CENTRAFRIQUE : TERRIBLES CONSTATS DU PRÉSIDENT TOUADERA

Publié le 9 janvier 2019 , 2:16
Mis à jour le: 9 janvier 2019 2:16 pm
Président Faustin Archange Touadera. CopyrightDR
Président Faustin Archange Touadera. CopyrightDR

CENTRAFRIQUE : TERRIBLES CONSTATS DU PRÉSIDENT TOUADERA

 

 

Bangui (CNC) – LES REGRETS

        

A l’occasion de ses vœux à la Nation pour 2019, le chef de l’État centrafricain a, sans détours, regretté sa politique de la main tendue aux rebelles – même s’il croit encore, sans trop se faire d’illusions, que le processus du DDRR demeure l’unique issue pour aboutir à la paix.

         L’aveu est terrible ! Le président reconnaît donc s’être trompé en associant quelques-uns des chefs rebelles à l’exercice du pouvoir, avec l’espoir de convaincre les séditieux d’accepter le dialogue pour la paix. C’était, monsieur le Président – permettez-nous de vous le dire avec le respect dû à votre fonction – une illusion.

         Nous n’avons cessé de l’écrire ici : en parlant de paix, les ex-Sélékas se livrent, en fait, à de grossières manœuvres pour s’emparer du pouvoir. Ceux que le président Touadera a associés à la direction du pays sont, en réalité, des sortes de taupes, infiltrées pour mieux informer leurs groupes armés afin de préparer la prise du pouvoir par la force. Quand ils claironnent partout qu’ils veulent la paix, c’est, d’une part, pour endormir les Centrafricains afin de poursuivre leur sinistre besogne de mort et, d’autre part, pour continuer à piller les matières premières en vue de s’enrichir et d’acheter des armes destinées à agresser les Centrafricains.

         Le président Touadera semble, enfin, se rendre compte que le dialogue qu’il ne cesse de proposer aux bandes armées risque fort de ne pas aboutir. Tout ce que veulent les rebelles, c’est le pouvoir et une impunité totale pour leurs crimes de guerre et leurs crimes contre l’humanité. La logique de la main tendue ne marchera jamais avec eux dans le contexte actuel.

         A l’occasion de ses vœux, le président a donc reconnu que : « malheureusement, prenant prétexte du retard dans la mise en œuvre du DDRR et du dialogue politique, certains groupes armés ont repris leurs exactions contre les paisibles populations… » Monsieur le Président, vous le reconnaissez enfin : avec les séditieux, une approche pacifique n’est pas possible. Tout nous pousse à penser qu’ils ne comprendront que la force et que, seule, une offensive militaire pourra les ramener à la raison.

         Le dernier drame de Bakouma vient, hélas ! confirmer notre pessimisme.

A BAKOUMA, LA MENACE D’UN GÉNOCIDE

         Ali Darassa, chef de l’ UPC, et Abdoulaye Hissen, chef du FPRC, appuyés par des mercenaires tchadiens, soudanais et peuhls nigériens, se sont emparés de Bakouma.

           La panique a aussitôt saisi les paisibles habitants de cette ville minière. Le sultan a été exécuté, de nombreux habitants massacrés. Des corps jonchent encore les rues de la ville. On craint une épidémie et on redoute un nettoyage ethnique.

         En outre, la coalition sélékiste FPRC/UPC qui a pris le pouvoir, a sommé les autorités locales de quitter la ville.

         Mais le FPRC n’est-il pas partie prenante de l’initiative de paix de l’Union Africaine ?

         Ce comportement souligne, de façon flagrante, les mensonges et les manipulations des ex-Sélékas. Tant qu’ils occuperont les mines, pour trafiquer avec le Tchad, le Soudan et le Niger, tant que les diamants du sang leur donneront les moyens de s’équiper en armes, les séditieux ne seront pas près de se rendre. Leur but ultime reste le même : occuper le Palais de la Renaissance.

         Malgré toute sa bonne volonté, malgré son souhait légitime de privilégier le dialogue, le président Touadera a bien été obligé de reconnaître que les ex-Sélékas faisaient de l’obstruction et refusaient la main qu’il leur tendait.

         Quelle solution adopter sinon une confrontation armée ? N’est-elle pas devenue inévitable ? Nous ne pouvons envisager qu’une seule stratégie : le désarmement par la force. C’est aux Forces Armées Centrafricaines et aux Forces de la Sécurité Intérieure, soutenues par les Russes, qu’il reviendra de la définir.

UNE COOPÉRATION RUSSO- CENTRAFRICAINE A REDÉFINIR

         Il est impératif que le comportement des Russes sorte de l’ambiguïté et qu’ils cessent de jouer double jeu. Comment peuvent-ils prétendre conseiller le président centrafricain en matière de sécurité et, dans le même temps, négocier en catimini avec ces mercenaires étrangers, criminels de guerre, qui ont envahi la République Centrafricaine ?

         Si le chef de l’Etat a sollicité leur aide, ce n’est pas seulement pour des contrats miniers. C’est surtout pour aider les FACAS et les Forces de la Sécurité Intérieure. Le temps est peut-être venu de cesser les tergiversations et de passer à l’action.

         Il faut que les autorités centrafricaines prennent leurs responsabilités. Si l’année 2019 doit être une sinistre copie de 2018, les Centrafricains ne l’accepteront pas. Tout sera alors possible. Une insurrection citoyenne pourr      a se produire, avec le risque d’aboutir à un changement de pouvoir. S’il pense se représenter en 2020, le président Touadera devra d’abord juguler la résistance des groupes armés et ramener la paix dans son pays.

                                                                                                                                                         

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