L’ Afrique réussira-t-elle à sa sécurisation s’il y a encore la mainmise de l’occident ?

Publié le 17 décembre 2014 , 8:32
Mis à jour le: 17 décembre 2014 8:32 pm

Traque de Joseph Koy à OBO en RCA

L’Afrique réussira-t-elle à sa sécurisation s’il y a encore la mainmise de l’occident ?

Corbeau News Centrafrique: 18-12-2014.  Incontestablement la problématique de la paix et de la sécurité du continent africain se pose avec acuité. Après plus d’un demi-siècle, la majorité des pays colonisés par la France ont de sérieux problème pour que leurs armées s’assument en protégeant leurs populations et les territoires respectifs. Quand bien même que ces pays ont adopté ce système politique qu’on appelle démocratie après la conférence de Baule en 1990, leurs politiques intérieures sont toujours plombées à cause de l’interférence française qui s’impose en maître absolu et contrôleur des territoires de l’AEF et de l’AOF. Cette immixtion pose évidemment de sérieux problèmes pour le développement des pays francophones d’Afrique qui changent brutalement des régimes par des coups de force ou fraudes massives lors des opérations électorales pour que les candidats de la France arrachent le pouvoir. En exemple des preuves qui sont plusieurs sur le continent, l’ancien Président français Nicolas Sarkozy qui veut revenir aux commandes vient de déclarer : « on a fait sortir Gbagbo, on a installé Ouattara »
De ce fait, il est bien difficile que le candidat choisi à la hold-up électorale ou par putsch réponde aux aspirations du peuple qui aspire à la paix durable, sa sécurité et une amélioration de ses conditions de vie. Les intérêts du parrain prime sinon il y a peu de chance de rester au pouvoir. Plusieurs cas ont bel et bien illustré l’histoire de l’Afrique francophone qui est traînée depuis des indépendances dans la boue. C’est dans ce contexte que le forum international pour la paix et la sécurité s’est tenu à Dakar au Sénégal pour examiner la situation sécuritaire en Afrique et y trouver des solutions. Car pour le président sénégalais Macky Sall qui a présidé la conférence, « les africains doivent également mutualiser leurs efforts pour créer « des forces spéciales » mais a-t-il mis aussi l’accent sur l’éducation de la jeunesse et le développement.

En effet, depuis la chute du président libyen Mouhammar Kadhafi, on assiste à l’émergence des rébellions en Afrique et surtout le phénomène Boko Haram au Nigéria qui gagne graduellement du terrain en Afrique et particulièrement dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest et Centrale. On ne peut rappeler le changement sanguinaire de Tripoli sans évoquer la participation active de la France sous le régime Sarkozy pour faire tomber le guide libyen assassiné. Pas si longtemps après la tuerie du président Kadhafi par les rebelles libyens qui continuent des menaces dans le sud du pays, la rébellion malienne s’est fait parler d’elle en lançant l’assaut dans le nord du Mali, revendiquant l’indépendance de Kidal. Il y a eu plusieurs mouvements (le printemps arabe) dans le Maghreb en Tunisie et en Egypte voire le Maroc qui subit une pleine réforme constitutionnelle. Le géant de l’Afrique que gère aujourd’hui John Goodluck Jonathan en succédant à Umaru Yar’ adua après sa mort n’arrive plus à surveiller efficacement l’ensemble de son territoire nationale puisque Boko Haram contrôle une bonne partie des Etats fédéraux du nord et fait sa loi en imposant la loi islamique (le charia). A cause de la faiblesse notoire de l’armée nigériane alors que sa richesse pétrolière dont les revenus sont colossaux ne pourrait que confirmer sa grandeur et sa première puissance en Afrique que si les autorités du pays étaient prévoyants pour doter l’armée des moyens logistiques et armements modernes adéquats pouvant mettre hors d’état de nuire cette force diabolique que sont les Boko Haram avant qu’il ne soit tard aujourd’hui. Goodluck Jonathan qui est candidat à sa propre succession en février 2015 n’arrive pas, depuis qu’il occupe le fauteuil présidentiel à gérer cette situation qui pourrisse et se propage dans la sous-région d’Afrique centrale. Très préoccupé par le futur présidentiel nigérian, il a brillé par la politique de chaise vide au forum sur la paix et la sécurité. Boko Haram ne s’est pas seulement limité au niveau du Nigéria pour démontrer sa capacité de nuisance en cherchant de déstabiliser plusieurs pays africains. Le président camerounais Paul Biya qui est en guerre contre Boko Haram depuis les exactions commises sur son territoire par les hommes de cette secte islamique a évoqué la situation aggravante lors du XVème sommet de la francophonie à Dakar et n’a cessé d’en appeler à la solidarité africaine même au-delà de nos frontières africaines puisque la problématique du terrorisme est mondiale. C’est tous les pays de la planète qui sont menacés et en danger.

En Centrafrique, la France qui depuis lors, est le gendarme absolu de ce territoire d’Afrique situé au cœur du continent est le responsable numéro 1 du malheur du peuple centrafricain et du drame humain tant décrié qui provient de l’instabilité depuis les années 60. Plusieurs coups d’Etat ont eu lieu en République centrafricaine sans la non-ingérence de la France qui est connue pour son rôle de pyromane. L’opération Sangaris est prise à partie durant les derniers événements dramatiques causés par la rébellion séléka et les milices antibalaka qui ne cessent de couler d’encre et salive. La France est toujours présente où l’Afrique se réunit pour débattre des problèmes de paix et de sécurité. Concernant la situation sécuritaire et humanitaire en Centrafrique qui s’est dégradée, le président tchadien qui a géré le dossier centrafricain sur le plan militaire en sa qualité de président de la CEEAC avant de passer le flambeau au congolais Denis Sassou Nguesso, coordonnateur national de la crise centrafricaine, dans une interview accordée à une média du continent n’est pas passé par quatre chemins pour pointer du doigt la France qui serait le principal manipulateur du conflit inter-centrafricain qui perdure.
En 2013, la rébellion séléka était appuyée par la France pour faire partir le général François Bozizé du pouvoir. Il en est suivi des assassinats, des tueries, des viols et pillages, de la profanation, des exactions de tout genre commis par les rebelles de séléka contre les populations jusqu’à la révolte d’un groupe de milice dénommé « antibalaka » qui se lance dans une vengeance aveugle et inadmissible contre la communauté musulmane. Depuis le 05 décembre 2013 jusqu’à la démission de l’ex-président de la transition Michel Djotodia, la situation était génocidaire. Les forces africaines de la CEEAC n’avaient pas pu neutraliser les sbires de l’ancien président en exil au Bénin. A sa démission, le président français François Hollande a déclaré qu’on ne peut aider quelqu’un qui n’a pu rien faire au pouvoir. L’armée africaine en miniature a failli à sa mission jusqu’à leur passage au sein des forces onusiennes qui encore, jusque-là, n’arrivent pas à  désarmer les séléka et les antibalaka selon les articles prévus dans les dernières résolutions prises par l’ONU en faveur de la République centrafricaine pour que la paix et la sécurité soient rétablies.

Des milliers d’armes de guerre et de petit calibre circulent abondamment en Centrafrique depuis la crise récurrente. Alors que la Centrafrique est pays membre à part entière de la Conférence des Grands Lacs  qui depuis lors peinent à atteindre les mêmes objectifs recherchés par le forum de Dakar qui sera désormais annuel. La Conférence n’a pas réussi à désarmer les rebelles qui écument les régions et ramasser toutes les armes qui circulent dans ces pays dont le Rwanda, le Burundi, le RD Congo où se trouvent les forces onusiennes et dont les conflits armés n’ont pris fin, le Congo Brazzaville, l’Angola, pour ne citer que ces pays. La Conférence des Grands Lacs regroupe plus de dix pays mais l’éternel problème est toujours sur la table de discussion. Avec la crise congolaise qui perdure dans la région sud de la République Démocratique du Congo, la Conférence des Grands Lacs est fatiguée. Le Sénégal qui se passe pour le pionnier de ce forum international pour la paix et la sécurité en Afrique n’est-il pas un pion joué par la France pour semer du désordre et en tirer profit pendant la guerre? Puisqu’on dit souvent qu’en politique il n’y a pas d’amis. Ce sont les intérêts qui priment. L’odeur des puits du pétrole sénégalais découverts auraient déjà attiré les pyromanes qui sont prêts à provoquer d’autres conflits armés dans la sous-région d’Afrique de l’Ouest. Il va sans dire que la crise centrafricaine qui est loin de prendre fin est due au problème d’exploitation du pétrole de Birao dont le puit se trouve au nord du pays à la frontière avec le Soudan et le Tchad. Dakar doit doubler de vigilance pour assurer la prévention des menaces.

La paix n’a pas de prix, et sans la paix certes, il n’y aura pas développement. Les dirigeants africains doivent cesser aussi d’être des manipulés en faveur de la France et en défaveur de leurs peuples qui ont besoin d’être en sécurité pour une paix durable. Il faut bien entendu créer des conditions y relatives en dotant suffisamment les armées des moyens adéquats pour la sécurisation du territoire et la défense des peuples en cas d’attaques des envahisseurs agresseurs. Les milliards africains détournés par les présidents en poste installés et placés dans des paradis fiscaux doivent revenir en Afrique pour une armée commune digne de ce nom si nous avons bien l’ambition de créer une armée africaine d’intervention rapide pour éteindre le feu là où se trouve l’ennemi. Faut-il encore qu’il y ait entente et détermination entre les chefs d’Etat africains qui ont montré leur faiblesse devant le président français François Hollande lors
du dernier sommet de la francophonie tenu à Dakar.

Pierre-INZA

Pierre INZA

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