Haut-Karabakh: les combats s’intensifient sur la ligne de front, les civils fuient vers l’Arménie

Un militaire de l'armée de défense du Haut-Karabakh tire une pièce d'artillerie vers des positions azéries lors des combats dans la région séparatiste du Haut-Karabakh, le 28 septembre 2020. Handout / Armenian Defence Ministry / AFP

 

Touchée à plusieurs reprises la veille par des bombardements azerbaïdjanais, Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh, a vécu une nuit plus calme mais les affrontements ont été violents ce samedi sur la ligne de front, selon les autorités arméniennes et séparatistes.

 

Le président du territoire séparatiste, Arayik Haroutiounian, a déclaré aux journalistes que la « dernière bataille » pour le Haut-Karabakh avait commencé, ajoutant, vêtu d’une tenue de camouflage, qu’il rejoignait le front pour combattre aux côtés de ses troupes. Cinquante et un soldats supplémentaires de l’armée du Haut-Karabakh sont décédés dans les combats, ont annoncé les autorités arméniennes ce samedi.

L’armée séparatiste « a réussi à arrêter l’attaque à grande échelle de l’ennemi », a de son côté indiqué, sur sa page Facebook, la porte-parole du ministère arménien de la Défense, Chouchan Stepanian, qui a évoqué de « violents combats », ajoutant que « les forces arméniennes [avaient] lancé une contre-offensive sur un des points du fronts ».

Bataille de communication

L’armée azerbaïdjanaise a affirmé que 19 villages azerbaïdjanais avaient été la cible de tirs arméniens dans la nuit et assuré prendre des « mesures de riposte résolues », revendiquant notamment la prise de positions séparatistes.

Depuis le début des hostilités, seuls des bilans partiels sont communiqués, faisant état au total de 191 morts : 158 soldats du Haut-Karabakh, 14 civils arméniens, et 19 civils azerbaïdjanais, Bakou ne communiquant pas ses pertes.

Chaque camp revendique en revanche des succès démentis par l’autre et fait état de centaines de soldats ennemis tués chaque jour. Les Arméniens assurent ainsi que plus de 3 000 soldats azerbaïdjanais ont péri depuis la reprise des hostilités le 27 septembre, Bakou disant avoir tué 2 300 militaires arméniens.

Les civils fuient vers Erevan

Au Haut-Karabakh, de plus en plus de civils quittent la zone pour rejoindre Erevan, la capitale arménienne,rapporte notre envoyée spéciale, Anissa El Jabri.

« Je n’ai pris que les choses importantes : des vêtements et des affaires de toilette. Je suis née ici, j’ai grandi ici, j’y ai fait mes études et je suis diplômée de cette université et oui c’est la première fois que je quitte mon pays. Je le fais vraiment parce que je crois que je n’ai pas le choix. Je ne sais pas combien de temps je vais être partie mais dès que la situation s’améliore, je reviens », raconte à RFI une femme qui attend de pouvoir embarquer dans une camionnette direction Erevan.

A côté d’elle, un groupe de trois femmes observe les départs à la chaîne. « Nous on ne part pas. On n’ira nulle part. On reste sur nos terres », explique l’une d’entre elle.

Ces femmes sont de la génération qui a vécu la guerre des années 90. Comme beaucoup d’Arméniens d’Azerbaïdjan, elles ont fui ce pays pour rejoindre le Haut-Karabakh lorsque le territoire a proclamé son indépendance.

 

Par RFI