Centrafrique-Tchad : guerre froide entre Touadera et Déby
Bangui (RCA) – CNC – La diplomatie louvoyante du président Faustin Archange Touadera, entamée dans l’euphorie de la proclamation de sa victoire en 2016, commence à lui donner une poussée au mur, créant ainsi un climat de guerre froide avec son homologue tchadien Idriss Déby Itno. En cause, son violent clash avec le protégé d’Idriss Déby Itno à l’Union africaine et son rapprochement avec les mercenaires russes. Enquête.
Si le président Faustin Archange Touadera prenait de la peine à fouler les sols tchadiens et congolais dès l’annonce de sa victoire, ce déplacement ne découlait pas de l’euphorie de cette victoire, mais plutôt de la lecture diplomatique, sécuritaire et géopolitique des crises successives qui ont secoué ce pays et qu’on lui avait fait comprendre. Mais force est de constater que, peu de temps après, le président Touadera, diplomatiquement et juridiquement mal entouré, ne fait que multiplier et cumuler les déconvenues envers ses désormais ex-défenseurs. Avec le Congolais Denis Sassou Nguesso pour avoir se séparer de ses proches et avec le Tchadien Idriss Déby en pactisant avec les mercenaires russes pour le renverser.
D’après nos enquêtes, Idriss Déby Itno n’apprécie pas du tout la présence de la MINUSCA qui constitue, selon lui, un obstacle à son plan en Centrafrique et surtout le rapprochement du président Touadera avec les mercenaires russes.
La MINUSCA : un obstacle pour Déby
Le président tchadien Idriss Déby Itno, qui s’est considéré comme le seul et unique Grand Électeur en Centrafrique afin d’élire et démettre tous les présidents centrafricains depuis plus de 20 ans, n’a pas du tout apprécié que l’ONU installe ses hommes avec tous les dispositifs militaires qui les accompagnent dans le pays pour protéger Faustin Archange Touadera. Une protection qui lui donne des « carapaces » d’un homme fort et qui lui permet aujourd’hui de pactiser avec les mercenaires russes pour déstabiliser le Tchad.
D’après une source sécuritaire tchadienne, si Idriss Déby Itno installe et désinstalle les présidents en Centrafrique, c’est par ce qu’à un moment donné, ces présidents centrafricains ont été accusé, à tort ou à raison par le service de renseignement tchadien, de collusion avec les rebelles sudistes tchadiens pour renverser l’homme fort de N’Djamena ou tout simplement de perturber l’exploitation du pétrole dans les bassins de Doba, de Dosséo et de Mandouli en partage avec la Centrafrique.
Trois produits de Déby ont gouverné la Centrafrique
François Bozizé, Michel Djotodja et Catherine Samba-Panza sont les trois chefs d’État installés par Déby et considérés par certains observateurs comme les produits de Déby.
Idriss Déby Itno, qui veut avoir un président sous sa domination en Centrafrique, avait chassé du pouvoir le président démocratiquement élu Ange Felix Patassé pour installer son premier produit François Bozizé, un rebelle, à sa place au palais de la Renaissance. Dix ans après, c’est au tour de François Bozizé d’être chassé au profit de Michel Djotodja. Et enfin, interdire à ce dernier de mettre pied à Bangui pour installer Catherine Samba-Panza en lui ordonnant d’organiser des mauvaises élections.
Grâce à cette mauvaise élection et sur instruction de Déby et Sassou, Catherine Samba-Panza a pu remettre le pouvoir à Faustin Archange Touadera. Un an après, comme une grenouille qui veut se faire grosse que le bœuf, Faustin Archange Touadera pactise avec les mercenaires russes et croit devenir le chef d’État le plus puissant d’Afrique centrale et veut s’imposer en tentant de renverser ses homologues équatoguinéens Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et tchadien Idriss Déby.
Les Russes en Centrafrique : un danger pour Deby
Dans les couloirs du palais Rose, le palais présidentiel tchadien, il se murmure que les mercenaires russes, avec l’appui du président Touadera, seraient à la manœuvre pour aider à la déstabilisation du régime de Déby via le Soudan et les milices massées dans le massif de Tibesti.
Dans les cercles informés du palais Rose, les mouvements incessants et transfrontaliers des mercenaires russes, avec leurs gros camions entre le Soudan et la Centrafrique, ne sont autre chose que des mouvements visant à réarmer les rebelles tchadiens. Plusieurs rebelles capturés par l’armée tchadienne, d’après nos sources, ont témoigné, non seulement que les Russes basés à Birao, dans la Vagaka les ont appuyés militairement, mais aussi tentent de convaincre les puissants chefs de guerre Nourredine Adam et Abdoulaye Hussein à refuser l’offre de Déby visant à renverser le président Touadera.
« Si Déby part, mort ou vivant, la Centrafrique connaîtra la paix ». Affirme un proche de Touadera.
Des comportements et attitudes qui irritent le président tchadien à ne plus parler à son homologue centrafricain Faustin Archange Touadera et à masser tout au long de ses frontières avec la Centrafrique des militaires lourdement armés capables de mener, d’après un expert militaire, une incursion militaire de Birao à Bangui.
D’ailleurs, une première incursion punitive de l’armée tchadienne, en guise d’essai, a eu lieu la mi-décembre à Birao. Lors d’un combat fratricide le 16 décembre entre les hommes du général Harda (Goula) aux hommes d’Adoulaye Hussein (Rounga) au village centrafricain, Charahibou, frontalier avec le Soudan, des troupes tchadiennes sont intervenues pour mettre de l’ordre en massacrant une centaine des combattants rebelles et civils sans aucune dénonciation de la part du gouvernement Sarandji.
Depuis lors, une odeur de guerre froide se dégage sur les corps des deux hommes. Ils ne se parlent plus et Faustin Archange Touadera boude toute rencontre où il doit croiser son frère tchadien Idriss Déby Itno.
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