Centrafrique : quel avenir sans Wagner ?

Publié le 26 septembre 2023 , 7:25
Mis à jour le: 26 septembre 2023 3:43 pm

Quel avenir sans Wagner ?

 

Faustin Archange Touadera et Vladimir Poutine à couteaux tirés suite à la discrète visite d’Evguéni Prigojine à Bangui

 

Bangui, 27 septembre 2023 (CNC) – Retour sur l’itinéraire des deux fondateurs du groupe paramilitaire Wagner, dont  l’explosion en vol profite au pouvoir russe, vainqueur inconditionnel en Centrafrique.

 

Evguéni Prigojine a perdu la vie dans le mystérieux crash de son avion entre Moscou et Saint-Pétersbourg, le 23 août dernier. Tout juste deux mois après la rébellion contre le Kremlin. À ses côtés, l’intégralité de son état-major : des membres clefs tel Dmitri Outkine, le chef opérationnel et cofondateur de la milice. Comme « prévu », aucun passager n’a survécu.

 

Les deux hommes avaient scellé leur destin à la création du groupe, en 2014. Un cocktail détonant. D’un côté Evgueni Prigojine à la tête d’un empire de plusieurs milliards de dollars (restauration, mines, pétrole, propagande) érigé grâce au soutien du président Poutine.

 

De l’autre le discret Dmitri Outkine, vétéran d’unités spéciales du renseignement militaire russe qui affichait ouvertement son admiration pour le IIIe Reich et Adolf Hitler. Ce fervent défenseur de la « race aryenne » et « pure » (peau blanche, cheveux blonds, yeux bleus) avait cette idéologie « dans et sur la peau » (tatouages d’insignes SS) alors qu’il sillonnait fièrement l’Afrique…

 

Le convoi vers Moscou, la nuit du 23 au 24 juin, a ouvertement discrédité le commandement militaire russe, accusé de mensonges et d’incompétences sur le conflit en Ukraine. Des actes « impardonnables »

 

Poutine, l’heureux héritier de Prigojine.

 

« Les traîtres seront punis. (…) Ce n’est rien d’autre qu’une trahison (…) provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels », avait déclaré Poutine, sur un ton glaçant et vengeur. Si l’initiative de la trahison reste douteuse, la morale de l’histoire confirme le succès du plus fort. Le président russe, incapable d’avouer ses faiblesses, a fini par « tuer la poule dans l’œuf ».

 

Désormais à sa main, une multitude d’organisations criminelles transnationales construite sur le long terme par Prigojine. Wagner et toutes les sociétés associées survivront, sous leur nom ou sous un autre.

 

Le recyclage des ressources humaines et la récupération des compétences au profit de nouvelles structures ont déjà commencé, y compris au sein de l’armée russe.

 

En Centrafrique, le cœur de la stratégie russe, c’est la prédation des ressources. Les entreprises liées à des investissements russes continuent leurs activités (Lobaye invest, Midas ressources, Diamville ou Bois rouge) dans les secteurs de l’or, du diamant et du bois.

 

En guise d’exemple, l’exploitation de la forêt centrafricaine bradée pour 99 ans se poursuit, avec l’octroi d’avantages fiscaux et douaniers pour contrebalancer les services de protection des hautes autorités et de combat auprès des FACA. Ce déséquilibre « commercial » n’étonne plus : c’est l’œuvre de la domination inéluctable des Russes sur le pays.

 

Le dispositif Wagner semble avoir survécu à ses chefs disparus, à l’instar des relations et des accords conclus entre les deux pays depuis la mort de Prigojine. Néanmoins, amputée de la précieuse société paramilitaire qui lui servait d’intermédiaire, la Russie devra, tôt ou tard, assumer ses ambitions néocolonialistes. L’avenir de la RCA sans Wagner risque d’être décidé depuis Moscou… à moins qu’un changement radical et inattendu vienne bousculer la politique étrangère russe.

 

 

Par Adama Bria

 

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