne sont pas respectées.

 

Dans le cas présent, des éléments du BIT-9 ont quitté leur zone pour venir dans la juridiction du BIT-8, à Mann. Cette intrusion a créé un conflit territorial entre les deux bataillons. Chacun revendique le contrôle des barrières lucratives de Mann. Et comme personne n’arbitre, comme il n’y a pas de hiérarchie militaire qui impose le respect des juridictions, les deux groupes règlent le conflit par les armes.

 

Cette situation montre plusieurs choses graves sur l’état des Forces Armées Centrafricaines sous le régime Touadéra.

 

Premièrement, les militaires sont devenus des racketteurs. Leur mission n’est plus de protéger la population, mais de la racketter. Les barrières qui devraient servir à sécuriser les routes sont devenues des points de taxation illégale où chaque passant doit payer pour avoir le droit de circuler.

 

Deuxièmement, les militaires se battent entre eux pour le contrôle des zones de racket les plus lucratives. Au lieu de combattre les groupes armés ou de protéger les civils, ils s’affrontent entre unités des FACA pour savoir qui va racketter la population de telle ou telle zone.

 

Troisièmement, il n’y a plus de hiérarchie militaire fonctionnelle. Si la hiérarchie fonctionnait, elle définirait clairement les zones de juridiction de chaque bataillon et ferait respecter ces limites. Mais manifestement, chaque bataillon fait ce qu’il veut, va où il veut, sans que personne ne le contrôle.

 

Quatrièmement, les militaires terrorisent la population en toute impunité. Tirer des armes en l’air toute la nuit dans une ville, empêchant les habitants de dormir, est un acte grave. Mais ces militaires savent qu’ils ne seront pas sanctionnés. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent à la population.

 

Cette affaire des barrières de racket est un problème national en Centrafrique. Sur tous les axes routiers du pays, les militaires des FACA, les gendarmes, les policiers, et parfois même les mercenaires russes de Wagner ont érigé des barrières où ils taxent illégalement les passants.

 

Ces barrières sont devenues une véritable industrie. Les militaires qui les contrôlent gagnent beaucoup plus d’argent avec le racket qu’avec leur salaire officiel, quand ils sont payés. Certaines barrières sur des axes très fréquentés peuvent rapporter plusieurs millions de francs CFA par mois.

 

Le gouvernement est parfaitement au courant de cette situation. Touadéra sait que ses soldats rackettent la population. Mais il ne fait rien pour l’arrêter. Peut-être parce qu’il considère que c’est une façon pour les militaires de se payer eux-mêmes quand l’État n’a pas d’argent pour les payer. Peut-être aussi parce qu’une partie de cet argent du racket remonte jusqu’aux généraux et aux ministres.

 

Le résultat est une armée complètement corrompue, indisciplinée, qui terrorise la population au lieu de la protéger. Et maintenant, en plus de terroriser les civils, les différentes unités de cette armée s’affrontent entre elles pour le contrôle des zones de racket.

 

La population de Mann a passé une nuit blanche à cause de cette fusillade entre soldats. Les habitants ont eu peur. Ils ne savaient pas ce qui se passait. Ils entendaient des tirs partout. Ils craignaient une attaque de groupes armés ou un coup d’État. Mais non, c’était juste leurs propres soldats qui se battaient pour savoir qui allait les racketter.

 

Rejoignez notre communauté

Chaine officielle du CNC

Invitation à suivre la chaine du CNC

CNC Groupe 3

CNC groupe 4

CNC groupe le Soleil

Note : les deux premiers groupes sont réservés  uniquement aux publications officielles du CNC