L’ADOPTION DES EXEMPLES SUD-AFRICAIN ET IVOIRIEN POUR UNE VRAIE RECONCILIATION NATIONALE EN CENTRAFRIQUE

Publié le 3 août 2014 , 1:55
Mis à jour le: 3 août 2014 1:55 pm

Corbeau news 03-08-2014 : Dans l’histoire du monde, la République Centrafricaine n’est pas le premier pays à connaître des conflits internes, tantôt courts, tantôt accompagnés d’une violence multiforme, aveugle et hystérique comme la crise née après le coup d’Etat du 24 mars 2013. Ce conflit a été particulièrement marqué par des violences aux multiples visages et à grande échelle perpétrées par les entités guerrières Séléka et Antibalaka.

Messieurs Aristide Rebouas et Patrick Gille à Paris
Messieurs Aristide Rebouas et Jean-Patrick Gille à Paris

Beaucoup de crimes atroces et autres exactions d’une rare violence ont été commis sur les populations civiles. L’une des conséquences de cette crise d’une extrême violence, c’est la désagrégation de l’Unité Nationale Centrafricaine, et plus spécifiquement l’établissement des rapports désormais de méfiance et de violence entre les confessions chrétienne et musulmane, qui vivaient pourtant jadis en parfaite symbiose.

Au regard de ce qui précède, c’est à bon droit qu’aujourd’hui des voix s’élèvent partout, au niveau national Centrafricain et au niveau international, pour réclamer un dialogue et la réconciliation nationale en Centrafrique. Ces deux questions sont vitales pour les Centrafricains et doivent être résolues. Cependant, si un schéma original de Dialogue National Inclusif et un mode original de Réconciliation Nationale doivent être pensés et conçus par les Centrafricains eux-mêmes, il n’est pas interdit de recourir aux modèles ou exemples en la matière ayant réussi hors des frontières Centrafricaines ; il n’est pas non plus interdit d’imiter ou de solliciter carrément certaines personnalités étrangères ayant brillamment mené dans leurs pays respectifs les processus de Dialogue National Inclusif et de Réconciliation Nationale tels qu’envisagés en Centrafrique. De ce point de vue, le continent africain suggère deux modèles intéressants et des personnalités à imiter, sous réserve bien évidemment de ne point sacrifier les particularismes Centrafricains.

Le premier schéma authentiquement africain imitable est le cas Sud-Africain. On se souvient que dès 1991, le Président Frederick de Klerk avait créé la Commission Goldstone. Cette structure eut pour mission « d’enquêter sur les violences policières, les crimes et les exactions politiques commis non seulement au nom du gouvernement sud-africain mais aussi les crimes et exactions commis au nom des mouvements de libération nationale (African National Congress, Congrès panafricain».Après l’accession de Nelson Mandela au pouvoir en 1994, la Commission de la Vérité et de la Réconciliation fut créée, et fût dirigée par Mgr Desmond Tutu. Son but principal fut de « recenser toutes les violations des droits de l’homme commises depuis le massacre de Sharpeville en 1960, en pleine apogée de la politique d’apartheid initiée en 1948 par le gouvernement sud-africain, afin de permettre une réconciliation nationale entre les victimes et les auteurs d’exactions ».

Frederick de Klerk, Nelson Mandela, et Mgr Desmond Tutu ont tous joué un rôle très positif en faveur de la Réconciliation Nationale en Afrique du Sud ; le leadership et le comportement pacifique de ces trois personnalités Sud-Africaines doivent inspirer les autorités de transition et tous les acteurs des processus de Dialogue National Inclusif et de Réconciliation Nationale projetés en Centrafrique.

Le second exemple africain auquel les Centrafricains peuvent se référer est celui de la Côte d’Ivoire. Après l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir, beaucoup d’observateurs africains et occidentaux rivalisaient de pessimisme quant à la volonté et à la capacité du trio Ouattara-Soro-Bédié à parvenir à une Réconciliation entre Ivoiriens fidèles à l’ancien Président Laurent Gbagbo et Ivoiriens musulmans de la région du nord acquise à Ouatara et Soro Guillaume. Beaucoup d’observateurs ont hâtivement pensé à tort que les musulmans du nord régneraient en maîtres absolus sur leurs frères du sud. Il n’en a rien été. Sur ce plan, et aujourd’hui, le Président Alassane Ouattara et le Premier Ministre Guillaume Soro ont forcé l’admiration, même s’il faut souligner que beaucoup reste encore à faire pour parvenir à une Réconciliation Nationale effective. Le Président Alassane Ouattara et le Premier Ministre Guillaume Soro, par leur leadership, leur vision politique, leur attachement aux valeurs de paix et d’unité nationale, ainsi que par leur dynamisme, ont su impulser une réelle dynamique, laquelle a favorisé la fin rapide des violences en Côte d’Ivoire, et évité un embrasement général par une guerre interconfessionnelle entre chrétiens et musulmans, comme dans le cas Centrafricain. Des actes concrets dans le sens de l’apaisement et des appels clairs n’ont de cesse d’être lancés par le duo Ouattara-Soro. Le Premier Ministre Guillaume Soro a par exemple effectué un déplacement dans le fief de l’ancien Président Laurent Gbagbo, un geste lourd de sens symbolique, et digne d’un visionnaire soucieux de l’unité nationale, un geste d’apaisement qui ne peut que forcer l’admiration. De leur côté, Pascal Affi Nguessan et l’ancien Président et le sage Henry Konan Bédié accomplissent également un formidable travail pour aider l’exécutif ivoirien. Il est clair qu’il y’a une volonté politique claire et réelle d’Alassane Ouattara, de Guillaume Soro et autres protagonistes d’obtenir le rassemblement des Ivoiriens de tous bords et la reconstruction du vivre ensemble Ivoirien. Comparativement au cas Centrafricain, on peut, dans une certaine mesure, affirmer et reconnaître que la Côte d’Ivoire a la chance d’avoir des hommes d’Etat aussi visionnaires, courageux et préoccupés par l’unité des Ivoiriens que sont le Président Alassane Ouattara et le Premier Ministre Guillaume Soro.

C’est pourquoi, il est fait appel ici pour que les Centrafricains imitent les personnalités Ivoiriennes et Sud-Africaines précitées. Il est utile de solliciter l’intervention, du moins les conseils du Président Alassane Ouattara, du Premier Ministre Guillaume Soro, de l’ancien Président et sage Henry Konan Bédié, ainsi que de Pascal Affi Nguessan, dans les processus de Dialogue National Inclusif et de Réconciliation Nationale qui vont avoir lieu en Centrafrique d’ici fin 2014.

Quand Michel Djotodia est arrivé au pouvoir, il n’a pas su rétablir l’autorité de l’Etat, délivrer un message de paix, poser des actes symboliques dans le sens d’un rassemblement de tous les Centrafricains. Tout au contraire, des populations ont été livrées à des exactions d’une rare violence avec comme principale conséquence la naissance, puis la montée en puissance progressive des milices Antibalaka. Si Djotodia avait agi en homme d’Etat visionnaire et rassembleur comme Alassane Ouattara et Guillaume Soro l’ont fait dès leur arrivé au pouvoir, nul doute que la crise Centrafricaine aurait été moins violente, nul doute que l’unité nationale n’aurait pas été complètement désagrégée, nul doute qu’on n’aurait pas aujourd’hui autant de mal à faire coexister chrétiens et musulmans de Centrafrique ! Sur ces questions, les conseils du Président Alassane Ouattara et du Premier Ministre Guillaume Soro seraient les bienvenus, car ils sont en train de réussir là où les Centrafricains sont en train de patiner, d’hésiter voire de probablement échouer.

En plus du Président Sassou Nguesso, Médiateur Principal qui abat déjà un travail multiforme considérable, inlassable et reconnu de tous, il est souhaitable d’associer personnellement le Président Paul Biya et le Président Théodoro Obiang Nguema, pour leur neutralité jamais mise en défaut dans les crises récurrentes enregistrées en Centrafrique, et aussi pour leur grande sagesse dans la direction politique de leurs deux pays respectifs. Aujourd’hui, les gens reconnaissent de plus en plus à ces deux Présidents des efforts continus pour laisser plutôt la place à des institutions fortes, et faire de leurs pays des havres de paix, et des pays émergents à l’instar des pays asiatiques.

Certes, le Dialogue National Inclusif doit être organisé en Centrafrique comme tout linge sale se lave en famille ; cependant, il est vivement conseillé de recourir aux modèles qui ont fonctionné ailleurs, à des personnalités qui ont réussi ou sont en train de réussir ailleurs, pour venir nous assister, nous Centrafricains à recoudre le tissu commun, l’unité nationale Centrafricaine.

Pour l’APRNC,

Le Président

Aristide Briand REBOAS

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