Centrafrique : « Nous ne sommes pas pour une partition du pays », selon le chef de la délégation Séléka

Le chef de la délégation de la Séléka, Mohamed Moussa Dhaffane, a livrer à Afrik.com les dessous de la négociation qui s’est déroulée à Brazzaville entre la Séléka, les anti-balaka et le gouvernement centrafricain du 21 au 23 mars dernier. Un cessez-le-feu a été signé mercredi.

 la Séléka à tardé à se rendre à la négociation à Brazzaville en présence des anti-balaka et du gouvernement centrafricain, comment s’est passé l’arrivée de la délégation Séléka dans la capitale congolaise ?

Le chef de la délégation Séléka à Brazzaville,, Mohamed Moussa Dhaffane (Crédit photo : Frédéric Schneider)
Le chef de la délégation Séléka à Brazzaville,, Mohamed Moussa Dhaffane (Crédit photo : Frédéric Schneider)

Mohamed Moussa Dhaffane : On est venu au bon moment mais il y avait un problème logistique. Des membres du mouvement étaient soit à Bambari, soit à Bria, soit à Birao. Certaines personnes étaient en retard d’un jour, le temps de se rendre à Brazzaville.

Afrik.com : Quel a été l’aboutissement de ces négociations ?
Mohamed Moussa Dhaffane :
L’accord de cessation des hostilités. Et cet accord de cessation des hostilités stipule que l’on apaise les esprits. Il faut donner une chance à la paix et à la réconciliation des centrafricains et aussi à ce que les hostilités, même verbales, soient bannies.

Afrik.com : Ce cessez-le-feu a une durée déterminée ? Qu’est-ce qui a été prévu ?
Mohamed Moussa Dhaffane :
Pour l’instant non, parce qu’on veut vraiment ramener la paix. On veut déjà faire en sorte qu’il y ait un environnement de confiance entre nous. Et cet accord de cessation des hostilités, pas seulement entre Séléka et anti-balaka, est un accord entre toutes les forces vives de la nation : les anti-balaka ont signé, le conseil national de transition (CNT) a signé, le gouvernement de transition a signé, ainsi que la société civile, les syndicats et les partis politiques. Cela veut dire que c’est un accord de cessation des hostilités entre toutes les composantes de la société centrafricaine.

Afrik.com : Comment se sont passées ces négociations ?
Mohamed Moussa Dhaffane :
Tout le monde est fatigué par cette crise qui n’a que trop duré. Cette crise n’a fait que trop de mal et beaucoup trop de victimes. Tout le monde voulait trouver un accord.

Afrik.com : Quelles sont les objectifs à venir ? Quelle sera la suite des opérations ?
Mohamed Moussa Dhaffane :
Il y a un processus politique qui est ouvert. Il va y avoir un accord politique sur le DDR, désarmement, démobilisation, réinsertion. C’est un processus qui est ouvert.

Afrik.com : On a beaucoup critiqué le fait qu’il pouvait y avoir des dissensions au sein de la Séléka entre sa branche politique et sa branche armée, qu’en pensez-vous ?
Mohamed Moussa Dhaffane :
Il y a une seule chaîne de commandement, mais il y a plusieurs appréciations de la situation. Il y a des gens qui ne sont pas assez avisés, il y a des gens qui ne sont pas assez matures en politique pour comprendre quelle est l’intérêt général. Cet accord, ce n’est pas un accord pour protéger les combattants, c’est un accord qui protège les civils. Les combattants sont armés, ils se défendent, mais les populations civiles sont tout le temps attaquées. Cet accord, c’est pour arrêter les hostilités et ensuite viendra un accord politique pour la transition.

Afrik.com : Il y avait déjà eu un accord de cessez-le-feu, de désarmement de la Séléka, qu’est-ce qui prouve que cet accord fonctionnera cette fois ?
Mohamed Moussa Dhaffane :
Lors de l’accord de cessez-le-feu de Libreville, nous avions un gouvernement qui était établi, c’était le gouvernement de Bozizé. Aujourd’hui nous avons un gouvernement qui est différent et la Séléka a évolué. Ce n’est pas la Séléka d’avant le 24 mars 2013. Aujourd’hui, c’est la Séléka qui a conquis le pouvoir, qui a géré le pouvoir, qui a échoué et qui face à son échec a pris la décision de se reconstituer.

Afrik.com : Et récemment à Bambari, dans le centre du pays, il y a eu plusieurs affrontements qui ont fait beaucoup de morts entre les deux parties, Séléka et anti-balaka, mais c’est la Séléka qui a été accusée…
Mohamed Moussa Dhaffane :
Ceux qui accusent la Séléka se trompent. Depuis le 7 décembre 2013, la Séléka a été cantonné. Chaque fois les sites de cantonnement sont attaqués par les anti-balaka. Et Chaque fois la Séléka ne fait que se défendre.

Afrik.com : On a pu cité votre nom dans ces affrontements à Bambari, notamment un journal centrafricain, qu’est-ce que vous leur répondez ?
Mohamed Moussa Dhaffane :
Que c’est faux, c’est de la diffamation, du dénigrement. A Bambari, la Séléka a cohabité avec forces françaises Sangaris, avec la MISCA (Mission internationale de soutien à la Centrafrique). Il n’y avait pas de problème. Mais quand l’état-major de la Séléka a été établi, à l’issue du Congrés de Ndélé, les problèmes ont commencé, à cause notamment de frustrations, et puis ça a dégénéré. Je ne suis pas un va-t-en guerre, je suis toujours du côté du droit.

Afrik.com : Une partie de la population centrafricaine se méfie de la Séléka, comment allez-vous reconquérir leur confiance ?
Mohamed Moussa Dhaffane :
Par des actes concrets, il faut aller vite vers la réconciliation.

Afrik.com : Vous avez toujours parlé d’une indépendance du nord, comment avez-vous abordé cette question au cours des négociations de Brazzaville ?
Mohamed Moussa Dhaffane :
A l’ouverture, on a avait déjà posé ce problème sur la table : la partition du nord. Nous nous sommes heurtés à l’opposition des autres. On a jamais voulu la partition mais on a été obligé sous la pression. Nous ne sommes pas pour une partition du pays. Mais dans ce cas, il faut que l’accord de cessation des hostilités apaise les esprits, que les gens le respecte et que l’on ait un accord politique qui crée le partage du pouvoir, la refonte de l’armée, la police, etc…

 

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