CENTRAFRIQUE -TRIBUNE: Quand la défense du viol de la Constitution est confiée à des individus qui ne comprennent rien à ce qu’ils prétendent avoir lu

Publié le 3 juillet 2022 , 8:07
Mis à jour le: 2 juillet 2022 7:16 am

 

Rédigé par

Pr Jean-François AKANDJI-KOMBÉ

Publié par Corbeaunews Centrafrique (CNC), le lundi 4 juillet 2022

Monsieur Jean-François Akandji Kombé, l’auteur de la lettre ouverte au ministre Wanzet.

 

Des individus, que je me retiens ici de qualifier, se sont donnés pour passion soudaine de promouvoir ma personne et ma pensée constitutionnelle.

Je me serais bien écrié : « c’est trop d’honneur », à défaut d’être capable de me vautrer comme eux dans l’autosatisfaction.

Mais voilà, il y a un hic.

N’allez pas croire que le hic tient uniquement dans le fait qu’ils convoquent un de mes articles pour soutenir leur projet inique de violer – au sens le plus fort du terme – notre Constitution pour assurer la Présidence à vie de leur « champion », un projet que j’ai promis de défendre jusqu’à ma dernière énergie comme vous savez ! Le hic tient bien sûr à cela aussi, mais pas seulement. Pas avant tout.

Ce hic, il tient d’abord et avant tout au fait que ceux qui prétendent avoir lu cet article s’avèrent en réalité n’être capables que de déchiffrer une suite de lettres sans rien comprendre au sens des mots et à leurs agencements.

Il y a dans le dictionnaire des qualificatifs pour désigner pareils individus, qui plastronnent sur base de leur ignorance crasse. Je les laisse les découvrir par eux-mêmes, ces mots, et peut- être un jour prochain la signification, quand, enfin, ils sauront lire vraiment.

En dépit de quoi, je me dois tout de même de les remercier pour m’avoir donné cette occasion unique d’inviter tous mes compatriotes à lire l’article en question, qu’ils découvriront en cliquant sur le lien suivant :

https://ifaki.blog/archives/2980

Avant de vous laisser à la lecture de ce texte, écrit le 12 juillet 2016, je me dois de vous dire qu’aujourd’hui encore, 30 juin 2022, j’en assume et en revendique pleinement chaque mot et chaque ponctuation.

Et c’est précisément parce qu’il en est ainsi que, s’agissant de la loi fondamentale expression de notre volonté commune en tant que Centrafricains, je ne peux laisser faire n’importe quoi à des apprentis sorciers potentiellement criminels à l’égard de notre Peuple et de notre Nation.

Au demeurant, s’ils se réclament tant de moi, s’ils me tiennent, comme ils l’affirment, comme l’auteur intellectuel de leur crime contre la Constitution, qu’il nous expliquent donc : pourquoi fuient-ils le débat avec moi ? Pourquoi ont-ils empêché que je sois physiquement présent à leur « dialogue » prétendument « républicain » où ils avaient programmé de poser les bases de leur coup d’État constitutionnel ?

Et, surtout, pour revenir au texte de 2016, pourquoi ne le prennent-ils pas en entier ?

La réponse est évidente à vous qui prendrez la peine de lire ledit texte : celui-ci ne sert pas leur infâme dessein. Aussi leur faut-il faire ce qu’ils savent le mieux faire, ce qu’ils ont érigé en “vertu” suprême au sein de notre République dévoyée : mentir, mentir effrontément, mentir de manière éhontée.

Mais peut-être n’est-ce pas leur faute : peut-être ne peuvent-ils pas accéder à une pensée complexe ; peut-être même que ce qu’ils appellent leur pensée ne peut consister qu’en une courte phrase. Au-delà, ce serait pour eux la noyade assurée.

Je disais donc que ce texte de 2016 ne les sert pas dans sa substance. En voici des preuves.

Dans la lere partie de ce texte (il en comporte 5 en comptant les remarques conclusives), je fixe les enjeux de la question que je pose, à savoir faut-il « changer la Constitution » ? J’y indique d’emblée que je suis favorable à une modification de ce texte. Mais aussi, je passe en revue les différentes manières de se poser la question et les différentes motivations qui peuvent les soutenir. À la fin de quoi j’écris ceci :

« Un des enjeux majeurs de la République centrafricaine renaissante est, selon moi, le respect de nos règles communes, à commencer par la Constitution. Il est donc de la plus haute importance que celle-ci soit respectée telle qu’elle est. Comporte-t-elle des imperfections ? Certainement. Mais la première réponse qu’il conviendrait de donner à ce problème me paraît être la mise en place – enfin – de la nouvelle Cour constitutionnelle, en

lieu et place de la Cour constitutionnelle de transition, laquelle est absolument incompétente pour connaître des recours tendant à l’application de la Constitution du 31 mars 2016. Dans toutes les démocraties dignes de ce nom, c’est le travail normal de ce juge que de réduire les incohérences, qui au demeurant existent dans toutes les Constitutions, et de tisser la cohérence du texte. Je veux bien admettre que la Constitution du 31 mars va au-delà des simples imperfections. Mais est-ce une raison pour prôner un retour à la loi de la iunale ? C’est en tout cas une de mes raisons pour souhaiter que soit entrepris le travail de rénovation de notre Loi fondamentale ».

Alors, dites-moi : le régime actuel peut-il être caractérisé, ainsi que j’en posais l’exigence dans mon texte, comme un régime de droit, respectant nos règles communes, à commencer par notre Constitution ? Assurément non ! Triple et même centuple non !

Il restera sans doute à la postérité comme un régime de concussion, de clientélisme, de tribalisme, d’injustice, de voleurs-prédateurs accompagnés de criminels, de mépris des citoyens, d’indifférence au sort des Centrafricains et à la dignité du Centrafrique. Le tout en marchant sans scrupule sur notre loi fondamentale.

À ceux-là donc qui veulent nous emporter vers une autre Constitution, mon article dit, et je réitère en ce milieu de 2022 : commencez d’abord par respecter cette Constitution-ci et nous verrons après !

– IV-

Dans la 2e partie du même article, sous le titre « Pourquoi changer la Constitution ? », je prends clairement et fermement position pour une rénovation de notre Constitution, en partant du principe que la Constitution des Centrafricains doit ressembler à ces Centrafricains et à la République Centrafricaine.

Je n’ai pas de commentaire à ajouter, si ce n’est que cette position exprimée en 2016 reste ma conviction en cette année 2022. Une conviction fermement enracinée.

C’est de cette conviction qu’ils ont cru pouvoir se servir, preuve d’ailleurs qu’ils n’ont en propre rien à proposer aux Centrafricains.

J’ai bien dit qu’ils ont cru pouvoir. Parce que, quiconque lit cet article et découvre sa 3e partie, comprendra qu’ils n’ont rien compris. Car le fond ici (la modification de la Constitution) est indissociable de la manière (comment procéder à cette modification) et inversement. Il faut du reste croire que ce n’est pas seulement l’intelligence de la lecture qui fait défaut à mes « laudateurs » de minuit, car je me suis aussi longuement expliqué sur ce point dans un podcast qui date de 2021 (https://www.podcastics.com/podcast/episode/la-constitution-et-nous-l- 71374/). que certains d’entre eux, je le sais, ont pourtant écouté.

-V-

Dans cette 3e partie, intitulée « Comment changer la Constitution ? », j’écris essentiellement ceci :

« Le point central’, pour savoir comment changer la Constitution, est donc le retour aux centrafricains et à la République centrafricaine ».

J’ajoute dans le même texte que :

« Un tel retour est même impérieux si on veut bien comprendre que la Constitution, par-delà les considérations juridiques; est l’expression du génie propre de chaque peuple, et qu’elle est une manière pour celui-ci de répondre aux défis de sa propre histoire en vue de se projeter dans l’avenir ».

Et je conclus en ces termes :

« Tirée de toutes ces considérations; mon idée des étapes à suivre pour changer la Constitution est la suivante :

  • Au peuple, aux citoyens, la définition des questions fondamentales à traiter par la Constitution, et des principes fondamentaux selon lesquels ces questions doivent être traitées : autrement dit la définition des grands titres et chapitres, ainsi aue du sens général de leurs dispositions :
  • A un comité composé de juristes et de sages de mettre en forme juridique ce qui est ainsi définii, ainsi que de le décliner dans des dispositions juridiques précises (rédaction des articles) ;
  • Au peuple, enfin, d’adopter l’ensemble après s’être assuré que ce qui a été produit est bien fidèle à sa volonté originelle, mais pas sans avoir été mis en mesure de le faire (traduction du texte dans la langue nationale, le sango, notamment) ».

Je pose donc la question à nos malins – au sens biblique – « laudateurs aux couteaux » : où et quand avez-vous observé la première exigence, soulignée ci-dessus ? Dans vos rêves peut- être, ou dans les vapeurs alcoolisées d’une nuit à la mode de votre pouvoir ? Dites-le-nous donc, au grand jour et à intelligible voix, car le peuple ne sait pas lire dans vos rêves, cauchemardesques pour lui, ni dans les brumes de vos agapes !

Quoiqu’il en soit, nous n’avons rien vu de tel.

Au lîeu de quoî nous avons assisté au spectacle de la corruption à grande échelle, pour acheter des signatures sous une certaine pétition, pour acheter la conscience de députés, dorénavant indignes de porter le titre de « représentants de la Nation », etc. Au lîeu de quoi nous avons aussi assisté au règne de la tromperie, de la perfidie, dont le principe est : cacher ses réelles intentions au peuple pour parvenir à ses fins, en somme « rouler dans la farine », comme on dit chez nous, jusqu’au Peuple lui-même ; peuple qu’on n’hésite pas, dans le même temps, à endormir avec des flatteries du type « Peuple souverain » !

-VI –

En va-t-il autrement au regard de la 4e partie du texte de 2015 ?

Hélas non !

 

Cette partie est consacrée à la question du contenu de la Constitution que j’appelais de mes vœux (« Quel contenu souhaitable pour la Constitution ? »).

J’y prends d’emblée la position suivante, à laquelle je me limiterai ici :

« Ce que je viens de dire du processus interdit logiquement de prédire à l’avance le contenu de la Constitution que j’appelle de mes vœux. Car nul n’a titre à se substituer au peuple souverain pour dire sa volonté, sauf :, ô la rigueur, à faire des propositions de déclinaisons de sa volonté. Il faut donc en passer par la première étape aue i’ai indiquée plus haut ».

Est-ce à cela que nous assistons aujourd’hui ? Certainement pas ! Des individus gonflés d’une puissance auto-proclamée mais en putréfaction annoncent urbi etorbi, sans avoir consulté personne, et surtout pas le peuple Centrafrîcaîn qu’ils méprisent, ce que sera le contenu de la future Constitution.

Il n’y a rien à ajouter à cela. Chacun se fera sa propre opinion, à l’égard de cette évidence.

-VII –

Restent les remarques conclusives de mon texte qu’ils citent en référence. Là encore, ils avaient tout intérêt à ne pas les mettre en exergue, ou à en comprendre les termes, surtout quand on sait que j’écris ce qui suit :

« Je considère pour ma part que, compte tenu des priorités de l’heure, et notamment de la nécessité urgente de rétablir la sécurité et la tranquillité des citoyens sur toute l’étendue du territoire, il n’y a pas urgence. Deux autres raisons me poussent à considérer qu’il faut prendre son temps ; le caractère fondamental, et donc complexe, des réformes envisagées, d’une part et, d’autre part, la nécessité de construire un consensus qui serait la principale garantie de pérennité du texte à rédiger ».

Alors, ont-ils réglé la question de la sécurité des Centrafricains ? La réponse est non !

Ont-ils pourvu aux autres urgences pour la vie des Centrafricains que sont l’alimentation, l’eau potable, l’électricité, les écoles, les hôpitaux, les routes, et j’en passe ? La réponse est : rien de tout cela !

Peuvent-ils se prévaloir d’un consensus des Centrafricains et l’ont-il seulement cherché, ce consensus ? La réponse est : Certainement pas !

En conclusion

Il y aurait bien des choses encore à dire et, surtout, à redire quant à leur projet conflictogène et mortifère de modification de notre loi commune qu’est notre Constitution. Et il y a aussi bien des choses à entreprendre contre ledit projet. Que mes « promoteurs » providentiels se rassurent, ils le sauront et le verront le moment venu.

En attendant, je me sens le devoir de leur dire : mon texte, lisez-le jusqu’au bout ; si vous ne comprenez pas, je suis disposé à vous expliquer ; et surtout, mon texte, prenez-le dans son intégralité ou passez votre chemin.

Et puis, à la fin, si vous êtes toujours incapables de faire, d’autres Centrafricains le peuvent. Cédez donc le passage…

 

Paris le 30 juin 2022

Pr Jean-François Akandjî-Kombé

Président de Citoyens Debout et Solidaires Centrafrique (CDS-CA) Citoyen contre le viol de la Constitution et contre la Présidence à vie

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