Faut-il se méfier des aliments à base de farine de maïs ?

Publié le 16 novembre 2019 , 12:52
Mis à jour le: 16 novembre 2019 12:52 am

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Bangui (République centrafricaine ) – 16 nov. 2019 00:48

 

Le maïs et ses dérivés sont susceptibles d’être contaminés par une substance appelée aflatoxine, celle-ci est toxique et cancérigène, selon l’OMS.

 

Plusieurs marques bien connues de farine de maïs ont été retirées des rayons des supermarchés au Kenya, après un avertissement concernant les niveaux de dangerosité de cette substance toxique.
Cette situation a suscité de vives inquiétudes, le maïs étant la principale denrée de base du pays.
La farine est utilisée pour préparer l’Ugali, une pâte amylacée cuite dont les ingrédients clés sont la farine et l’eau. Le maïs est également utilisé pour préparer un autre plat traditionnel de la région, le Githeri, qui est un mélange de maïs et de haricots, cuits ensemble.
Le maïs n’est pas seulement un plat courant dans la plupart des ménages kenyans, c’est aussi un aliment familier dans l’Est, le Centre et le Sud de l’Afrique, sous différents noms tels que Nshima, Sima, Sadza, ou Posho.
En fait, l’Afrique consomme 30% du maïs produit dans le monde, selon les recherches.
Ceux-ci sont généralement mélangés pour faire une bouillie pour les nourrissons et les enfants, ce qui expose ces derniers à un risque particulier d’intoxication par les aflatoxines.
Pour le Kenya, la contamination par les aflatoxines est un problème de longue date. Le pays est considéré comme un point critique mondial, avec des incidents de toxicité aiguë enregistrés en 2004 et 2010. Il est probable qu’un problème alimentaire dans un pays puisse avoir un effet sur ses voisins, car les produits agricoles font souvent l’objet d’échanges transfrontaliers.
Déjà, l’Ouganda et le Rwanda ont interdit les marques d’arachides importées du Kenya après que le Kenya Bureau of Standards (Kebs) les a inscrites sur la liste noire en raison de niveaux dangereux d’aflatoxines.
Comment savez-vous quelle farine est sans danger ?
Kebs qui est chargé d’assurer la qualité globale des normes dans l’industrie, a suspendu les licences de cinq marques de farine de maïs et ordonné leur retrait du marché.
Il s’agit du Dola, fabriqué par Kitui Flour Mills, du Starehe, fabriqué par Pan African Grain et du Kifaru, par Alpha Grain Limited.
Les autres marques interdites sont 210 (Kenblest Limited) et Jembe by Kensalrise Limited. Toutes ces marques sont vendues partout au pays.
L’agence gouvernementale a déclaré que la suspension faisait suite à une surveillance du marché et à des tests qui ont établi que ces marques avaient des niveaux d’aflatoxines plus qu’acceptables.
“Quand je mange du Matoke, je suis en Ouganda”
Mais une association représentant les producteurs de farine de céréale du pays a protesté contre l’interdiction, contestant la validité des méthodes utilisées pour tester les niveaux d’aflatoxines. Ils disent que d’autres tests indépendants ont donné des résultats différents.
En effet, les tests commandés par une station de télévision locale pour un reportage d’investigation ont eu un résultat différent. Le reportage de NTV indiquait que trois marques différentes, Jogoo, Jimbi et Heri, présentaient des niveaux d’aflatoxine dangereux – à 13,8, 16,2 et 16,19 parties par milliard (microgramme par kilogramme) respectivement. Kebs considère que des quantités de maïs et d’autres céréales supérieures à 10 par milliard ne sont pas sûres.
Cependant, le reportage télévisé indiquait que ses tests sur la marque de farine de maïs Kifaru, que Kebs a suspendue, avaient révélé qu’elle n’était pas affectée par l’aflatoxine.
Pour les consommateurs, tout cela est confus et il est difficile de s’assurer que les dizaines de produits à base de maïs qui restent en vente sont sûrs.
“Quelqu’un peut-il me donner la raison pour laquelle seules les cinq marques de farine ont été retirées du marché ? Tous les producteurs de farine achètent du maïs au Kenya National Cereals and Produce Board, une structure qui appartient au gouvernement”, a déclaré Morphat Gold sur Twitter.
Une personne du nom de Potentash a twitté : “Effrayant. Nous devons demander des comptes au gouvernement. Ils ont la responsabilité de s’assurer que les aliments que nous mangeons sont propres à la consommation.”
De nombreux Kenyans transportent également le grain récolté sur leur ferme vers les centres de production de farine. L’enquête de NTV a montré que ce maïs ne relève pas de l’organisme de réglementation des normes et qu’il est donc difficile de savoir s’il est sûr ou non.
Le fait que Kebs n’ait pas répondu à ces questions n’a pas aidé, bien qu’il ait indiqué à la BBC qu’ils le feraient à une conférence de presse à une date indéterminée.
Ainsi, même avec la suspension des marques de maïs, il y a toujours lieu de faire preuve de prudence et de vigilance de la part du consommateur.
Qu’est-ce que l’aflatoxine et pourquoi s’en inquiéter ?
L’aflatoxine fait partie d’un groupe de substances toxiques naturelles, appelées mycotoxines, produites par certains types de moisissures ou de champignons.
L’aflatoxine est l’une des mycotoxines les plus toxiques et a suscité le plus d’attention en raison de sa présence dans les aliments et de ses effets graves sur la santé humaine, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les champignons toxiques qui les produisent prospèrent dans les environnements chauds et humides, poussant dans le sol, la végétation en décomposition, le foin et les céréales.
L’OMS estime qu’environ 25 % des aliments produits dans le monde sont détruits chaque année à cause de la contamination par les aflatoxines – et il a été signalé que le Kenya a détruit des tonnes de maïs pour cette raison.
L’arachide est un aliment courant en Afrique de l’Est.
Quels types d’aliments sont susceptibles d’être contaminés ?
Outre le maïs, les cultures fréquemment touchées sont les céréales telles que le riz, le sorgho, le millet et le blé. Le manioc, les noix et les oléagineux, y compris les arachides, les graines de coton, le tournesol et la noix de coco, sont également régulièrement contaminés.
Les épices et les herbes comme la coriandre, le curcuma, le gingembre pourraient également être affectées. Certains fruits, huiles et graisses végétales, ainsi que le lait et les œufs d’animaux nourris avec des aliments contaminés, pourraient également être des sources d’intoxication par les aflatoxines.
Comment cela affecte-t-il les humains et est-il mortel ?
À l’échelle mondiale, les décès dus à la contamination par les aflatoxines sont rares. Mais oui, la consommation d’aflatoxine peut être fatale.
En 2004, plus de 80 Kenyans sont morts en consommant du maïs contaminé par un champignon qui produit des toxines. 180 autres ont été admis à l’hôpital.
À l’époque, un médecin de l’hôpital de Makindu a déclaré à la BBC que les patients présentaient des symptômes d’insuffisance hépatique avec des yeux jaunes, des jambes enflées, des vomissements et des saignements de nez.
Manger des aliments contenant des niveaux dangereux d’aflatoxines pourrait avoir des effets néfastes à long terme sur la santé et pourrait mettre la vie en danger, met en garde l’OMS.
Le maïs est l’un des moyens par lesquels les Africains peuvent être exposés aux aflatoxines.
L’aflatoxine est considérée comme cancérigène – susceptible de causer le cancer. L’OMS indique les effets à long terme de la toxine qui déclenchent le cancer et causent une immunodéficience. David Osogo, chercheur en nutrition et en santé au Centre africain de recherche sur la santé des populations (APHRC), affirme que la contamination du corps humain par les aflatoxines est liée au risque élevé de cancer du foie et du rein.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) note que la principale cible des aflatoxines est le foie, de fortes doses de cette substance entraînant une maladie aiguë et la mort par cirrhose du foie, une cicatrisation irréversible de l’organe.
De petites doses constantes peuvent affecter la nutrition et le système immunitaire. Les enfants sont considérés comme particulièrement vulnérables et l’exposition peut entraîner un retard de croissance.
Certaines études suggèrent également que l’aflatoxine pourrait nuire au développement d’un bébé à naître dans l’utérus, car les toxines passent de la mère au fœtus par le placenta, selon le US National Center for Biotechnology (NCBI). Les toxines peuvent aussi passer par le lait maternel.
L’ugali peut être consommé avec n’importe quelle viande, une sauce et des épinards.
Comment savoir si un aliment contient de l’aflatoxine ?
Le séchage et l’entreposage inadéquats dans des conditions humides rendent les conditions propices à la croissance des moisissures et à la contamination des produits alimentaires. Il serait donc préférable d’éviter les aliments qui contiennent de la moisissure.
Cependant, l’aflatoxine est incolore, inodore et invisible, et il n’y a souvent aucun signe de contamination.
Il n’a pas non plus de goût, bien qu’une grande quantité de champignons puisse rendre le grain ou d’autres aliments amers. Il serait préférable d’éviter tout aliment qui a un goût anormal ou amer.
La seule façon de tester l’aflatoxine est de le faire scientifiquement, donc il n’y a pas grand-chose que vous puissiez faire pour détecter physiquement la toxine.
Alors, que pouvez-vous faire pour éviter la substance toxique ?
L’OMS conseille aux consommateurs de prendre un certain nombre de mesures pour prévenir l’exposition à la substance nocive :
• Inspectez soigneusement les grains entiers et les noix à la recherche de moisissures et jetez ceux qui semblent moisis, décolorés ou ratatinés.
• Procurez-vous des grains et des noix aussi frais que possible. Considérez ceux qui ont été cultivés le plus près possible de chez vous et qui n’ont pas été transportés sur une longue période.
• Choisissez uniquement des marques réputées de noix et de beurres de noix, car les moisissures à aflatoxines ne sont pas entièrement détruites par la transformation ou la torréfaction.
• Pendant l’entreposage des aliments, assurez-vous qu’ils sont entreposés correctement et qu’ils ne sont pas conservés pendant de longues périodes avant d’être utilisés.
• Une alimentation diversifiée est également utile, car elle permet d’atténuer l’exposition aux aflatoxines et d’améliorer la santé et la nutrition.
En septembre, le vice-président zambien a exhorté les Zambiens à envisager d’abandonner la farine de maïs pour une alimentation plus variée.
D’autres céréales ont des niveaux d’énergie et de nutriments plus élevés et sont moins sensibles à l’infestation par les aflatoxines. Le passage à d’autres aliments peut alors être un moyen efficace de résoudre le problème de l’équilibre alimentaire et de la malnutrition.
Comment prévenir la contamination par les aflatoxines ?
La FAO considère le développement de variétés de plantes résistantes aux champignons comme un moyen de gérer ou de contrôler la contamination par les aflatoxines.
Sorgho est aussi susceptible d’être contaminé par l’aflatoxine
D’autres moyens de prévenir l’exposition aux aflatoxines comprennent la diminution du taux d’humidité des graines après la récolte et pendant l’entreposage, et le stockage des produits à basse température. L’utilisation de fongicides et d’agents de conservation contre la croissance fongique est une autre option.
Le Kenya a approuvé un produit chimique qui est introduit dans le sol pour aider à minimiser les quantités de champignons toxiques qui produisent l’aflatoxine.

Avec BBC Afrique
Avec AFP
Avec VOA
Avec AFP/VOA
Avec DW français
Avec Lalibre.be
Avec RFI
Avec Jeune Afrique
Avec Agence Anadolu
Avec Le monde Afrique
Avec Reuters
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