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La justice boîte à Bozoum faute de prison

La justice boîte à Bozoum faute de prison

 

Vue intérieure d’un tribunal avec des juges en tenue officielle assis derrière le banc des magistrats, entourés de mobilier en bois.
CopyrightCNC

 

À Bozoum, chef-lieu de la préfecture de l’Ouham-Pendé, la machine judiciaire tourne au ralenti. En cause : l’absence de maison d’arrêt depuis près de 20 ans. Une situation qui handicape sérieusement le travail du tribunal de grande instance.

 

Bangui, 29 août 2024.

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique.

 

“L’absence de prison constitue un obstacle majeur à la bonne administration de la justice”, déplore Olivier Mossito Mbombo, président du tribunal. Selon lui, ce manque capital d’infrastructure carcérale empêche l’exécution des peines prononcées. “Les décisions de justice ne peuvent être appliquées comme le veut la loi”, explique le magistrat.

 

Pourtant, malgré ces conditions difficiles, la justice continue tant bien que mal de fonctionner à Bozoum. “Les audiences se tiennent normalement, qu’il s’agisse d’affaires civiles, correctionnelles ou sociales”, assure M. Mossito Mbombo. Mais sans prison pour incarcérer les condamnés, l’autorité des jugements s’en trouve fortement affaiblie.

 

Cette situation dure depuis 2003, année où la maison d’arrêt de Bozoum a cessé d’être opérationnelle. Vingt ans plus tard, les habitants réclament sa reconstruction. “Il faut que les condamnés puissent purger leur peine derrière les barreaux”, martèle un notable de la ville.

 

Le problème ne se limite pas à Bozoum. Dans tout le pays, le système carcéral centrafricain souffre d’un manque criant d’infrastructures et de moyens. Surpopulation, insalubrité, évasions… Les prisons centrafricaines cumulent les maux.

 

Pour le président du tribunal, la reconstruction de la prison de Bozoum est une nécessité absolue : “C’est un maillon essentiel de la chaîne judiciaire”. Sans elle, c’est tout l’édifice de la justice qui vacille dans cette région instable du nord-ouest centrafricain.

 

En attendant, la justice continue de fonctionner tant bien que mal. Chaque jour, le tribunal de Bozoum tient ses audiences. Des peines sont prononcées. Mais faute de prison, leur exécution reste largement théorique. Une situation qui mine l’autorité de l’État et nourrit le sentiment d’impunité.

 

“C’est comme si on construisait sur du sable”, résume un avocat centrafricain. Sans prison, les décisions de justice restent lettre morte. À Bozoum comme ailleurs en Centrafrique, la reconstruction de l’État de droit passe aussi par celle des prisons.

 

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