L’Affaire Marie-Solange Pagonendji : La partie visible d’un iceberg de prédation immobilière en RCA
Par la rédaction de Corbeaunews-Centrafrique.
Un nouveau scandale immobilier secoue Bangui avec l’expulsion violente de l’ancienne ministre Marie-Solange Pagonendji-Ndakala de sa résidence située dans l’ancienne cité ASECNA. Mais cette affaire, aussi choquante soit-elle, ne serait que la partie émergée d’un système bien plus vaste de prédation des biens publics en République centrafricaine.
Comme le souligne l’ancien député Jean-Pierre Mara dans une analyse exhaustive :
“A y voir de près, la plupart de ces terrains ou bâtiments n’ont jamais fait officiellement l’objet de vente ou enchère publiques. Chaque pouvoir et chaque Demi-Dieu use de ses prérogatives ‘d’abus de pouvoir’ pour construire des Vrais-Faux titres fonciers avec la complicité du responsable des domaines de l’État“.
L’affaire qui oppose aujourd’hui l’ancienne ministre Marie-Solange Pagonendji au gouvernement actuel s’inscrit dans cette logique. Marie-Solange Pagonendji-Ndakala affirme avoir acquis légalement sa propriété lors d’une vente organisée par l’État en 2011, avec un titre foncier en bonne et due forme. Pourtant, elle a été expulsée brutalement de sa maison, instrumentée selon plusieurs sources vérifiées par le ministre de la Justice Arnaud Djoubaye Abazène via l’ASECNA.
Un schéma qui se répète comme le rappelle Jean-Pierre Mara, en évoquant des cas similaires :
“L’affaire des biens supposés de l’ASECNA cacherait-elle les affaires des biens de la SOCADA à Lakouanga, du Jardin public, de la cité Véret à SICA1 anciennement Saïdou, des ventes des Maisons coloniales dans le Centre Ville, de la vente de Camps OBROU/IZAMO face BARC anciennement ONAF, le terrain de l’actuel Primaire, Immeuble N’KOUE propriété jadis privé, des ventes des bâtiments de l’État à Bangui et dans les grandes villes du pays?”
Les tentatives de contrôle parlementaire systématiquement avortées révèlent l’ampleur du problème. L’ancien député rappelle qu’une initiative de la commission parlementaire avait été lancée sous la 6ème législature :
“Sous la sixième Législature, la commission 7 (Équipements et Communication) avait lancé l’idée d’une Commission parlementaire visant à faire le recensement des biens meubles et immeubles de l’État à Bangui et dans toutes les préfectures. La démarche était déclenchée suite à l’audition des Ministres de l’Urbanisme et des PTT chargé des NTIC en rapport avec le différent opposant la Mairie à Raayan sur l’affaire de la Cité Véret, propriété de la Poste Centrafricaine.”
Mais cette tentative de transparence a été tuée dans l’œuf, comme le précise Jean-Pierre Mara : “La volonté de la commission avait été combattue et étouffée par certains Députés et Ministres eux-mêmes impliqués dans ces types d’acquisitions malhonnêtes et mafieuses.”
La violence de l’expulsion contre Mme Pagonendji-Ndakala, personne handicapée, démontre les méthodes employées pour s’approprier ces biens, d’après elle. L’utilisation de gendarmes cagoulés, l’absence de mandat judiciaire régulier, l’enlèvement de son fils malade démontrent une dérive inquiétante dans l’usage de la force publique à des fins privées, le tout sous-couvert de l’ASECNA qui n’a même pas un titre foncier légal.
Cette instrumentalisation des institutions pose la question de l’État de droit en RCA. Comme le souligne un avocat centrafricain contacté par notre rédaction : “Le ministre de la Justice est le véritable instigateur de cette agression. Il tentait déjà de s’approprier cette maison sous la présidence Djotodia, alors qu’il était ministre des transports “.
L’application sélective des procédures d’expulsion, qui ne concernent que certaines propriétés et pas d’autres sur le même site, renforce les soupçons d’une manœuvre personnelle. Cette situation s’inscrit dans ce que Jean-Pierre Mara qualifie de système où “Les Vice-Roi ou Demi Dieu ” utilisent leurs positions pour s’approprier les biens de l’État.
L’ancien député conclut par un avertissement : “Tous ceux qui ont profité du pouvoir pour confisquer les biens de l’État à des prix dérisoires rendront compte un jour au peuple Centrafricain.”
En attendant, Marie-Solange Pagonendji-Ndakala résiste devant la justice, refusant de céder face à ce qu’elle considère comme une injustice manifeste.
Cette affaire dévoile les dysfonctionnements profonds de l’État centrafricain dans la gestion de son patrimoine immobilier. Elle soulève des questions cruciales sur l’indépendance de la justice, le respect des droits de propriété et l’utilisation des forces de l’ordre à des fins privées.
Au-delà du cas particulier de l’ancienne ministre, c’est tout un système de prédation qui est révélé, où les biens publics sont systématiquement détournés au profit d’intérêts privés, avec la complicité active des plus hautes instances de l’État. Une situation qui appelle à une réforme profonde de la gouvernance et de la gestion du patrimoine public en République centrafricaine.
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