Centrafrique: la rébellion “Révolution et Justice” d’Armel Sayo et son mercenaire belge

Publié le 9 novembre 2014 , 11:09
Mis à jour le: 9 novembre 2014 11:09 pm

Centrafrique Presse  /  Corbeau News Centrafrique: 10-11-2014, 03h00.

Armel SAYO et son mystérieux mercenaire  Belge
Armel SAYO et son mystérieux mercenaire Belge

En effet dans son récent rapport publié le 29 octobre 2014, le groupe d’Experts onusiens écrit ce qui suit, s’agissant des bandes armées qui sévissent et empoisonnent la vie aux Centrafricains dans le bref résumé de leur rapport qui compte un peu plus de 200 pages annexes compris :

« En outre, le Groupe d’experts estime que la rivalité entre les représentants politiques des groupes armés qui convoitent des postes ministériels et entre les commandants militaires qui cherchent à contrôler les ressources est à l’origine des luttes intestines entre des éléments de l’ex-Séléka et des factions anti-balaka rivales. La nomination du chef d’un groupe armé dénommé «Révolution et justice» au poste de ministre de la jeunesse et des sports dans le nouveau cabinet de transition renforce l’impression que commander un mouvement politico-militaire peut donner accès à nouveau au sein du Gouvernement et, partant, valide la stratégie des fauteurs de troubles politiques. »

Révolution et justice

100. Révolution et justice est un mouvement fondé en octobre 2013 par Armel Ningatoloum Sayo, également connu sous le nom de «Armel Bedaya» ou «commandant Sayo», capitaine des Forces armées centrafricaines et François Toussaint, également connu sous le nom de «général Ngoy», un Belge vivant au Gabon qui est frappé par un mandat d’arrêt international pour meurtre en Belgique et accusé d’avoir formé des groupes armés maï-maï en République démocratique du Congo72.

101. Le 1ernovembre 2013, Sayo et Toussaint ont franchi la frontière entre le Cameroun et la République centrafricaine dans la région de Baiboon et établi le premier camp d’entraînement Révolution et justice aux alentours de Paoua, dans la région de Boloum. La chaîne de commandement était composée du «colonel» Waluba Espilodja, ancien officier de l’APRD et adjoint de Sayo, du «colonel» Luther Betuban, sergent dans les Forces armées centrafricaines, originaire de Bouar, et du «lieutenant-colonel» Raymond Belanga. Toussaint était chargé de l’entraînement et de la stratégie militaire.

102. D’après Toussaint, le mouvement Révolution et justice a commencé à mener des opérations militaires le 24 décembre 2013 contre des groupes peuls et les forces de la Séléka dans la région. Il comptait un millier de combattants environ, originaires d’une zone allant de Markounda (préfecture de l’Ouham) à Bang (préfecture de l’Ouham-Pendé), village frontalier du Tchad et du Cameroun. En janvier 2014, il a réussi à prendre le contrôle de plusieurs villages autour de Paoua puis à forcer la Séléka à quitter la ville, ayant obtenu au préalable l’engagement du contingent camerounais de la MISCA de ne pas intervenir. Toussaint affirme également qu’en janvier 2014, la MISCA a fourni au mouvement des caisses de munitions pour qu’il puisse se battre contre des groupes de Peuls opérant dans le sud-est de Paoua.

103. L’adjoint de Sayo, Espilodja, ancien officier de l’APRD, a quitté Révolution et justice en avril 2014 avec des centaines d’hommes avant d’être tué le 14 août 2014 lors d’affrontements avec les forces de la MISCA basées à Paoua. Selon les forces internationales, Sayo ne commandait que 60 hommes en juin 2014, basés à Gadoulou (à 15 km à l’est de Paoua), Bang et Bodjomo73.

104. Sayo et Toussaint ont déclaré au Groupe d’experts qu’ils avaient eu plusieurs entretiens avec des dirigeants tchadiens. Sayo a affirmé que le Tchad avait envoyé plusieurs émissaires pour «acheter» son soutien. Toussaint, quant à lui, a déclaré que Sayo a sollicité l’appui du Tchad et envoyé Espilodja dans le pays en janvier 2014, où il a rencontré des émissaires de la garde présidentielle tchadienne, même si aucun accord n’a semble-t-il été conclu entre les parties. Sayo a déclaré que Révolution et justice s’était battu à plusieurs reprises en avril et mai 2014 contre des unités militaires de l’Armée nationale tchadienne dans la région de Markounda (préfecture de l’Ouham) (voir aussi plus haut par. 36 à 46), avant de procéder à un retrait tactique. Cependant, d’après des témoignages recueillis sur le terrain par le Groupe d’experts, Révolution et justice a évité les affrontements et quitté Markounda la veille du jour où un groupe armé «non identifié» originaire du Tchad, décrit comme réunissant des Peuls, des Tchadiens et des éléments de la Séléka, a pris le contrôle de la ville le 1ermai 201474.

105. D’après les éléments de preuve recueillis et la déclaration qu’il a faite au Groupe d’experts, Toussaint a formé et conseillé les forces de Révolution et justice entre novembre 2013 et février 2014, devenant ainsi le premier mercenaire occidental connu dans le conflit qui sévit en République centrafricaine.

106. Toussaint a affirmé que jusqu’à 1500 recrues avaient rejoint Révolution et justice en décembre 2013. Il a assuré leur entraînement quotidien et conseillé Sayo sur les tactiques militaires et les techniques d’attaque. Il a dit avoir préparé la première attaque d’envergure lancée par Révolution et justice contre Beboura le 24décembre 2013, au cours de laquelle 45 combattants de la Séléka auraient été tués. Il a également conseillé Sayo sur la manière de prendre le contrôle de Paoua en janvier 2014 et mené les négociations avec la MISCA pour obtenir sa non-intervention. Il a précisé avoir quitté Révolution et justice à la suite d’un nouveau différend avec Sayo le 5 février 2014. Toussaint apparaît dans un enregistrement vidéo publié sur Internet le 1erjanvier 2014. Devant des centaines de combattants de Révolution et justice, Sayo le présente comme étant le général Toussaint avant de lui confier le commandement dudit groupe (voir annexe 18). Sayo a néanmoins affirmé que Toussaint n’avait jamais participé au moindre combat et avait uniquement fait office de conseiller.

107. Toussaint a été arrêté le 7 juillet 2014 à Bouar par la MISCA et transféré à Bangui où, à l’heure de la rédaction du présent rapport, il était toujours détenu en attendant son extradition vers la Belgique.

108. Armel Sayo a été nommé Ministre de la jeunesse et des sports le 22 août 2014 par le Premier Ministre de la transition, Mahamat Kamoun. Toutefois, son groupe armé est représenté par Laurent Dim-Woei Biti au sein du comité directeur chargé de surveiller l’application de l’Accord de Brazzaville (voir annexe 14).

 Centrafrique Presse.

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