Corridor 3 : La Centrafrique découvre enfin ce que le Cameroun sait depuis des années

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Corridor 3 : La Centrafrique découvre enfin ce que le Cameroun sait depuis des années

 

Corridor 3 : La Centrafrique découvre enfin ce que le Cameroun sait depuis des années
convoi Douala-Bangui sur l’axe Bouar-Gallo. Photo CNC .CopyrightCNC

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 Le corridor 3, cet axe stratégique reliant Bangui à la frontière camerounaise via Boali et Beloko, est en train de mourir à petit feu. C’est la life line économique de la République centrafricaine, celle qui charrie les produits essentiels pour nourrir le pays.

 

Pourtant, malgré son importance, cette route du Corridor 3  est dans un état lamentable. Le ministre des Travaux publics, Erie REKOSSE-KAMOT, a cru bon de traverser la frontière jusqu’à Meiganga, au Cameroun, pour admirer leur station de pesage et revenir avec des airs d’explorateur émerveillé. Il pointe du doigt les camions surchargés, accusés de tout détruire, et promet des réformes inspirées de ce voisin discipliné. Sauf que c’est un écran de fumée, un mensonge grossier qui ne trompe que ceux qui veulent bien l’entendre. Le vrai problème du Corridor 3  n’est pas là, et tout le monde le sait depuis des lustres.

 

À Meiganga, Erie REKOSSE-KAMOT  a vu une route en bon état, construite au même moment qu’un tronçon de 150 kilomètres du  corridor 3 côté centrafricain par le gouvernement camerounais , mais protégée par un contrôle strict des surcharges. “Une expérience enrichissante”, dit-il, vantant des “moyens modernes” et une discipline exemplaire. Les camions camerounais, limités par des pesages rigoureux, roulent sans massacrer l’asphalte, explique Omarou-Jacques Madou, chef d’équipe sur place. Pendant ce temps, en Centrafrique, des monstres de 30 tonnes de trop passent sans vergogne, payant des amendes ridicules qui ne sauvent rien. Le ministre s’émerveille comme s’il venait de tomber sur une révélation. Mais soyons sérieux : les camions qui circulent côté camerounais sont les mêmes qui traversent le corridor 3 jusqu’à Bangui. Si leurs routes tiennent, ce n’est pas une question de poids, c’est une question d’entretien. Et là, la Centrafrique a tout faux.

 

Le problème, ce n’est pas la surcharge – c’est un alibi commode. Le tronçon du Corridor 3  Boire-Béloko, réhabilité en 2011 – 2013 sur le propre fonds du gouvernement camerounais sur une centaine de kilomètres, est déjà fissuré, défoncé, dangereux. Mais le reste du corridor ? Bouar – Baoro, construit en 2018, et les segments Boire-Bossemptélé, Bossemptélé-Yaloké, Yaloké-Bossembélé, Bossembélé-Boali, Boali-Bangui – tout ça, c’est un chaos absolu. Des routes laissées à l’abandon, sans entretien, sans service pour colmater les fissures ou réparer les dégâts. Résultat : des accidents en cascade. Il y’a près de trois semaines, près de Baoro, un camion en panne à un tournant a causé trois collisions en une heure, fissurant le goudron sous le choc. Et personne ne passe pour nettoyer, pour boucher les trous. Les fissures s’élargissent, la route s’effondre, et les morts s’accumulent. Mais le ministre préfère parler de son petit tronçon de 150 kilomètres et d’histoires de camions surchargés, comme si ça résumait tout.

 

C’est une farce. Les Centrafricains savent depuis des années que leurs routes pourrissent faute de suivi. Construire, c’est bien, mais entretenir, c’est mieux – et ça, l’État n’a jamais compris. Pas de service régulier pour vérifier l’état des chaussées, pas de signalisation digne de ce nom, pas de respect du code de la route. Les panneaux de “signalisation “, comme on les appelle, sont inexistants ou ignorés. Les accidents ne viennent pas seulement des camions ; ils viennent d’un système qui abandonne ses infrastructures une fois le ruban coupé. Le Cameroun entretient, sécurise, discipline, mais  la Centrafrique, elle, regarde ses routes mourir en silence, jusqu’à ce qu’un ministre décide de jouer les touristes pour enfoncer des portes ouvertes.

 

Et ce divertissement ne date pas d’aujourd’hui. Les transporteurs, les habitants, les usagers crient depuis des années sur ce chaos. Mais le gouvernement a préféré détourner le regard, laissant le corridor 3 devenir un cimetière roulant. Erie REKOSSE-KAMOT  peut bien promettre des réformes, inspiré par son escapade camerounaise, mais où était-il avant ? Pourquoi faut-il attendre 2025 pour s’attaquer à un désastre annoncé ? Les camions surchargés ne sont qu’un bouc émissaire. Le vrai coupable, c’est l’inaction, la négligence, l’incurie d’un État qui préfère bricoler des excuses plutôt que des routes. Pendant ce temps, les Centrafricains paient le prix – en vies, en marchandises, en désespoir. Le corridor 3 n’a pas besoin d’un ministre qui découvre l’eau chaude ; il a besoin d’un système qui fonctionne. Mais ça, visiblement, c’est encore trop demander.

 

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