La crypto-monnaie, un mirage souverain qui masque une escroquerie d’État
Bangui, CNC. L’adoption de la crypto-monnaie en Centrafrique représente l’une des plus grandes mystifications financières orchestrée par un État africain. Sous couvert de souveraineté monétaire et de modernité technologique, le régime Touadéra a mis en place une véritable escroquerie qui enrichit une poignée d’initiés tout en appauvrissant davantage un pays déjà exsangue.
L’ironie est cruelle : l’un des pays les plus pauvres au monde, où plus de la moitié de la population dépend de l’aide alimentaire, se targue soudain d’être à l’avant-garde de la révolution numérique. Cette mascarade serait risible si elle ne cachait pas une opération financière aussi douteuse que dangereuse pour l’économie nationale.
Le scandale commence avec la genèse même du projet de
la crypto-monnaie en Centrafrique. La loi sur les cryptomonnaies, votée par acclamation en avril 2022 par un parlement aux ordres, a été rédigée en anglais – une violation spectaculaire de la Constitution du 30 mars 2016 qui n’a pas empêché son adoption précipitée. Plus grave encore, la gestion de cette prétendue monnaie nationale a été confiée à une société privée étrangère, transformant de fait cette supposée affirmation de souveraineté monétaire en une privatisation pure et simple de la politique monétaire.
Les protagonistes de cette opération sont tout aussi douteux. Emile Parfait Simb, l’un des principaux promoteurs du projet auprès de la présidence, est poursuivi par la justice de plusieurs pays africains et des États-Unis pour diverses escroqueries financières. Cela n’a pas empêché le régime de lui octroyer un passeport diplomatique centrafricain, illustrant la nature profondément véreuse de l’opération.
L’absurdité du projet de la crypto-monnaie en Centrafrique atteint son paroxysme avec la proposition d’acquérir la nationalité centrafricaine par l’achat de Sango Coins. Cette disposition, bien que retoquée par la Cour constitutionnelle, révèle la vraie nature du projet : une tentative de monétiser jusqu’à la citoyenneté du pays, dans une fuite en avant qui ne connaît plus aucune limite.
La réalité technique est tout aussi accablante. Dans un pays où l’accès à l’électricité est un luxe et la connexion internet une rareté, promouvoir une monnaie virtuelle relève soit d’une ignorance crasse des réalités locales, soit d’un cynisme sans bornes. Les deux hypothèses sont également inquiétantes.
Plus inquiétant encore est le timing de cette opération de la crypto-monnaie en Centrafrique. Le lancement du Sango Coin coïncide avec un durcissement des contrôles financiers internationaux sur les élites centrafricaines, notamment en France. La création d’une crypto-monnaie en Centrafrique apparaît ainsi comme une tentative à peine voilée de contourner ces contrôles et de faciliter les flux financiers douteux.
Les conséquences économiques sont désastreuses. Cette aventure hasardeuse fragilise davantage une économie déjà exsangue, détourne des ressources précieuses qui auraient pu servir au développement, et expose le pays à des risques financiers majeurs dans un secteur hautement spéculatif.
La communauté internationale observe avec consternation cette fuite en avant. Les institutions de Bretton Woods, qui financent plus de 50% du budget national, voient leurs efforts de stabilisation macro-économique sabotés par une initiative qui relève plus de l’aventurisme financier que d’une politique monétaire responsable.
Le Sango Coin incarne parfaitement la dérive d’un régime qui a perdu tout sens des réalités. Alors que la population s’enfonce dans la misère, que les services publics s’effondrent faute de moyens, le pouvoir se lance dans une aventure crypto-monétaire dont le seul objectif semble être d’enrichir ses promoteurs tout en facilitant l’évasion des capitaux.
Cette mascarade financière est d’autant plus tragique qu’elle détourne l’attention et les ressources des véritables défis du pays. Pendant que le régime vante les mérites de sa monnaie virtuelle, la majorité des Centrafricains continue de vivre dans une pauvreté bien réelle que cette escroquerie d’État ne fait qu’aggraver.
Par Alain Nzilo
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