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Entre innovation fiscale et dissidence publique : la nouvelle taxe sur les transactions numériques en République centrafricaine

Entre innovation fiscale et dissidence publique : la nouvelle taxe sur les transactions numériques en RCA 

 

Le ministre des postes et télécommunications, Monsieur Gourna-Zacko Justin, lors de son point de presse dans la salle de conférence de son ministère le 03 décembre 2020. Photo CNC / D. Y. Ibrahime
Le ministre des postes et télécommunications, Monsieur Gourna-Zacko Justin, lors de son point de presse dans la salle de conférence de son ministère le 03 décembre 2020. Photo CNC / D. Y. Ibrahime

 

 

Bangui, 07 avril 2024 (CNC)  

 La République centrafricaine introduit une taxe de 1 % sur les transactions numériques, ce qui suscite des vagues de mécontentement dans les rues de la capitale Bangui et sur les réseaux sociaux.

 

La nouvelle politique fiscale numérique du gouvernement : un pas vers la modernisation ou une charge supplémentaire ?

 

En avril 2024, la République centrafricaine a franchi une étape importante dans sa politique budgétaire en mettant en place le prélèvement effectif d’une taxe de 1 % sur toutes les transactions financières numériques. Cette mesure s’ajoute aux frais d’exploitation existants de 3 %, ce qui porte le coût total pour les utilisateurs à 4 %. Ainsi, pour un retrait de 60 000 francs CFA via Orange Money, les citoyens doivent s’acquitter de 2 400 francs CFA de frais.

 

Des interrogations légitimes face à une décision unilatérale

 

Se faisant l’écho de la perplexité générale, Bienvenu Boda s’interroge :

« À quoi servira cette taxe ? A-t-elle été débattue au parlement ? Ces questions mettent en évidence une exigence de transparence et de débat public sur les décisions qui affectent la vie quotidienne des Centrafricains.

 

Une résonance sociale et politique

 

Sur les réseaux sociaux, les réactions sont vives. Entre sarcasme et indignation, l’opinion publique perçoit cette mesure comme une spoliation visant à financer des intérêts particuliers, notamment le groupe Wagner et ses activités en Centrafrique.

« Les autorités vont piller la population pour la protection d’une seule personne », s’exclame un internaute, s’inquiétant de l’utilisation des fonds collectés.

 

La crainte d’une fiscalité omniprésente

 

La satire est également présente, avec des prédictions amères mais humoristiques sur l’avenir :

« Bientôt, le gouvernement taxera aussi les mariages, les services religieux, et même les rapports sexuels… », Derrière cette hyperbole se cache une critique acerbe de la fiscalité perçue comme envahissante et déconnectée des réalités économiques et sociales du pays.

 

Une taxe sur les transactions numériques qui soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.

 

Entre perplexité et colère : le spectre de la contestation à la soudanaise ?

 

L’augmentation du prix du pain a renversé un président au Soudan. Cette référence historique, mentionnée par Bernard, un citoyen centrafricain, illustre la crainte d’une réaction publique à des décisions perçues comme déconnectées des besoins et de la dignité des Centrafricains. La comparaison, bien que spectaculaire, souligne l’importance cruciale de l’écoute et de la consultation dans la gouvernance.

 

La variabilité des commentaires : le reflet d’une société en quête de dignité

 

La variabilité et la complexité des réactions sont le reflet d’une société diversifiée unie dans son désir de respect et de considération. La décision de taxer les transactions numériques, bien que présentée comme une avancée fiscale, se heurte à la réalité d’une population aux prises avec des défis économiques majeurs et méfiante à l’égard de l’utilisation des fonds publics.

 

Une fiscalité mise à l’épreuve par la transparence

 

La nouvelle mesure fiscale, au-delà de ses implications économiques, pose une question fondamentale de gouvernance et de transparence. Les appels à un débat parlementaire et à une clarification des objectifs de la taxe sont essentiels pour rétablir la confiance entre le gouvernement et ses citoyens.

 

Il convient de rappeler que la mise en place de la taxe sur les transactions financières numériques en République centrafricaine représente un tournant budgétaire important. Cependant, en l’absence d’un dialogue ouvert et d’une transparence quant à l’objectif et à l’utilisation des fonds, cette mesure risque d’alimenter le mécontentement et la méfiance plutôt que de contribuer au développement économique et social attendu.

 

Par Alain Nzilo

 

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