CENTRAFRIQUE : LES NON-DITS D’UNE CONSTITUTION DYNASTIQUE ET DISCRIMINATOIRE DU POUVOIR SOUS-TRAITÉ DE BANGUI
Bangui, 29 juillet 2023 (CNC) – Depuis la convocation du corps électoral par le président de la république en vue de se prononcer sur le projet de la nouvelle constitution, des inquiétudes, interrogations et débats contradictoires se multiplient au sein de la société centrafricaine.
Il est évident que ces différentes tergiversations se focalisent sur le corpus du projet de constitution surtout les questions de « binationalité » et de « centrafricanité », beaucoup ignore que la matière sur laquelle le peuple est convoqué à se prononcer comporte une panoplie de non-dits.
Les non-dits par définition désignent quelque chose qui n’est pas expressément exprimé, qui est caché ou implicite dans un discours.
C’est ainsi qu’au demeurant, ce projet de constitution vise à régler des comptes personnels.
L’on se souvient qu’à une certaine époque de l’histoire, le président de l’assemblée nationale a voulu se démarquer du président de la république appelant à respecter les prescriptions constitutionnelles au sujet du troisième mandat. L’analyse politique étant l’interprétation des faits et gestes politiques, nous estimons que la création du poste de vice président de la république définit par l’article 83 vise à priver le président de l’assemblée nationale de son statut de dauphin constitutionnel alors que ce dernier tire sa légitimité non seulement du fait qu’il est un élu local mais en plus choisi par l’ensemble des parlementaires.
En conséquence de ce qui précède, et à défaut de définir le critère de désignation, le vice-président de la république peut potentiellement être sa femme, sa maîtresse, son cousin ou neveu…bref un sujet de droit choisi par ses soins.
Nul n’est sensé ignorer que le principal but recherché par les tenants du pouvoir de Bangui est la disqualification sans ambage de potentiels adversaires à la compétition présidentielle particulièrement les pensionnaires du Bloc Républicain pour la Defense de la Constitution (BDRC).
Si l’on s’en tient au contenu de l’article 183 du projet de constitution, les binationaux et les centrafricains qui ne sont pas d’origine qui occupent de hautes fonctions politiques et militaires seront simplement radiés des registres de la fonction publique. Par voie de conséquence, ceux ou celles qui ont des entreprises se verront opposer des impôts réservés aux entreprises étrangères.
Les centrafricains d’antan qui vont perdre leur centrafricanité seront assujettis aux titres de séjour ainsi que tous frais et taxes réservés aux étrangers…pathétique.
À la lecture linéaire de ce projet de constitution, l’on remarque que ce dernier fait souvent des renvois aux lois pour déterminer les conditions d’application…ces renvois correspondent aux domaines réservés au gré des forces d’occupation qui dicteront leur macabre volonté.
Enfin, s’agissant des dispositions de l’article 62 du projet de constitution qui restaure l’impôt de capitation…ce dernier ne fait pas de distinction de sexe ni d’âge c’est à dire que dès l’acquisition de la personnalité juridique…on est imposable.
Cette nouvelle constitution crée plus de problèmes qu’elle n’en résout.
Ce qui est sûr et faute d’adversaire, le oui sera victorieux au référendum du 30 juillet 2023 mais l’avenir du pouvoir sera très incertain.
N’oublions surtout pas qu’on ne récolte que ce qu’on a semé et que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets…malheur à ceux ou celles qui s’attendent paradoxalement à un résultat contraire.
Mais attention ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites surtout pas que c’est moi.
Paris le 27 juillet 2023.
Bernard SELEMBY DOUDOU.
Juriste, Administrateur des élections.
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