Gilets jaunes : la place d’Italie panse ses plaies au lendemain des violences

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Bangui (République centrafricaine ) – 17 nov. 2019 16:04

Dégradée, malmenée, profanée, la statue du maréchal Juin qui trône au centre de la place d’Italie (13e arrondissement), à Paris depuis 1983, est malgré tout restée debout. En ce dimanche matin, au lendemain des violences qui ont émaillé pendant plusieurs heures ce petit bout de Paris, lors de l’acte 53 du mouvement des Gilets jaunes, les stigmates sont encore très présents. Et les rancœurs importantes : « En voyant la statue, j’ai failli pleurer », confie Claudine, employée à la CAF qui a fait tout le chemin depuis le 14e arrondissement pour constater elle-même les dégâts.

Abribus détruits, façades de magasins fissurées
Pas très loin une carcasse de voiture brûlée, sans doute le reste d’une Renault Clio, attend d’être évacuée. Même si le gros des dégâts a déjà été nettoyé par les agents de la ville de Paris, sur le sol, éparpillée, de la caillasse et des résidus de bombes lacrymogènes et de grenades de désencerclement.
Autour de la place, malheureusement, ce sont les mêmes scènes qui apparaissent. Avec ses abribus détruits, ses vitrines de banques et de distributeurs de billets attaqués et ses façades de magasins fissurés ou tagués. « Papa je suis casseuse », revendique bravache, cette inscription écrite en rose. Partout le symbole des anarchistes ou l’acronyme anglais ACAB (« All cops are bastards ») que l’on pourrait traduire par « Tous les flics sont des connards ».
Le centre commercial a été évacué et fermé
Les portes vitrées du centre commercial d’Italie 2, ouvert ce dimanche, sont fissurées : « Elles ont cédé, raconte un agent de sécurité du magasin, présent ce samedi. Les manifestants ont utilisé des petits piolets puis jeté des pavés sur les vitres. Nous nous sommes réfugiés à l’intérieur du centre. Nous avons eu peur ». Mais entre-temps, Italie 2 a été évacué.
« Nous avons pris cette décision quand nous avons constaté que le rassemblement dégénérait, raconte Péguy Guchet, directrice ajointe du magasin, rencontrée sur place ce dimanche. Et le centre a été fermé toute la journée. Heureusement que les policiers sont arrivés rapidement et qu’ils ont empêché qu’il ne soit envahi. »
Si les dégâts devraient, à Italie 2, se chiffrer au moins à plusieurs milliers d’euros pour les portes vitrées, sans compter la perte du chiffre d’affaires de la journée de samedi, ils restent modérés par rapport à ceux du 5 octobre. Ce jour-là, des militants d’ Extinction Rebellion avaient pénétré et occupé le hall du centre commercial pendant plusieurs heures. Ils souhaitaient dénoncer la société de consommation et son impact sur l’environnement.
Des slogans sur la mobilisation du 5 décembre
Adjacent à Italie 2, l’hôtel Citadines pose des plaques de contreplaqué pour protéger ses fenêtres abîmées. « Nous avons eu peur, concède Sakou et Ali, les deux agents de sécurité de l’établissement. Pendant au moins 30 minutes, ils ont essayé de rentrer. C’était très chaud, on a confiné les clients à l’intérieur. C’était trop dangereux de sortir. »
Moins de 24 heures après les échauffourées, l’odeur âcre des gaz lacrymogène et de la poudre est encore présente. Mais déjà, des slogans inscrits sur les cabanes de chantiers de cette place, actuellement en rénovation, annoncent la suite : « Tremblez », « 5/12, retraite anticipée pour Macron ». Une allusion à la grande manifestation du 5 décembre contre la réforme des retraites. Plusieurs syndicats et plusieurs professions appellent à manifester dont les cheminots de la SNCF et les agents de la RATP. Quant à l’Elysée, elle a promis de reconstruire la stèle dédiée au Maréchal Juin dans les plus brefs délais.
En attendant, le maire (PS) du XIIIème, Jérôme Coumet, invite ceux qui le souhaitent à un « rassemblement républicain », ce lundi à 12h15 sur le parvis de la mairie.


Avec BBC Afrique

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