Gamboula : Un maître boucher grièvement blessé par un bœuf en furie

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.
Lundi 3 mars 2025, une journée qui s’annonçait ordinaire pour Salih Moumini, un maître boucher de 40 ans, a viré au cauchemar dans la petite ville frontalière de Gamboula. Père de deux enfants et marié, Salih cumule 23 ans d’expérience dans un métier qu’il maîtrise depuis son plus jeune âge. Mais ce jour-là, un bœuf récalcitrant lui a rappelé combien ce travail peut être imprévisible et dangereux. Gravement blessé au niveau des testicules après une violente attaque de l’animal, il lutte aujourd’hui pour se remettre, sous les soins de l’hôpital de district sanitaire de Gamboula. Retour sur un drame qui aurait pu coûter la vie à cet homme aguerri.
Une matinée comme les autres… jusqu’au chaos
Il est tôt ce lundi matin lorsque Salih Moumini, accompagné de trois collègues dont son petit-cousin, se rend à l’abattoir local pour y conduire un bœuf destiné à l’abattage. Comme souvent dans ce métier, la tâche exige force, coordination et une bonne dose de sang-froid. Salih, habitué à manipuler ces bêtes imposantes, prend la tête de l’opération. Il saisit la corde attachée au cou de l’animal, tandis que son cousin, positionné à l’arrière, tient une seconde corde nouée à une patte du bœuf. Deux autres compagnons les assistent, veillant à ce que tout se passe sans accroc.
Mais rien ne se déroule comme prévu. Alors que le groupe progresse vers l’abattoir, le bœuf, peut-être effrayé par l’odeur du sang ou le bruit ambiant, commence à s’agiter. « On avançait tranquillement, et d’un coup, il s’est énervé », raconte Salih depuis son lit d’hôpital. L’animal tire violemment sur la corde, qui glisse des mains de Salih, malgré ses efforts pour la retenir. Dans un mouvement brusque, le bœuf se retourne et charge le cousin à l’arrière. Paniqué, ce dernier lâche sa corde et se jette dans les hautes herbes bordant le chemin pour échapper aux cornes menaçantes.
Libéré de toute entrave, le bœuf s’enfuit à travers champs, traversant une rivière et filant vers un pont voisin. Sans hésiter, Salih et ses compagnons se lancent à sa poursuite, bien décidés à ramener l’animal sous contrôle. « On courait tous derrière lui, on ne pouvait pas le laisser partir comme ça », explique-t-il. Mais alors que la traque s’intensifie, le destin bascule.
L’attaque fulgurante
Caché dans les herbes, le petit-cousin de Salih, qui a échappé de justesse à l’assaut initial, repère soudain le bœuf revenant à pleine vitesse. « Il m’a crié : ‘Attention, il est derrière toi !’ », se souvient Salih. Lorsqu’il se retourne, il est déjà trop tard : l’animal, à moins d’un mètre, fonce sur lui, cornes en avant. Déséquilibré, Salih chute lourdement au sol. Le bœuf, dans sa rage, le percute de plein fouet, déchirant son pantalon d’un coup de corne et lui infligeant une blessure atroce au bas-ventre.
« Il m’attaquait encore et encore. J’ai senti la douleur, mais je savais que si je lâchais, c’était fini », confie-t-il. Porté par un instinct forgé par des années passées au milieu des bêtes, Salih parvient à agripper une corne, puis l’autre, luttant de toutes ses forces pour immobiliser l’animal. Alertés par ses cris, ses collègues accourent et parviennent enfin à maîtriser le bœuf, le tirant loin de leur ami ensanglanté. « Sans eux, je ne serais pas là pour raconter ça », souffle-t-il, reconnaissant.
Sur le sol, Salih est en état de choc. Son pantalon en lambeaux révèle une plaie béante au niveau des testicules. Le sang coule abondamment, et la douleur est insupportable. Mais il est vivant, et c’est tout ce qui compte à cet instant. Ses compagnons le transportent en urgence vers l’hôpital de district de Gamboula, à quelques kilomètres de là.

Une intervention chirurgicale d’urgence
À son arrivée à l’hôpital, Salih est pris en charge par Gassi Aubin, un infirmier diplômé d’État expérimenté. Le diagnostic est alarmant. « On nous a amené un homme avec une plaie très grave au niveau des testicules », témoigne l’infirmier. « Le scrotum était déchiré, un cordon spermatique sectionné, et un testicule pendait à l’extérieur. C’était impressionnant». Sans perdre de temps, l’équipe médicale conduit Salih au bloc opératoire.
L’intervention est longue et délicate. « On a nettoyé la plaie, recousu les tissus déchirés. Ça a pris plus de trente points de suture », détaille Gassi Aubin. Malgré la gravité de la blessure, le pire est évité. « Quand on a fini, son état était stable. Il n’y avait plus de danger immédiat », ajoute-t-il avec un léger soulagement. Salih est ensuite placé sous surveillance, avec des pansements réguliers pour éviter toute infection. Deux jours plus tard, il reste hospitalisé, en voie de rétablissement, mais toujours affaibli par la douleur et le traumatisme.
Un métier à haut risque
Cet accident n’est pas rare. Le travail des bouchers, surtout dans des contextes ruraux comme à Gamboula, expose quotidiennement ces artisans à des dangers bien réels. « Manipuler un bœuf vivant, c’est toujours risqué », explique Gassi Aubin. « Ces animaux sentent qu’on va les tuer, ils deviennent nerveux, imprévisibles ». Pour lui, l’expérience de Salih est un avertissement clair. « Il faut être prudent, toujours. Ce jour-là, il a eu de la chance que ses amis soient là pour l’aider ».
Salih, lui, ne blâme personne. « C’est le métier, c’est comme ça. Je suis né avec les bœufs, je sais qu’ils peuvent faire ça », dit-il, philosophe. Pourtant, il reconnaît que la situation aurait pu être évitée. « Peut-être qu’on aurait dû mieux tenir les cordes, ou ne pas courir derrière lui comme ça. Mais sur le moment, tu ne penses pas, tu agis. »
Des leçons à retenir
Interrogé sur les conseils à donner à ses collègues bouchers, Gassi Aubin insiste sur la vigilance. « Avant de déplacer un animal, regardez s’il est agité. Si oui, prenez vos précautions. Et ne travaillez jamais seul ». Il évoque aussi l’idée d’utiliser des outils plus robustes – des cordes solides, des licols adaptés – pour limiter les risques. Salih, de son côté, promet de redoubler d’attention à l’avenir, même s’il sait que le danger fait partie de son quotidien.
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