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Entretien exclusif avec un rescapé de la tuerie de Chimbolo

 

Bangui, 21 mars. 23 (CNC) —Le 19 mars au matin, un horrible massacre a eu lieu sur le site minier de Chimbolo. 9 ressortissants Chinois ont été froidement tués et 4 autres ont été transportées à Bangui dans un état grave. Le président chinois a demandé qu’une enquête soit réalisée et que les fautifs soit punis. Mais pour le moment, malgré l’arrivée sur place d’une délégation officielle, de trop nombreuses zones d’ombres et des contradictions persistes. Notre journal a pu envoyer très rapidement sur place une équipe d’investigation. Dans la foulée,  un reporteur du CNC a pu recueillir le témoignage exclusif d’un rescapé de ce sinistre moment « qu’il aimerai n’être qu’un horrible cauchemar ».

Nous avons ainsi pu retracer, avec ce témoignage,  pas à pas le scénario de cette matinée de peur et de sang.

Les mercenaires de Wagner à Bambari, dans la préfecture de la Ouaka, au centre de la République centrafricaine
Les mercenaires de Wagner à Bambari, dans la préfecture de la Ouaka, au centre de la République centrafricaine. CopyrightCNC

 

Rédigé par Gisèle MOLOMA

Publié par Corbeaunews-Centrafrique (CNC), le mercredi 12 avril 2023

 

Un rescapé de la tuerie de Chimbolo témoigne

 

Ce ressortissant chinois parle un très bon anglais et quelques mots de français qu’il a pu apprendre ici en Centrafrique depuis son arrivée il y a quelques semaines.

« Je trouve ce pays très beau et les gens très accueillants », dans un léger sourire qui n’efface en rien l’angoisse de ce moment vécu.

 

Ce rescapé nous affirme que ce sont bien des soldats noirs qui les ont attaqués au petit matin, les menaçant avec des armes automatiques afin de les pousser vers la rivière toute proche.

 

« Tout semblait prévu. Les gardes se sont enfuit presque même avant le début de l’attaque, comme si ils savaient ce qui allait se passer. Nous n’avons rien pu faire, nous ne sommes pas armés, nous ne sommes pas des combattants », précise-t-il.

 

Il nous explique son incompréhension devant cette attaque par ceux qui se font passer pour des rebelles, alors même que ce sont des gens des groupes armés qui protègent régulièrement les sites aurifères chinois dans le pays. L’entente était bonne jusqu’à présent avec les rebelles de la CPC, rien n’indique qu’ils auraient pu nous attaquer.

« Ceux ne sont pas eux », nous répond sans détour notre interlocuteur lorsque nous lui posons la question.

« L’entente était très bonne entre nos gardiens et nous même depuis quelques jours et le travail que nous avions entrepris ensemble. Nous nous sentions en sécurités », renchéri ce ressortissant chinois encore sous le choc.

 

Le site minier de Chimbolo n’était exploité que depuis quelques semaines, mais les Russes de la mine de Ndassima, situés à quelques kilomètres au nord-ouest, avaient déjà proféré des menaces contre les ressortissants chinois, les intimant de ne pas exploiter ce sol. Les russes considèrent que ce sol leur appartient et que ce n’est pas à des chinois de l’exploiter.

 

Et la suite de son témoignage va nous éclairer sur sa vision des choses. Car c’est alors que trois soldats blancs, lourdement armés avec des casques, des gants et des gilets par balle, et ne parlant pas français, sont intervenus. « Ils avaient des masques pour cacher leurs visages, et jusqu’à leurs oreilles. De loin c’était difficile de savoir leur couleur de peau ». Mais ils se sont approché et le danger s’est précisé lorsque sous la menace de leurs canons, les blancs les ont obligés à se mettre à genoux en rang.

Et l’horreur a commencée.

Un par un, les blancs tiraient dans la tête des ressortissants chinois, lâchement par l’arrière.

Le rescapé raconte : « c’est alors que l’un de mes amis s’est mis à courir vers la forêt. Je n’ai pas réfléchit et je me suis mis à courir également. J’avais les mains attachées, c’était difficile. Et rapidement  les balles ont commencés à être tirées dans notre dos. Juste devant moi, l’un de mes amis est tombé. Je ne sais pas s’il est mort ou blessé, je n’ai pas de nouvelles depuis. J’ai continué à courir vers la forêt, sans m’arrêter. »

 

Dans son dos, c’est le chaos, il entend des cris et des rafales.

 

Son récit de cette tuerie d’innocent civils s’arrête là. Ayant gagné la forêt, les tirs d’armes automatiques ont cessés.

Il a juste eu le temps de se retourner pour voir la panique derrière lui. Les trois hommes blancs sont remontés dans leur pick-up et sont partis très vite.

Se sentant traqué, il a continué à courir. Après plusieurs heures de courses, il s’est arrêté et a gagné un village qui a pu le recueillir et s’occuper de lui en le cachant.

 

Cet effroyable témoignage ne fait aucun doute sur la participation des « Wagner noirs », ces centrafricains recrutés pour exécuter les œuvres les plus ingrates des instructeurs russes, eux même impliqués pleinement dans la tuerie de Chimbolo, durant laquelle 9 innocents civils ont étés tués de sang-froid.

 

 

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