Centrafrique: quand s’arrêtera la descente aux enfers d’un Etat abonné aux coups d’Etat?

Publié le 12 août 2014 , 9:36
Mis à jour le: 12 août 2014 9:36 pm

Bangui- Sauve-qui-peut généralisé en République centrafricaine. La quasi-totalité de la communauté internationale tente tant bien que mal et à bras-le-corps aussi bien politiquement que militairement pour être au chevet d’un peuple meurtri et d’un pays, dont la situation chaotique frôle la catastrophe humanitaire à cause de guerres et de conflits fratricides récurrents que certains ont qualifiés de “génocide”.

Anti-Balaka
La situation de chaos qui règne, depuis belle lurette, sur pratiquement l’ensemble du territoire de la Centrafrique, suite aux combats acharnés, aux pillages et aux massacres, dont pâtissent particulièrement les populations civiles, livrés par les anti-Balaka, milices chrétiennes à l’encontre des ex-Séléka, d’obédience musulmane, depuis la chute du régime du président, François Bozizé, il y a plus d’un an, semblent désormais s’éterniser dans ce pays où, pourtant une lueur d’espoir se profile à l’horizon avec la nomination par la présidente par intérim d’un nouveau Premier ministre, aux termes de l’accord de cessez-le-feu, signé récemment à Brazzaville entre les belligérants.
En effet, le nouveau chef de l’Exécutif, Mahamat Kamoun, un Musulman nommé par la présidente Catherine Samba Panza, pour la première fois depuis l’indépendance du pays, a affirmé que sa priorité demeure, sans conteste, le rétablissement de la sécurité et la restauration de l’Etat.
“Mon travail portera sur quatre axes majeurs: la sécurité et la restauration de l’Etat, mais aussi les questions d’assistance humanitaire et les défis humanitaires”, a-t-il indiqué, faisant savoir, en outre, qu’il s’agit également de la réconciliation nationale, de la relance économique et des activités de l’administration, ainsi que de la préparation des élections générales, prévues en 2015.
Après un an de déchirement par des conflits interreligieux, la Centrafrique, pays dont l’histoire est émaillée par des coups d’Etat itératifs, semble encore loin, très loin, de venir à bout d’une situation désastreuse, après que les “libérateurs” ayant pourchassé l’ancien régime “dictatorial” se sont révélés les pires fossoyeurs d’un pays au bout du gouffre. Certains sont allés même à demander une partition de la Centrafrique en deux entités sur une base religieuse.
Chaque groupuscule voulant s’adjuger et s’accaparer la part du lion des énormes ressources minières,  diamantaires et pétrolières, dont regorge ce pays pauvre de l’Afrique centrale. La Centrafrique se trouve donc propulsée dans un engrenage où elle constitue actuellement un véritable volcan en ébullition et les populations civiles désarmées, en particulier les femmes et les enfants, prises en otage entre les feux nourris des belligérants. Les violences intercommunautaires ont fait des milliers de morts et ont jeté sur les routes des centaines de milliers de déplacés.
Malgré les moult appels au calme n’ayant jamais eu le moindre écho auprès des parties en conflit, les interventions militaires de la part de la France (Sangaris -2000 soldats sur place), le déploiement de la Mission internationale pour la sécurité en Centrafrique (Misca -6000 soldats), chapeautée par l’Union africaine (UA), et celle bientôt mandatée par les Nations unies, outre les soldats de la force européenne Eufor-RCA, les frères-ennemis centrafricains semblent, de plus en plus, s’éloigner de la voie de réconciliation et du dialogue sur la base des principes de cohabitation et de tolérance, comme ce fut la cas jadis, et non en vertu de deux doctrines qu’ils conçoivent à tort de diamétralement opposées: Christianisme et Islam.
Pourtant, si dorénavant rien n’est entrepris de manière ferme et rigoureuse par la communauté internationale, aux termes du principe “Assistance à pays en danger” en vue de juguler, voire mettre un terme définitivement à cette folie meurtrière qui risque d’embraser l’ensemble d’une région d’ores et déjà fragilisée par des conflits armés, la Centrafrique demeurera toujours une source d’instabilité et de prolifération de groupes armés, de terroristes et de toutes les formes d’insécurité, au moment où les peuples africains ont besoin, plus que jamais, à l’instar de leurs vis-à-vis sur la planète, de stabilité, du développement économique et du progrès.

  –Par Khalid BARKA, correspondant à Kinshasa de Maroc Express

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