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Grève générale au Soudan: des manifestations à Khartoum

Soudan des employé(e)s manifestent devant la Bank of Khartoum dans la capitale soudanaise en ce premier jour de grève générale le 28 mai 2019. CopyrightAFP

 

 

Le Soudan entame, ce mardi 28 mai, deux jours de grève générale. Depuis la chute du président Omar el-Béchir, les militaires qui ont pris le pouvoir sont en négociation avec les civils. Un dialogue suspendu pour cause de désaccord autour du Conseil souverain, l’organe qui doit diriger le pays durant la transition jusqu’aux prochaines élections. L’activité est effectivement ralentie depuis ce matin.

Il y a beaucoup de manifestations en divers endroits de la capitale soudanaise. Des employés d’entreprises privées, des banques, assurances, de ministères, d’institutions privées et publiques, sont dans la rue avec des pancartes pour montrer qu’ils sont en grève.

Ils chantent, ils crient les slogans de la révolution, et les voitures qui passent klakonnent pour montrer leur soutien, avec les passagers qui font le V de la victoire en passant ou brandissent des drapeaux soudanais.

Les grévistes disent profiter d’une liberté retrouvée, d’une parole libérée, et espère faire plier les militaires, notamment dans l’obtention d’un gouvernement civil pendant la transition.

Au ministère de l’Eau, une comptable d’une soixantaine d’années a raconté à RFI qu’elle n’avait pas fait grève depuis 1985 lorsqu’elle était au lycée, rappelant que du temps d’Omar el-Béchir, la grève était quasi impossible car l’appareil sécuritaire était partout, et réprimait. Un ingénieur gréviste nous a précisé qu’un service minimum était en place pour continuer à approvisionner la population en eau.

Même chose au Fonds soudanais d’approvisionnement en médicaments, dont 90% des employés ont débrayé ce matin, selon nos informations.

L’ampleur du mouvement est difficile à évaluer

L’ampleur exacte de la grève est difficile à évaluer. Beaucoup de boutiques, magasins sont fermés certes, mais on est en plein ramadan, donc l’activité en journée est naturellement plus faible.

Khartoum n’est pas une ville fantôme, des véhicules circulent, des magasins notamment de nourriture sont ouverts, mais on sent quand même un engouement pour cette grève, une fierté d’être Soudanais, de s’exprimer, de revendiquer ses droits, et enfin un espoir de voir les militaires fléchir.

De nombreux secteurs avaient annoncé leur soutien au mouvement

Depuis la semaine dernière, les syndicats de multiples secteurs avaient annoncé leur soutien à la grève. L’Association des professionnels a publié un grand nombre de communiqués de soutien. Beaucoup de corporations, les secteurs médical, pétrolier, bancaire, entre autres, avaient clairement affiché leur volonté de faire grève. Le syndicat des pilotes de ligne aussi. L’aéroport de Khartoum fonctionne au ralenti ce matin, avec des vols annulés…

Les militaires avaient pourtant menacé. Le général Hemeti, le numéro deux de la junte, avait promis le licenciement des grévistes et annoncé que les non grévistes, eux, percevraient un triple salaire. Beaucoup de Soudanais ont répondu en défiant ce puissant chef militaire. « Trois mois de salaire ? Ça ne ramènera pas les morts », ont ainsi écrit les dentistes.

Certains le provoquent même, parfois avec humour. Un informaticien a posté une capture d’écran demandant à Hemetti de venir finir ses lignes de code, parce que lui était en grève.

Les putschistes cèderont-ils ? Selon l’ALC, les soldats exigent les deux-tiers des postes au Conseil souverain, ce qui n’est pas acceptable pour les civils. Hemeti, lui, a déclaré être prêt à rendre le pouvoir mais que l’opposition n’était pas sérieuse et voulait confiner les soldats dans un rôle purement symbolique.

 

Par : RFI

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