Les Noirs et les manifs pro-palestiennes: et la RCA alors? et la Birmanie? Questions pour des champions…

Nous sommes mercredi 23 juillet 2014 et le mois de ramadan (que certains appellent mois de carême) continue encore. Pendant ce même mois où des musulmans, pratiquants ou non s’adonnent à l’un des cinq piliers de leur religion, il y a de plus en plus de morts du côté de la Palestine.

DakarJe vois déjà des têtes des lecteurs de cet espace écarquiller des yeux et dire : « Ah ! non !!! Pas ici, quand même. On ne vient pas ici pour lire des choses sur le conflit moyen-oriental. » Je le sais car je connais certains lecteurs de cet espace qui, même s’ils n’y interviennent jamais, me disent régulièrement ce qu’ils pensent. Surtout quand ils ne sont point d’accord avec moi.

Quand j’étais au Maroc, un frère de la Côte d’Ivoire nous disait souvent « Les Arabes et les Juifs se battent depuis la quatrième page de la bible ! » Il avait beau être musulman comme certains Palestiniens, il ne parlait que très peu de cette guerre qui passait chaque jour à la télévision.

Je ne suis pas expert ès relations internationales, mais je suis prêt à parier que dans dix ans, peu importe alors le nom du Premier ministre israélien, peu importe le nom du président de l’Autorité palestinienne, peu importe le nom des locataires de la Maison Blanche (de Washington comme de Moscou, les deux capitales qui comptent le plus au monde sur le plan politique), cette guerre continuera.

Ce qui me pousse à en parler ici, c’est la réaction de certains Africains, en général et musulmans en particulier, qu’il est difficile de décrypter. Oui, je sais, vous me direz que cela ne m’empêchera pas de dormir, ni de manger, ni de me désaltérer. Oui, je sais. Mais tout de même ! Peut-être qu’en trouvant des réponses à mes questions, je comprendrai mieux les choses, moi, pauvre béotien ?

En général, quand on est humain, il est difficile de demeurer de marbre quand le JT nous offre des images d’enfants prenant des balles, des obus et autres armes de guerre. Les Congolais, de la rive droite, ont tous en mémoire l’image de ce pauvre enfant, en tenue scolaire, fauché sans doute par une balle, le 5 juin 1997 (c’était un jeudi, je n’oublierai jamais). Aussi, mettre la télé et voir ces mômes tomber à Gaza, cela laisse difficilement de marbre. Pourtant…

Oui, pourtant…

Le continent kamit n’est-il pas le terrain le plus meurtri par toutes sortes de guerres ? En y regardant avec la plus grande minutie, sans même avoir besoin de microscopes électroniques, on remarque très vite qu’il ne nous manque que des guerres bactériologiques, pour que nous ayons toute la panoplie car chez nous on tue au nom soit d’Allah soit de Jésus Christ : demandez à Boko Haram et à la Lord Resistance Army. Ils ont développé une certaine expertise là-dessus.

Chez nous, on tue pour les minerais du sous-sol. Les habitants du Kivu, dans l’Est de la RDC peuvent en témoigner à la face du monde, même si le monde entier s’en contrefout royalement. Depuis quand les Nègres sont-ils des humains dignes d’intérêt ?

Je pourrai continuer à dérouler ainsi ma liste des guerres et autres conflits armés de ma terre natale. Ce sera bien plus long que la liste des courses d’une famille composée du même nombre de joueurs qu’une équipe de rugby. Pourtant, combien d’Africains, de Durban à Oslo, en passant par Banjul, Mombassa, Tunis, Montréal, Brisbane et je ne sais quelles autres contrées encore, peuvent lever un seul doigt pour nous dire qu’ils ont battu le pavé pour que :

–          La guerre en Casamance cesse ?

–          La guerre de Côte d’Ivoire (commencée en 2002), cesse ?

–          La guerre du Soudan du Sud prenne fin ?

–          Les guerres en RCA (République Centrafricaine), en RDC (République Démocratique du Congo), disparaissent de nos paysages ?

Nous pourrions ainsi remonter même le temps et nous rendrons compte que sur les 10 ou 30 dernières années, les tueries de chez nous ne poussent que très rarement les nostres à battre le pavé. Pourquoi ? Je réponds souvent à cette question sur cet espace mais je me dis que je dois me tromper et ne rien y comprendre.

Le vendredi 11 juillet dernier a eu lieu à Dakar, capitale du Sénégal, une manifestation en faveur de la Palestine. Que des gens au Sénégal veulent battre le pavé pour des Palestiniens, mpona nini té ?* Mais quand verra-t-on des Sénégalais manifester pour la RCA, la RDC, le Kenya et les autres territoires de l’Est du continent qui sont devenues les cibles des bandits venus d’Asie ou bien endoctrinés par des bandits venus d’Asie ?

Du côté de Paris et dans d’autres villes de France, il y a chaque semaine des manifestations allant dans le même sens. Si dans ces manifestations, il est très courant de trouver en grand nombre des populations appelées « arabes » et « berbères », des Noirs, soit natifs du continent, soit nés en France, ne sont pas en reste pour donner de la voix et du voile en ces occasions. Fort bien aussi. Mais par contre, ces mêmes Noirs, lorsqu’ils sont invités à parler des problèmes cruciaux du continent de leurs pères, mères, grands-parents (en partant de l’hypothèse qu’ils disent être avant tout Européens ou avant tout musulman), ils sont aux abonnés absents et c’est à peine s’ils sont capables de nous situer la RDC ou encore le Nord du Mali sur une carte. Et pourquoi pas le Zambèze coulant en Corrèze, pendant qu’on y est ?

On me dira Les Noirs qui manifestent en France pour la Palestine le font en solidarité avec les Palestiniens car ces derniers sont musulmans. Voilà encore des faussetés que je combats en utilisant ma panoplie d’énergie d’alpha vers omega. Il est faux de dire que les Palestiniens sont musulmans : certains d’entre eux sont chrétiens et d’autres, comme partout ailleurs ne mettent les pieds ni dans des mosquées ni dans des églises. Tout le monde n’est pas obligé de croire en ce qu’il ne voit pas. Les Noirs qui battent le pavé en France pour soutenir la Palestine le font sans doute de bonne foi mais je suis prêt à parier ma moustache – et Dieu sait combien j’y tiens – qu’ils sont tout simplement manipulés, solidarité religieuse oblige, avec leurs coreligionnaires vivant en France, originaires d’Afrique du Nord ou dont les parents viennent de cette partie du monde. Et quand je dis « solidarité », je suis même trop gentil car il est plus question de soumission qu’autre chose. Pas besoin d’être sociologue ou experts ès mœurs de certains des nostres. Il suffit d’interroger, patiemment, les gens vivant dans les endroits où se mélangent bon gré mal gré ces populations. Il suffit d’y aller et de donner la parole à ces enfants, à ces jeunes.

Quand on me dit aussi, Mais au Sénégal, si les gens manifestent pour la Palestine, c’est par solidarité car ils sont aussi musulmans. Certes, l’islam est la religion majoritaire au pays de Blaise Diagne et de Léopold Sedar Senghor. Mais alors, qui pourrait m’expliquer comment et pourquoi :

–          Au Sénégal on ne manifeste jamais contre l’esclavage pratiqué par des populations maures (rappelons que ce sont des musulmans) de Mauritanie à l’encontre des Noirs de Mauritanie (eux-mêmes musulmans aussi, le plus souvent) ?

–          Au Sénégal on ne manifeste pas contre les massacres récents en RCA de populations de confession musulmane ?

–          Au Sénégal on ne manifeste pas contre l’esclavage pratiqué au Soudan par des Noirs se disant » arabes sur des Noirs ?

Il y a des moments où chercher à couper des cheveux en quatre peut s’avérer même plus périlleux que de marcher sur des sables mouvants. L’Afrique, en général, adore tout le monde, mais aussi curieux que cela puisse paraître, se déteste royalement et cordialement.

J’ai même lu ceci, qui m’a fait me tordre de rire, tant le ridicule du contenu ne peut provoquer en moi d’autres réactions : Des personnalités sénégalaises ont appelés vendredi à Dakar le gouvernement sénégalais à  » suspendre » ses relations diplomatique avec Israël en attendant l’ arrêt de l’offensive israélienne en Palestine. Ces personnalités, une cinquantaine de membres de mouvements citoyens sénégalais, d’intellectuels, d’hommes religieux, de journalistes, ont pris cette position lors d’une manifestation vendredi devant l’ambassade de Palestine pour dénoncer l’offensive israélienne à Gaza. « Nous demandons la rupture des relations diplomatiques avec Israël jusqu’à l’arrêt des massacres », a déclaré le professeur Malick Ndiaye du Cercle des intellectuels du Sénégal(CIS).

Sommes-nous sérieux quand nous adoptons ce genre de prises de position alors que les nostres sont tués tous les jours dans une indifférence quasi-générale ? Je veux bien comprendre que les gens aient envie d’aller un jour au paradis d’Allah, mais si dans le prix il faut qu’il y ait un tel package de soumission, je crains que pacte ne soit vraiment qu’un marché de dupes.

En Birmanie, la philosophie majoritaire est le bouddhisme (selon les autorités locales) avec 89% d’adeptes. L’islam serait la religion de 4% de Birmans. Pourtant, il y a peu, des musulmans birmans ont été massacrés. Y a-t-il eu des manifestations au Sénégal ? En France de la part de Noirs et d’Arabes ?

Émotivité plus qu’à géométrie variable. Des alliés pareils, j’en voudrais difficilement…

Au dix-neuvième siècle, des théoriciens allemands (spécialistes de géographie) avaient développé le concept de Lebensraum. Le but étant dans un premier temps de se trouver un territoire assez espacé pour d’abord assurer leur survie (surtout sur le plan culturel) et ensuite y favoriser sa croissance. Les Nazis l’avaient récupéré et on a vu ce que ça a donné. J’ai comme l’impression qu’avec leurs idiots utiles, des stratèges arabo-musulmans comptent utiliser Kama comme leur Lebensraum…

Rome ne récompensait jamais les traîtres. S’en souvient-on ?

Obambe GAKOSSO, Juillet