Coronavirus : quel est le secret de la fédération de Russie ?

Publié le 9 avril 2020 , 1:14
Mis à jour le: 9 avril 2020 1:14 am
Le Président centrafricain Faustin Archange Touadera et son homologue russe Poutine, lors d'une audience à Moscou. Photo de la Présidence de la République centrafricaine.
Le Président centrafricain Faustin Archange Touadera et son homologue russe Poutine, lors d’une audience à Moscou. Photo de la Présidence de la République centrafricaine.

 

Bangui ( République centrafricaine ) – Depuis le début de l’épidémie de COVID-19, la Russie compte, officiellement, un nombre anormalement faible de contaminés et de morts. Et si l’on admet que les autorités ont effectué plus de 130 000 tests comme elles le prétendent, la Russie affiche le taux de réponses positives le plus faible au monde. Mais quel est donc son secret ?

D’aucun mentionne une raison politique à cela, avec le référendum du 22 avril prochain et le projet d’une nouvelle Constitution permettant la multiplicité des mandats présidentiels à l’instar de certains régimes du continent. Toutefois, d’autres raisons sont avancées.

Dans un contexte de manipulation de l’information…

Une raison diplomatique pourrait aussi expliquer ce constat étonnant : il faut sauver les apparences coute que coute ! La Russie a une longue tradition de déformation de la réalité pour ne présenter que le profil le plus avantageux, dans l’espoir d’entretenir l’image d’une superpuissance. Rosstat, l’agence officielle russe des statistiques, annonce un bond de près de 40% des cas de « pneumonies » dans le pays depuis janvier. Plusieurs sources de médecins anonymes parlent plutôt de cas probables de COVID-19. Mais la communication officielle ne prononce jamais le nom du virus.

L’opposition s’inquiète au sujet des tests qui seraient fabriqués par une société inconnue dont personne ne connait ni les antécédents ni les propriétaires. D’après une source sécuritaire, « plutôt que de falsifier les résultats, il est plus simple d’en maitriser la source », cet enseignement découlerait d’une expérience certaine dans l’organisation des élections. Quant au centre anticorruption affilié à l’opposition, il évoque aussi un « détournement de fonds » de certains dirigeants sur le dos de la santé du peuple russe. Toute similitude avec des fonctionnements déjà observés sur le continent africain serait bien évidemment qu’une pure coïncidence…

Le nom de l’oligarque Evgueni Prigojine refait surface dans ces contrats de fourniture de matériels et autre soutien aux hôpitaux destinés à accueillir les nombreux malades du coronavirus qui n’existent pas. La réputation de chef d’orchestre de la propagande et de l’ingérence russe dans le monde n’est plus à démontrer depuis les affaires d’usines à trolls impliquées dans les élections américaines de 2016.

Les scientifiques s’inquiètent…

La dénonciation vient de toute part et Moscou peine à contenir les fuites. Tout d’abord les scientifiques qui accusent le pouvoir en place de mentir à la population. Anastasia Vasilieva, une responsable du syndicat Alliance des médecins, le confirme en s’adressant à ses compatriotes sans aucun filtre dans une vidéo publiée le 10 mars dernier sur YouTube et devenue introuvable aujourd’hui : « aucun équipement de protection n’a été fourni aux médecins, ce qui nous met tous en danger… nous devons arrêter de mentir et fournir aux médecins tous les moyens de protection… », explique-t-elle dans cette vidéo.

Tout comme les politiques !

Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, qui pilote le groupe de travail de lutte contre l’épidémie, a commenté l’opacité de la situation en Russie : « le problème est que le volume des tests est très faible, et personne n’a une image claire ».

De son côté, le président de la Biélorussie, Alexandre Loukachenko, est préoccupé par la progression de la pandémie chez son voisin : « l’infection du coronavirus flambe en Russie », dit-il.

Tout en continuant à minimiser l’ampleur du fléau pour préserver l’image de façade de la « grande » Russie, Moscou cherche désormais à tirer un bénéfice politique de cette situation de crise qui lui échappe. Ainsi, le maître du Kremlin est présenté comme le seul capable d’organiser la lutte et de garantir la stabilité du pays, comme à l’époque de la lutte contre le terrorisme tchétchène.

Une fois de plus, le jeu de dupe à la russe se met en place pour tirer profit de la crise en trompant les populations et en désignant l’ennemi comme venant de l’Occident. Etranges similitudes avec un autre pays du centre de l’Afrique ou les faux semblants sont de mise et les apparences trompeuses.

A l’instar de l’épidémie qui s’abat sur Moscou, celui qui survivra verra ses espérances s’envoler lorsque le masque sera tombé.

 

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