L’alcool frelaté, fléau mortel à la frontière centrafricano-camerounaise
Dans la région frontalière entre la République centrafricaine et le Cameroun, l’alcool frelaté fait des ravages, en particulier à Cantonnier. Ces boissons dangereuses, souvent conditionnées dans de petits sachets surnommés “liant d’or”, affluent massivement du Cameroun et du Nigeria, causant d’énormes dégâts sanitaires et sociaux.
Bangui, 22 août 2024.
Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.
L’alcool frelaté, un commerce florissant malgré les risques.
“Ces alcools frelatés se vendent comme des petits pains au Cameroun. Alors forcément, des gens les importent pour les revendre ici à Cantonnier ou les acheminer jusqu’à Bangui”, explique Jean-Pierre, commerçant à Béloko. “Certains en ramènent juste pour leur consommation personnelle, mais beaucoup en font un véritable business, malgré les risques pour la santé”.
L’alcool frelaté, la concurrence des alcools Wagner.
Mais ce trafic est désormais concurrencé par un nouvel acteur : le groupe paramilitaire russe Wagner, très influent en Centrafrique. “Wagner produit aussi ses propres alcools frelatés qu’ils écoulent dans tout le pays, y compris à Cantonnier”, révèle un habitant sous couvert d’anonymat. “Pour bloquer les importations du Cameroun, ils font pression sur les forces de l’ordre centrafricaines. Il y a maintenant des contrôles systématiques et des confiscations”.
Une jeunesse prise au piège.
Cette situation impacte durement la jeunesse de Cantonnier, comme en témoigne Paul, éducateur :
“Ces alcools font des ravages parmi les jeunes non scolarisés ou déscolarisés. Beaucoup de conducteurs de taxi-moto sont devenus esclaves de ces produits. Et ceux qui tentaient d’en vivre en les revendant se retrouvent sans activité. Le chômage bat des records ici, il n’y a aucun système de formation professionnelle. On interdit aux jeunes de couper du bois pour faire du charbon à cause de la déforestation, on leur confisque l’alcool qu’ils essaient de vendre… Ils ne savent plus quoi faire pour gagner leur vie. C’est un vrai problème social”.
Entre santé publique et survie économique.
Les autorités se retrouvent face à un dilemme, comme l’explique un responsable municipale de Baboua :
“On comprend bien sûr la nécessité de lutter contre ces alcools dangereux pour la santé publique. Mais en même temps, on prive de revenus des familles qui n’ont pas d’autres ressources. Il faudrait pouvoir offrir des alternatives économiques à ces jeunes avant de leur interdire ce commerce. Sinon on ne fait que déplacer le problème”.
La situation reste donc très tendue dans cette région frontalière, où l’alcool frelaté cristallise les enjeux sanitaires, économiques et sociaux. Sans politique globale prenant en compte tous ces aspects, il semble difficile d’endiguer ce fléau aux conséquences dramatiques.
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