Grèce : Une catastrophe climatique en cours

Publié le 5 août 2021 , 11:34
Mis à jour le: 5 août 2021 6:35 pm

Grèce : Une catastrophe climatique en cours

Bangui ( République centrafricaine ) – La Grèce se bat depuis des jours contre le feu. Un combat qui pourrait se répéter à l’avenir si des mesures ne sont pas prises rapidement.

Chaque jour, Stergios Karavatos se rend à Seih Sou en compagnie de Tara, sa chienne. L’immense zone forestière de près de 3.000 hectares est le poumon vert de Thessalonique, la deuxième plus grande ville de Grèce. Ces derniers temps, une longue et agressive vague de chaleur a plongé le pays dans le marasme. En effet, le thermomètre dépasse régulièrement la barre des 40 degrés.Alors que le soleil transforme actuellement la ville du nord du pays en four, Stergios Karavatos et sa chienne respirent un peu mieux sur les collines de Seih Sou. Ici aussi, il fait chaud, mais il y a tout de même une légère brise qui remue la poussière sèche. Une petite étincelle suffirait néanmoins pour que ce morceau de forêt s’enflamme aussi. Il y a quelques semaines, un incendie s’est déclaré dans les environs immédiats ; les pompiers ont toutefois pu le maîtriser au bout de quelques heures. L’origine du feu est toujours inconnue à ce jour. “Probablement un mégot de cigarette”, spécule un pompier qui surveille la forêt.90% des incendies sont causés par des accidentsStergios Karavatos est agacé par le comportement imprudent de ses semblables. La WWF, organisation de protection de l’environnement, assure qu’en Grèce, 90 % des feux de forêt sont causés par des accidents. Il y a quelques semaines, un apiculteur a été arrêté à Athènes pour avoir brûlé des feuilles en plein été. Il est aujourd’hui soupçonné d’avoir déclenché un incendie majeur. Pour Karavatos, cependant, la responsabilité commence bien avant : “Nous devrions au moins veiller à ne pas jeter de déchets dans la forêt, que ce soit du verre, des boîtes de conserve, ou même un morceau de plastique”, estime-t-il. “Car avec cette chaleur, et vu comment le soleil est intense, les incendies peuvent être provoqués par de simples déchets”.Stergios Karavatos se souvient encore très bien du 7 juillet 1997 : “Il faisait si chaud qu’on pouvait à peine respirer. Puis d’énormes nuages de fumée se sont élevés de la forêt et en un rien de temps, elle s’est embrasée. Plus de la moitié de la forêt a brûlé ce jour-là”. Le climat de Thessalonique a sensiblement changé au fil des ans, souligne-t-il. À l’heure, près de 30% de la superficie forestière d’origine a disparu.A la périphérie d’Oraiokastro, un village voisin, Stergios Xrysikos tient un restaurant avec son frère. Ici, la forêt et la ville ne font qu’une. Une mer de pins odorants s’étend derrière la terrasse des invités. Mais à la vue de nombreuses images d’incendies qui défilent sur les écrans de télévision dans toute la Grèce, Stergios Xrysikos sait que le feu peut à nouveau se déclarer ici à tout moment. “Nous avons peur. Nous essayons de garder la forêt propre, mais ça reste dangereux”.Au fil du temps, les températures extrêmes ont desséché la flore locale, ce qui augmente considérablement le risque d’incendie. “Chaque année, nous plantons 20 à 30 nouveaux arbres”, explique le restaurateur en montrant les arbres frais juste derrière son restaurant. Selon lui, tout le monde à sa part de responsabilité dans cette situation. À Langadas, à 20 kilomètres de là, le mercure a atteint 47 degrés ces derniers jours. Il n’a pas plu depuis des semaines. De plus, un incendie s’est récemment déclaré à cinq minutes en voiture du restaurant de Stergios Xrysikos. Ce dernier espère donc que tout le monde comprend la gravité de la situation.Les communes ont besoin d’aideUne chose est sûre : les municipalités grecques sont confrontées à une bataille difficile. Pantelis Tsakiris le sait aussi. Pour le maire d’Oraiokastro, la protection contre les incendies arrive en tête de l’agenda politique. Les images récentes des incendies dévastateurs à Rhodes, des maisons en feu dans la péninsule du Péloponnèse ou des épais nuages de fumée au-dessus d’Athènes l’inquiètent grandement.Car tous ces événements ne sont pas sans rappeler la catastrophe de l’incendie de Mati, en 2018. La ville entière avait alors brûlé et 102 personnes ont perdu la vie. “Une telle chose ne doit plus jamais se reproduire”, souligne Pantelis Tsakiris, qui en appelle à la responsabilité des citoyens et plaide pour des programmes éducatifs qui mettent la protection du climat et des forêts au premier plan. “Il faut que tout un chacun comprenne que la forêt est notre maison”.Bien évidemment, c’est aussi une question d’argent. En tant que maire, Pantelis Tsakiris a obtenu un financement de 1,5 million d’euros pour permettre à sa commune d’Oraiokastro de s’équiper des dernières technologies, comme des caméras thermiques et des drones qui seront utilisés pour la prévention des incendies à partir de l’année prochaine. Malgré tout, cela n’est pas suffisant. “Nous avons besoin de toute urgence d’un soutien financier pour maintenir la forêt propre. En tant que municipalité, nous n’avons par exemple pas la capacité de ramasser toutes les branches sèches”. Car il s’agit, selon lui, d’une partie essentielle des mesures de prévention des incendies. C’est une tâche permanente pour laquelle il n’y a tout simplement pas de budget : “Nous avons besoin de l’aide de l’État pour cela”, avance le maire.En raison de la sécheresse, de simples déchets peuvent créer de gigantesques incendiesUne mauvaise gestion administrativeLa Grèce se trouve actuellement en état d’urgence. Les gens commencent à comprendre ce que la catastrophe climatique signifie pour leur pays et leur vie. De nouveaux incendies graves se déclarent chaque jour – plus de 100 en 24 heures. Pour Takis Grigoriou, de l’ONG Greenpeace, ce n’est pas une surprise. Face à cette situation, il est particulièrement déçu par l’agenda européen sur le climat. “Les scientifiques disent que l’Europe doit réduire ses émissions de CO2 de 65 à 70 %”, car l’objectif de l’UE fixé à 46 % ne sera pas suffisant. “Il y aura des incendies plus fréquents et aussi beaucoup plus intenses. Une grande partie de l’effort consiste donc à faire les bonnes préparations”, estime Takis Grigoriou.Ces préparations consistent en la protection et l’entretien intensifs des forêts grecques. À l’heure actuelle, rien n’a été fait, même de manière rudimentaire. Par conséquent, le risque d’incendies en été est encore plus élevé. En outre, les pompiers bien formés ont besoin d’urgence de plus de véhicules et d’une administration appropriée. “Lors des incendies précédents, nous avons constaté une mauvaise communication et une mauvaise gestion au niveau administratif, ce qui a eu des conséquences désastreuses”, rapporte Takis Grigoriou. Selon lui, il est temps d’attribuer les rôles de direction en fonction de l’expertise plutôt que de la motivation politique.Les incendies dans le sud-est de l’Europe

Avec DW français

{CAPTION}
{CAPTION}

Aucun article à afficher