Centrafrique : Une Grande Exposition photo annoncée pour 21 septembre prochain

Publié le 10 août 2017 , 6:33
Mis à jour le: 10 août 2017 6:37 pm

Centrafrique : Une Grande Exposition photo annoncée pour 21 septembre prochain

 

 

Image d'illustration de l'exposition photo
Image d’illustration de l’exposition photo

 

Une grande première ! Le 21 septembre prochain, Journée internationale de la paix, la République centrafricaine vivra un événement particulier : L’Exposition photo placée sous le thème « Centrafrique : L’espoir jusqu’au bout ». L’initiative est portée par un journaliste français d’origine centrafricaine, Pacôme Pabandji Lauréat du Prix Rory Peck-2014 et Médaillé du Grand Prix Paris Match, en partenariat avec l’ « Association Camille Le Page, on est ensemble ». Les enjeux et les perspectives dans cette interview exclusive.

Corbeaunews.Centrafrique (CNC) : Monsieur Pacôme Pabandji, bonjour ! Vous avez quitté votre pays, la RCA, il y a quelques années en tant que journaliste pour œuvrer aujourd’hui à l’international en France. Que peut-on retenir de vous actuellement ?

Pacôme Pabandji (PP) : Quand j’avais quitté le pays c’était pour les études, après un test d’entrée à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille et aussi à l’Institut d’études politiques (IEP) de la même ville. Je travaille actuellement pour l’Agence France Presse au bureau régional de Lille. C’est une très belle expérience pour moi parce que j’ai travaillé sur beaucoup de sujets différents de ce que j’avais pu faire en Afrique. J’évolue dans un milieu de professionnels qui m’encadrent et aussi, un meilleur partage de savoirs. J’ai élargi mes domaines et je suis très heureux aujourd’hui.

CNC :  A ce jour, vous portez un gigantesque projet d’exposition photo, une exposition placée sous le thème « Centrafrique : L’espoir jusqu’au bout ». De quoi s’agit-il ?

PP : Gigantesque je ne dirais pas. Mais ce projet je l’ai à cœur. C’est une occasion de présenter une partie de mes photos faites sur la Centrafrique entre 2013 et 2016. Ce sont près de 100 photos sélectionnées soigneusement pour retracer la situation que le pays a traversé. J’ai exclu bien entendu les photos violentes pour éviter d’attiser la haine. Parce que l’idée du projet c’est de passer un message : l’espoir que la Centrafrique (re)vive en paix. C’est même pour cette raison que le lancement de l’exposition se fera le 21 septembre, Journée internationale de la paix. De grands amis qui œuvrent pour la paix dans le pays m’ont aidé à mettre à jour le projet. Christian Ndotah, Moussa Limané et bien d’autres. Ils sont encore derrière moi avec l’objectif de non seulement le faire, mais de bien le faire. C’est un challenge je le sais. Mais je suis confiant que si je le réussis, c’est un métier, le photojournalisme, qui s’installera dans le pays avec le respect des principes. Le thème je l’ai choisi ainsi parce que « l’espoir fait vivre », dit-on en Afrique. Pour les partenariats aujourd’hui, je peux vous dire que des entreprises, des institutions, des personnalités, le gouvernement, ont été contactés. Je les ai ciblés spécialement pour une bonne raison. Le gouvernement et le président de la République ont toujours accompagné les bonnes initiatives, encourager les fils du pays à initier ces genres de projet pour dire que nous aussi on peut faire quelque chose. Leur soutien peut motiver d’autres fils du pays qui doutaient encore, à se lancer. Pour les institutions et entreprises nationales et internationales dont la MINUSCA, Orange, le Groupe Skaiky, etc., c’est pour manifester leur présence aux côtés des fils du pays sous plusieurs angles. Marquer leur soutien au pays à tous les niveaux mais aussi leur désir d’appuyer la jeunesse centrafricaine à se sentir bien dans ce qu’elle fait, en mettant de côté les violences bien entendu.

CNC : Sans mettre la charrue avant les bœufs, dites-nous quelles sont les activités prévues dans le cadre de cette exposition ?

PP : Pour le moment, les choses se mettent en place. Une équipe dynamique est à l’œuvre. Ce seront des manifestations culturelles, artistiques. Des livres écrits par des amis qui ont travaillé ou qui travaillent sur la Centrafrique, seront présentés. Mais je sais que ce sera un événement qui a son sens d’être organisé lors d’une journée de la paix.

CNC :  En prenant une telle initiative, en tant que Lauréat du Prix Rory Peck – 2014 et Médaillé du Grand Prix Paris Match, quel message entendez-vous passer à travers cette manifestation ?

PP : L’idée de mettre en place ce projet est née de ma dernière distinction à la Mairie de Paris. Le 30 juin dernier, plusieurs de ces photos ont été exposées, avec d’autres photos d’autres photojournalistes. C’était un grand honneur parce que ce jour là, c’était la Centrafrique qui était à l’honneur. Je me suis alors dit, si ces photos ont été prises en Centrafrique, il est aussi bien que je les expose à Bangui afin de passer un message qui est le thème de l’événement : l’espoir malgré la situation tout encore tendue. Elles ont fait parler du pays ailleurs certes, mais avec un peu de soutien, il faut qu’elles soient expliquées aussi là où elles ont été prises. Je voudrais par là, motiver d’autres gens, centrafricains, à s’intéresser au photojournalisme mais en évitant de pousser à la haine à travers les photos.

CNC :  Votre exposition photo intervient à un moment où les conditions de travail du journaliste centrafricain sont bien difficiles, depuis la situation sécuritaire jusqu’aux moyens de travail, en passant par la subvention aux médias, etc. En tant que ressortissant centrafricain, quelle lecture en faites-vous ?

PP : Je pense qu’au niveau où le pays se situe actuellement, outillé les journalistes est un premier combat pour sensibiliser sur la cohésion entre les communautés. Le gouvernement et les institutions internationales, amies du pays, doivent appuyer les journalistes à plusieurs niveaux afin qu’ils se sentent libre pour bien faire leur travail. Les groupes armés aussi doivent faire autant. Je pense qu’il est du rôle du journaliste aussi d’être neutre et professionnel, de travailler dans le pur respect de la déontologie. On sait aujourd’hui qu’à la radio ou dans les médias, un seul mot mal placé peut plonger même Bangui dans le chaos. On se doit d’éviter de travailler à base des rumeurs. La vérification des sources doit être privilégiée. Mais je ne vais pas me passer pour un donneur de leçon.

CNC : Et si vous aviez un dernier mot ?

PP : Je souhaite aujourd’hui que mon pays recouvre sa paix d’antan. Mais tout ça passe par la fermeté du gouvernement. Les combattants de ces groupes armés doivent savoir qu’ils sont centrafricains avant tout. Plus la situation perdure, des aides au développement pourtant destinées au pays, vont s’éloigner.

 

Propos recueillis par Fred KROCK

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