Colère après un nouveau décès dans un commissariat au Tchad

Publié le 28 mai 2019 , 9:07
Mis à jour le: 28 mai 2019 9:07 am
Un contrôle de la police à Ndjamna au Tchad. DW.

 

 

Un jeune homme est mort, en fin de semaine dernière, lors de son passage dans un commissariat de N’Djemana. Ce n’est pas le premier cas, ce qui provoque la colère des associations de défense des droits de l’homme.

C’est un fait-divers tragique qui provoque une grande colère dans la population. Un jeune homme est mort dans un commissariat de N’Djamena, le week-end dernier, après avoir été torturé. Ce nouveau décès, le second en un mois, a entrainé l’arrestation de deux officiers de police et d’un agent des renseignements. Les cas de violences et tortures dans des commissariats se répètent ces derniers temps. Une situation que dénoncent les associations de défense des droits de l’homme tchadiennes.

Actes de tortures

La dernière affaire en date a débuté le 25 mai dernier quand le commissariat de sécurité publique du 7e arrondissement, informé d’un cas de meurtre, dépêche des policiers sur le terrain. Deux jeunes, Yaya Daoud et Abdoulaye Awad, seront interpellés et conduits dans ce même commissariat. Ils seront soumis à des actes de torture lors de leur interrogatoire jusqu’à ce que l’un des deux décède. Deux officiers de police et un agent des renseignements impliqués dans cette affaire ont été interpelés.

Ces deux policiers répondront de leurs actes devant la justice, a expliqué le premier substitut au procureur de République, Gérard Nédeou. “Nous avons ordonné l’arrestation sinon la mise à la disposition de la justice de trois personnes à savoir : le chef d’antenne de l’Agence nationale de sécurité (ANS) Mahamat Abderamane Yaya, le commissaire premier adjoint du CSP 7 en la personne de Abdelkrim Hassan et un officier de policier judiciaire du nom d’Ousmane Patcha Kerime”, a-t-il expliqué. “Ils vont répondre des accusations d’actes de tortures qui sont prévus et punis par le code pénal”. Et de mettre en garde : “Dorénavant, tout acte de torture, tout acte de sévice corporel qui adviendrait exposera leurs auteurs à des sanctions dignes de ce nom.”

Des précédents

Avant la mort de ce jeune garçon, le 24 mai, toujours dans le même commissariat de sécurité publique du 7e arrondissement, une femme dont le prénom est Marie-Thérèse a été torturée par le même commissaire adjoint. Le 8 mai dernier un jeune garçon, prénommé Gérard, avait également trouvé la mort, cette fois dans le commissariat de sécurité publique du 6e arrondissement, après six jours de détention.

Face à la multiplication des actes, Maitre Salomon Nodjitoloum, avocat au barreau du Tchad et président de l’Action chrétienne pour l’abolition de la torture section Tchad, ne dissimule pas sa colère. “Les bavures policières ont atteint le seuil de l’intolérable”, estime-t-il. “On nomme des gens qui ne sont pas compétents, des gens qui ne savent pas ce qu’il y a lieu de faire, qui maintiennent des gens au-delà du délai de garde à vue et qui les torturent dans des conditions qui causent parfois des décès.” Maitre Salomon Nodjitoloum déplore aussi que “le procureur ne visite même  pas les lieux de détention pour détecter des cas de dépassement de délai de garde à vue”. Pour lui, “l’État est en train de démissionner devant ses responsabilités.” 

Très touché également par cette situation, François Djekombé, président d’un parti d’opposition, écrit sur son compte Facebook : “Les commissariats de N’Djamena sont des mouroirs, entrez-y et on vous conduira au cimetière ou bien vous en sortez les dents cassées.

Outre ces cas de tortures et les sévices corporels, les prévenus sont souvent détenus dans des conditions déplorables caractérisées par la promiscuité et le manque d’hygiène.

 

Par Blaise Dariustone

Avec DW

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