La perte du Secrétariat Général de l’OIF annonce la chute des dictateurs africains et également un danger dans l’espace francophone
Dakar (Corbeau News Centrafrique): 04-12-2014. C’est dans un climat de guéguerre politique assourdissant que le XVème sommet des chefs d’Etat de l’espace francophone s’est déroulé à Dakar, capitale du pays (Sénégal) du Secrétaire Général sortant Abdou DIOUF qui cède son fauteuil à la canadienne Michaëlle Jean, qui, enthousiasmée après sa victoire le 30 novembre 2014 a déclaré de faire de l’OIF un espace francophone moderne.
A travers les discours lors de la cérémonie d’ouverture, on relève ce climat de polémique ou du moins de mésentente entre les chefs d’Etat et de gouvernement qui ne dit pas son nom. Il est rare de voir le président tchadien dire un discours à des moments pareils sans soulever la tête et avec une voix peu claire et non imposante comme si le président Deby en venant au dernier sommet n’était pas en bonne santé ou soit choqué par un comportement inamical d’un de ses pairs. Le débat sur le choix du successeur d’Abdou DIOUF qui part à la retraite ne semble pas être un problème pour Idriss DEBY ITNO qui a été plat dans son discours malgré qu’il a soulevé comme tant d’autres chefs d’Etat le problème du terrorisme qui menace la sous-région d’Afrique centrale avec la montée en puissance de la secte islamique Boko Haram. Au lieu de deux jours qu’il faut passer à Dakar, le chef de l’Etat tchadien est rentré dans son pays dans l’après-midi après la cérémonie d’ouverture du sommet. Des dossiers lourds concernant la sous-région ont été soulevés par le président camerounais Paul BIYA qui a interpellé ses homologues d’être solidaires dans la lutte contre Boko Haram et la fièvre hémorragique Ebola qui fait rage dans certains pays d’Afrique de l’ouest. La situation du Lac Tchad a été évoquée par le président camerounais mais ce n’était pas à l’ordre du jour du XVème sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement de la francophonie. Toutefois, ça vaut la peine de l’évoquer pour interpeller la solidarité internationale.
Psychologiquement, les chefs d’Etat francophones sub-sahariens ont été frappés par la mise en garde du président français François HOLLANDE à la veille du sommet dans son discours tenu à Conakry sur l’ambition de la plupart des présidents africains francophones qui vise à modifier la constitution de leur pays. Ce dernier a félicité par contre l’acte posé par le peuple burkinabé à travers l’insurrection populaire qui a fait fuir l’ancien président Blaise Compaoré du pouvoir. L’exemple burkinabé doit servir de leçon en Afrique a-t-il déclaré avant de fouler le sol du pays de la Téranga. Le président congolais Denis SASSOU NGUESSO qui a présenté son candidat Henri LOPEZ ne lâche pas prise. Car, pour lui, et ses inconditionnels ethnicisés, le « Congo n’est pas le Burkina ». Le XVème sommet de la francophonie n’était qu’une tribune des chefs d’Etat et de gouvernement qui se regardaient en chiens de faïence, il faut le.dire Idriss DEBY, après avoir quitté Dakar dans la fin de l’après-midi le premier jour sans participer au choix du successeur d’Abdou DIOUF, c’est au tour de SASSOU NGUESSO de quitter la salle, front plié le deuxième jour après l’échec du candidat congolais. Tout est préparé à l’évidence pour que les chefs d’Etat africains soient déçus pour leur ambition antidémocratique et renoncent à leur projet de modification de la constitution. Il n’y a pas eu d’élection mais plutôt un consensus autour de la candidature de la canadienne Michaëlle Jean qui aura à élaborer de nouvelles stratégies pour la modernisation de l’espace francophone en tenant compte des enjeux économiques qui se dégagent à travers le thème du sommet : « femmes et jeunes en francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement ». Depuis le sommet de Kinshasa, la nouvelle patronne de l’OIF n’a pas dormi sur ses lauriers. Elle a pris son bâton de pèlerin pour rencontrer bon nombre de chefs d’Etat et de gouvernement francophone et en particulier le président français François HOLLANDE avec qui le lobby s’est construit afin que sa victoire puisse se concrétiser à Dakar face aux quatre hommes qui se sont opposés à elle. les présidents gabonais et congolais, Ali BONGO et Joseph KABILA avaient emboîté le pas à Idriss DEBY avant le dîner offert par le président Macky SALL. La discussion sur le choix du futur Secrétaire Général de l’OIF a aggravé la tension et vu le retrait du président ivoirien Alassane OUATTARA avant que le consensus soit trouvé, suivi du président équato-guinéen Théodoro OBIANG NGUEMA qui était d’abord mécontent pour le fait qu’on ne lui a pas donné la parole à l’ouverture du sommet et de surcroît le complot qui s’est monté pour que Michaëlle Jean surclasse les autres candidats. Avant le sommet de huis clos tenu le deuxième jour, un mini huis clos a eu lieu en coulisse entre François HOLLANDE, Macky SALL et Denis SASSOU NGUESSO pour convaincre ce dernier afin qu’il retire la candidature d’Henri LOPEZ. Le président congolais s’est entêté pour maintenir son candidat en lice. Et finalement c’est la canadienne qui a remporté la victoire pour la succession contre Augustin Nze Nfumu (Guinée équatoriale), Henri Lopez (Congo), Pierre Buyoya (Burundi) et Jean Claude de l’Estrac (Ile Maurice). En outre la perte du poste de Secrétariat Général de l’OIF par les africains, beaucoup de Chefs d’Etat africains ont manifesté leur mécontentement pour le fait qu’on leur a privé la parole. La perte du Secrétariat Général par les africains annonce éventuellement la perte de pouvoir des dictateurs africains qui veulent rempiler mais également une crise de l’espace francophone car les africains ne voient pas de bon œil le fauteuil du Secrétariat Général qui leur a été méchamment arraché. Les parrains de Michaëlle Jean auraient dû laisser Henri LOPEZ succédé à Abou DIOUF et éviter le danger qui guette l’espace francophone après la victoire de la canadienne.
Pierre INZA