Centrafrique : quand tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens !

Publié le 18 mars 2020 , 2:15
Mis à jour le: 18 mars 2020 2:15 am
Les enfants jouent au football sur un terrain à Bria, dans la préfecture de Haute-Kotto, au centre-nord de la République centrafricaine. Photo CNC / Moïse Banafio
Les enfants jouent au football sur un terrain à Bria, dans la préfecture de Haute-Kotto, au centre-nord de la République centrafricaine. Photo CNC / Moïse Banafio

 

Bangui (République centrafricaine ) – Comme tous les jeunes du monde, la jeunesse de Centrafrique regarde vers l’avenir, s’intéresse aux nouvelles technologies, pratique des sports venus d’ailleurs, écoute et danse sur des musiques actuelles, invente la mode de demain et partage tout sur les réseaux sociaux.

Toutefois, il suffit d’un simple rythme traditionnel pour raviver les gestes des danses d’autrefois qui sommeillent dans les gènes des jeunes Centrafricains.

 

Les racines du passé sont profondément ancrées mais peuvent surgir à tout moment pour apporter du sens à l’expression artistique.

La pratique sportive n’est pas en reste et bien que le ballon fait l’unanimité dans les quartiers de Bangui pour un match de football ou de basket-ball, certaines pratiques ancestrales interpellent, intéressent et attirent de nouveaux adeptes.

A l’âge où l’on se sent fort il est normal de vouloir se mesurer aux autres et la lutte traditionnelle, qui depuis quelques années retrouve un second souffle en Centrafrique, est l’activité idéale pour s’affronter dans le respect de l’adversaire. En effet, ce sport quelque part entre le sumo japonais et la lutte gréco-romaine se pratique dans tous les arrondissements de Bangui et les jeunes peuvent y apprendre les gestes du combat au corps à corps éprouvés par leurs aînés eux-mêmes initiés par les anciens. Cette transmission intergénérationnelle est garante de la tradition et permet au novice de s’inscrire dans une démarche de retour aux sources et à l’âme de ce sport. Car comme le dit l’adage, sans la technique la force n’est rien !

Pour exercer son adresse il y a aussi le Ngbaba qui se joue avec des crosses en bois de préférence de goyavier et un palet ou rondelle. Bien qu’il y a un retour timide de ce jeu traditionnel et unique au pays de Boganda, dès qu’une partie se joue, nombreux sont les participants et le public pour commenter les prouesses des deux équipes qui se font face.

Ce sport, qui a bien failli disparaître du paysage centrafricain, semble être inspiré du hockey mais ses origines pourraient être beaucoup plus anciennes voire antiques. En effet, les jeux de crosses sont pratiqués depuis l’Antiquité en Afrique et le Ngbaba serait un héritage des rites d’initiation de certaines tribus de la région. Autrefois, les équipes se déplaçaient de quartier en quartier pour s’affronter et le jeu était un facteur de cohésion sociale. Aujourd’hui, le Ngbaba est d’abord un sport de rue accessible au plus grand nombre qui rappelle aux gens de bons souvenirs de leur enfance et pour les plus jeunes apporte les valeurs de partage et de joie de la vie en communauté.

 

La jeunesse de Centrafrique, à l’image de son pays, se reconstruit depuis la dernière crise dans une volonté de paix et veut pouvoir comme tous les jeunes du monde profiter de la vie et du vivre ensemble. Tournée vers l’avenir, la jeunesse du pays avance tout en gardant en elle l’instinct du passé issu des traditions qui ont forgé l’âme du centre de l’Afrique.

 

Adama Bria

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