Face au gouvernement, le coordonnateur humanitaire en Centrafrique adopte une approche diplomatique

 

Le coordonnateur de l'OCHA en République centrafricaine, Mohamed AG Ayoya
Le coordonnateur de l’OCHA en République centrafricaine, Mohamed AG Ayoya

 

Bangui, CNC. Mohamed AG Ayoya, coordonnateur humanitaire en République centrafricaine (RCA), a récemment accordé une interview à la radio Ndékè Luka. Ses propos révèlent une approche plus diplomatique que strictement humanitaire.

 

Une posture délicate pour un coordonnateur humanitaire en Centrafrique.

 

L’homme tente visiblement de ménager le régime de Baba Kongoboro en place, tout en exprimant certaines réserves. Son optimisme affiché contraste avec la dure réalité du terrain. Le gouvernement centrafricain peine en effet à répondre aux besoins essentiels de sa population.

 

Malgré les discours sur le développement, la RCA reste plongée dans une misère profonde, comme l’a récemment souligné l’opposant Anicet Georges Dologuélé. Une grande partie des Centrafricains ne parvient pas à s’assurer un repas par jour. Dans ce contexte, parler de développement semble prématuré et ironique.

 

Le précédent programme national de développement, plus de milles milliards de francs CFA  s’est soldé par un échec, de l’aveu même du ministre de l’Économie. Le nouveau plan, d’un montant de 7000 milliards de francs CFA en plus, laisse perplexe quant à son financement et sa mise en œuvre.

 

Le coordonnateur humanitaire en Centrafrique entre optimisme et réalité.

 

Le coordonnateur humanitaire se montre pourtant optimiste. Il sait que ce programme constituera une manne pour les organisations humanitaires, qui en bénéficieront pour mener leurs actions auprès des populations. Cela explique sans doute sa volonté de ne pas froisser les autorités centrafricaines.

 

  1. Ayoya reconnaît néanmoins les graves problèmes de sécurité auxquels sont d’autres humanitaires. Le cas récent du pillage d’un centre de santé géré par Médecins Sans Frontières (MSF) vers la sous-préfecture de Markounda par des mercenaires russes est emblématique. Dans son communiqué, le MSF s’était gardé de désigner explicitement les responsables, parlant pudiquement “d’hommes inconnus”.

 

Le coordonnateur humanitaire salue les efforts du gouvernement pour traduire en justice les auteurs de tels actes. Mais à ce jour, aucun mercenaire russe impliqué dans le pillage du centre de santé n’a été inquiété. Interrogé sur l’absence de poursuites effectives, M. Ayoya a éludé la question.

 

Les défis du coordonnateur humanitaire en Centrafrique.

 

Son discours oscille entre gratitude envers les autorités et rappel feutré des difficultés. Une forme de “diplomatie humanitaire” qui tranche avec la gravité de la situation. Le coordonnateur reconnaît que sans l’aide humanitaire, le pays risque de se confronter à une situation inquiétante.

 

Mais le système d’aide comporte aussi ses travers. Sur un million de francs CFA d’aide, 700 000 servent au fonctionnement des organisations, contre seulement 300 000 pour les bénéficiaires. Les salaires et frais de structure engloutissent la majeure partie des fonds.

 

Ce modèle reste néanmoins préférable à un versement direct à l’État, qui entraînerait un détournement massif. Avec les ONG, une partie de l’aide parvient malgré tout aux populations.

 

La posture du coordonnateur humanitaire reflète ce dilemme. Critiquer ouvertement le pouvoir risquerait de compromettre l’action des ONG. Mais fermer les yeux sur les dysfonctionnements ne ferait qu’aggraver la situation.

 

Un équilibre délicat, qui explique ce langage diplomatique. M. Ayoya tente de préserver l’espace humanitaire, tout en ménageant un régime dont dépend la présence des ONG. Une approche pragmatique, mais qui soulève des questions éthiques.

 

Car pendant ce temps, la population centrafricaine continue de souffrir. L’aide d’urgence ne peut se substituer indéfiniment à un véritable développement. Seule une gouvernance responsable permettra de sortir le pays de l’ornière.

 

Le coordonnateur humanitaire marche sur une corde raide. Son optimisme de façade ne doit pas occulter les immenses défis qui persistent. La RCA a besoin d’une action humanitaire efficace, mais aussi d’une refonte en profondeur de sa gouvernance. Un chantier colossal, qui nécessitera bien plus que des déclarations diplomatiques.

 

L’avenir incertain de l’action humanitaire en RCA.

 

L’approche du coordonnateur humanitaire en Centrafrique reflète les contradictions du système d’aide. D’un côté, les organisations apportent un soutien vital à une population en détresse. De l’autre, elles risquent de perpétuer un modèle de dépendance qui ne résout pas les problèmes structurels du pays.

 

La RCA se trouve à un tournant. Le retour progressif de la sécurité dans certaines régions ouvre des perspectives de développement. Mais les besoins humanitaires restent immenses, avec 46% de la population toujours dépendante de l’aide selon M. Ayoya.

 

Le défi pour le coordonnateur humanitaire et les autorités sera d’orchestrer une transition harmonieuse entre urgence et développement. Cela implique de renforcer les capacités locales et de responsabiliser les acteurs nationaux. Un processus de longue haleine, qui nécessitera patience et persévérance.

 

En attendant, le coordonnateur humanitaire en Centrafrique devra maintenir ce fragile équilibre entre diplomatie et action concrète. Son rôle sera crucial pour garantir l’accès des populations vulnérables à l’aide, tout en encourageant les autorités à prendre leurs responsabilités.

 

L’avenir de la RCA dépendra de sa capacité à sortir du cycle de la dépendance humanitaire. Le pays regorge de ressources naturelles et humaines. Avec une gouvernance adéquate et un soutien international bien ciblé, il pourrait enfin concrétiser son potentiel de développement.

 

Le coordonnateur humanitaire aura un rôle clé à jouer dans cette transition. Sa capacité à naviguer entre les exigences des donateurs, les besoins des populations et les intérêts du gouvernement déterminera en grande partie le succès de cette entreprise. Un défi de taille, mais crucial pour l’avenir de la Centrafrique.

 

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