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Le cri d’alarme des juges centrafricains : une justice fragilisée par des conditions de travail précaires

Le cri d’alarme des juges  centrafricains : une justice fragilisée par des conditions de travail précaires

 

Les juges constitutionnels le 03 décembre 2020. Photo CNC / C.J. Yapendélors
Les juges constitutionnels le 03 décembre 2020. Photo CNC / C.J. Yapendélors

 

 

Bangui, 09 juin 2023 (CNC) — Les juges centrafricains, gardiens de la justice et de l’équité, se plaignent amèrement des conditions dans lesquelles ils exercent leur noble mission. Alors que le pouvoir exécutif dispose d’un majestueux palais, surnommé le palais de la renaissance, et que le pouvoir législatif siège dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, véritable symbole de démocratie, le pouvoir judiciaire, lui, ne bénéficie d’aucun palais à son nom. Les juges se retrouvent confinés dans une petite salle d’audience de la Cour de cassation, qui peine à accueillir tous ceux qui cherchent justice.

 

Cette situation précaire est déplorée par le premier vice-président de la Cour de cassation, le magistrat Emmanuel Sanzé, qui exprime avec frustration le manque de considération envers le pouvoir judiciaire. Alors que le président de la République, Faustin Archange Touadera, affirme que la justice fonctionne correctement, les juges soulignent les défis auxquels ils sont confrontés au quotidien.

 

Lors du lancement de l’année judiciaire 2023-2024, le président Touadera a évoqué certains progrès réalisés dans le domaine de la justice, tels que la tenue régulière des sessions criminelles par les cours d’appels de Bangui et de Bouar, qui ont permis de réduire les longues détentions provisoires, préjudiciables aux droits des justiciables. De plus, grâce à l’appui des partenaires techniques et financiers, certaines maisons d’arrêt ont été rénovées, améliorant ainsi les conditions de détention.

 

Cependant, Monsieur Voyemakoua, juge au Conseil d’État, souligne l’obligation pour les pouvoirs publics de rendre des comptes, ainsi que les nombreux obstacles qui entravent cette responsabilité. Les acteurs du pouvoir doivent avant tout respecter la loi et ne pas abuser de leur autorité. Ils sont également tenus de servir l’intérêt général de manière efficace et équitable. La responsabilité des dirigeants se traduit par une obligation de rendre des comptes à la population.

 

Malheureusement, le fonctionnement actuel des institutions de l’État est entravé par trois obstacles majeurs à la reddition des comptes : le clientélisme, la mainmise sur les marchés publics et la corruption. Ces fléaux gangrènent le système judiciaire, sapant la confiance des citoyens envers les institutions et alimentant un sentiment d’injustice.

 

La justice est le fondement de toute société démocratique, et son bon fonctionnement est indispensable à la paix sociale et au respect des droits de l’homme. Il est temps de redonner au pouvoir judiciaire la place qui lui revient, en lui accordant les moyens matériels et humains nécessaires pour remplir sa mission avec dignité et efficacité. Les juges méritent d’exercer leur noble fonction dans des conditions propices, afin de rendre une justice équitable et restaurer la confiance des citoyens envers les institutions.

 

Par Anselme Mbata

 

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