Le président Touadéra confie les douanes centrafricaines aux Russes de Wagner.

Publié le 21 mai 2021 , 8:30
Mis à jour le: 21 mai 2021 4:12 am

 

Le président Touadéra confie les douanes centrafricaines aux Russes de Wagner.

 

Bangui ( République centrafricaine ) – La société paramilitaire russe Wagner, omniprésente en Centrafrique se voit confier des missions régaliennes.

En signant un protocole de collaboration avec la mission économique russe le 7 mai 2021, le Ministre des finances Henri-Marie Dondra a de facto délégué une large partie des attributions de son Ministère en matière de douanes.

Des recettes douanières pour Wagner.

Officiellement, il s’agit d’un accord de coopération technique par lequel la mission économique russe aide à lutter contre la fraude en matière de transit et donc améliorer le niveau des recettes perçues par l’Etat centrafricain.

En réalité, il s’agit surtout pour les partenaires russes de s’assurer du recouvrement et de la mainmise des sommes dues à l’administration centrafricaine au titre des droits de douanes. L’objectif final pour les russes serait d’amortir un peu les sommes colossales engagées par la société de mercenariat PMC WAGNER pour aider à combattre les groupes rebelles de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC).

La société paramilitaire russe WAGNER étend ainsi son emprise sur la République Centrafricaine avec le contrôle de la sécurité présidentielle, de certains sites miniers stratégiques et désormais des services de douanes.

La grogne des fonctionnaires centrafricains.

C’est ainsi qu’à certains postes frontières comme celui de Béloko (sur l’axe Garoua-Boulaï – Bangui), des agents russophones contrôlent désormais les flux de marchandises en lieu et place des fonctionnaires centrafricains de la DGDDI. Ceux-ci, bien qu’ignorant tout des procédures en vigueur, agissent ainsi en terrain conquis sans que le Directeur Général de la douane Frédéric Inamo, neveu du chef de l’Etat n’y trouve rien y redire.

Cette situation créé une frustration importante au sein des fonctionnaires concernés, mais aussi chez certains opérateurs économiques qui subissent les nouvelles réglementations douanières en matière de transport des marchandises imposées par les russes.

Tension avec les occidentaux.

Cette coopération avec la mission économique russe dans la collecte des recettes douanières s’est aussi imposée sans consultation des principaux bailleurs de fonds de la République centrafricaine, notamment les institutions de Bretton-Woods et l’Union Européenne. Il est clair que ces partenaires clés par les finances publiques de la RCA ne verront pas d’un bon œil une telle privation des douanes au profit du groupe paramilitaire PMC WAGNER.

Quelle sera la portée d’une telle mesure alors que certaines dépenses sont aujourd’hui effectuées par ces institutions occidentales réfractaires à toute collaboration avec les mercenaires russes ? La Centrafrique est déjà écartée de certains grands rendez-vous internationaux comme lors du dernier sommet du financement des économies africaines qui s’est tenu à Paris le 18 mai 2021 Le pays pourrait être plus marginalisé encore à l’avenir.

Les douanes déja privatisées.

Ce n’est pas la première fois que Faustin-Archange Touadéra engage une procédure de privatisation des douanes centrafricaines. Il faut se souvenir du protocole d’accord signé entre Emmanuel Bizot, ministre des finances du gouvernement Touadéra ,I et la Société de détection des importations et exportations frauduleuses (SODIF) le 28 avril 2008. En toute légalité, la Sodif concurrençait la direction générale des Douanes qui perdait ainsi une partie de ses attributions percevant non seulement les pénalités mais recouvrant également les sommes dues à l’administration.

En dépit des multiples recommandations des institutions de Bretton Woods et de l’UE, le protocole de 2008 n’a jamais été dénoncé jusqu’en 2013. Les importateurs et exportateurs rencontraient avec la Sodif des difficultés supplémentaires, d’autant que les nombreuses barrières entre le port de Douala et la capitale Bangui, constituaient d’autres obstacles à l’amélioration du commerce extérieur du pays.

Avec Le monde Afrique

{CAPTION}

Aucun article à afficher