Centrafrique : quand l’université de Bangui fabrique ses propres vautours,  les faux docteurs…

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quand l’université de Bangui fabrique ses propres vautours,  les faux docteurs…

 

Centrafrique : quand l’université de Bangui fabrique ses propres vautours, les faux docteurs…
Monsieur Blaise Didatien Kossimatchi, ex-enfant de rue, devenu depuis quelques années le grand griot et milicien du régime du Professeur Faustin Archange Touadera

 

Par la rédaction de Corbeau News Centrafrique, CNC.

 L’université de Bangui, censée éclairer la nation, crée ses propres démons. Des imposteurs, grimés en docteurs, pullulent grâce au pouvoir. Ils insultent le savoir, piétinent la jeunesse, et personne ne semble prêt à arrêter cette dérive criminelle.

 

En effet, depuis près de 10 ans, au pays de Zo kwé zo, le pays de Boganda, un phénomène inquiétant prend racine dans les couloirs de l’université de Bangui, pour ne pas dire au cœur même du système éducatif : des individus, souvent proches du pouvoir, s’autoproclament intellectuels, docteurs, voire professeurs, sans jamais avoir à prouver leurs compétences ni à respecter les exigences académiques les plus élémentaires. Ces « griots » du régime, comme on les appelle, ne se contentent pas de chanter les louanges des puissants ; ils s’inventent des titres pompeux, s’infiltrent dans les institutions et contribuent à enfoncer un pays déjà fragile dans un chaos intellectuel et moral. Au même moment, l’État, complice ou impuissant, laisse faire, et la jeunesse, principale victime, s’enlise dans un avenir sans horizon….

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Des doctorats sortis d’un chapeau….

 

Prenons l’exemple de Blaise Didacien Kossimatchi, qui se présente comme chercheur à l’université de Bangui et y enseigne. D’où tire-t-il ses qualifications ? Mystère. Ce ne sont pas des exceptions, c’est presque une habitude désormais au pays de Boganda. Un certain Euloge Doctrouvé Koé, ancien collègue de classe du ministre du commerce Patrick Akoloza à l’université de Bangui, n’a pas pu finir son premier cycle universitaire à Bangui. Mais contre toute attente, il s’est autoproclamé docteur en sciences politiques, a lui aussi intégré le système d’enseignement supérieur sans que personne ne sache vraiment comment il a décroché ce titre, et dans quelle université, quelle publication scientifique qu’il a produit. Ceci n’est pas un secret. On parle ici à Bangui de doctorats obtenus par des voies obscures, souvent par correspondance, sans rigueur ni contrôle. En 2021, un docteur en droit de l’université de Bangui fraîchement « diplômé » s’est illustré par son incapacité à rédiger une phrase correcte en français, même en arabe. Plus aberrant encore : un citoyen tchadien, venu à Bangui, est reparti six mois plus tard avec un doctorat en droit sous le bras. Les autorités académiques tchadiennes, stupéfaites, ont même diligenté une enquête auprès de l’université de Bangui pour comprendre cette anomalie.

 

Ces histoires ne sont pas des anecdotes; elles révèlent un système où le diplôme s’achète ou se décrète, loin des standards internationaux. Normalement, un doctorat exige des années de recherche, une thèse défendue devant un jury compétent et des publications dans des revues scientifiques reconnues. À Bangui, il suffit apparemment de quelques allers-retours au Cameroun, d’un entretien avec des « têtes bien placées » et d’une pseudo-soutenance pour se parer du titre de docteur. Quelques mois ou années plus tard, on devient maître-assistant, puis professeur, sans jamais avoir publié le moindre article digne de ce nom…..

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Le ministre d’État en charge de la justice Arnaud Djoubaye Abazene copyright CNC

 

Des docteurs et chercheurs sans publications scientifiques….

 

C’est là que le bât blesse le plus. Dans le monde académique, la légitimité d’un chercheur ou d’un professeur repose sur ses travaux : des articles publiés dans des revues à comité de lecture, des contributions validées par des pairs. En Centrafrique, rien de tout cela. Les soi-disant docteurs et professeurs n’ont rien à montrer, pas une ligne dans une revue sérieuse. Certains, pour sauver la face, sortent un « livre »,  comprendre un recueil d’anecdotes ou de propos retranscrits par un éditeur complaisant, souvent au Cameroun ou ailleurs. Mais un livre, même publié, ne remplace pas une publication scientifique. C’est une supercherie, un écran de fumée pour masquer l’absence de rigueur académique et de travail.

 

Et pourtant, ces titres de Professeur, de Maître assistant ne tombent pas du ciel par hasard. Ils sont souvent attribués par décret, sur décision du président ou du ministre de l’Enseignement supérieur, sans passer par les étapes normales d’évaluation académique. On ne devient pas professeur parce qu’on a brillé par ses recherches, mais parce qu’on a su se rendre utile au pouvoir. Cette pratique, qui transforme l’université en une coquille vide, est un affront aux véritables chercheurs et aux étudiants qui espèrent encore un enseignement de qualité….

Évariste Ngamana Evariste-Ngamana Évariste Ngamana, premier vice-président de l'Assemblée nationale , titulaire d’un « faux diplôme »
Evariste-Ngamana – Évariste Ngamana, premier vice-président de l’Assemblée nationale , titulaire d’un « faux diplôme »

 

Des griots violents, pas des intellectuels….

 

Le plus grave, c’est le profil de ces imposteurs. Beaucoup d’entre eux ne se contentent pas de tricher sur leurs diplômes ; ce sont des individus au comportement violent et haineux. Prenant le cas de monsieur Euloge Doctrouvé Koé, surnommé « insulteur public » pour ses diatribes sur les réseaux sociaux, en est un exemple vivant. Lui et d’autres griots du régime passent leur temps à proférer des insultes, à menacer de génocide ou à appeler au meurtre, tout en se drapant dans une respectabilité académique qu’ils n’ont jamais méritée. Ces gens, qui devraient être jugés pour leurs propos criminels, se retrouvent au contraire propulsés dans des postes d’enseignants ou de responsables, avec la bénédiction du pouvoir. Le cas de monsieur Blaise Didacien Kossimatchi, un consommateur de tramadol, de chanvre indien, s’autoproclame lui aussi chercheur à l’université de Bangui.

 

Car oui, le régime actuel ne fait rien pour arrêter cette dérive. Au contraire, il l’encourage. Le ministre de la Justice lui-même, Arnaud Djoubaye Abazène, arbore lui aussi un doctorat par correspondance douteux. Évariste Ngamana, lui aussi faux diplômé en droit de l’université de Bangui, est aussi un exemple parfait. D’autres figures politiques, trop nombreuses pour être toutes nommées, suivent le même chemin. L’université de Bangui, à l’époque un lieu de savoir, est devenue une fabrique à faux diplômes, un tremplin pour les fidèles du pouvoir qui veulent se donner une stature. Au même moment, les vrais intellectuels, comme docteur Charles Armel Doubane, ou encore Dr Dominique Désiré ERENON, voir même Professeure Danielle Darlan, sont marginalisés ou réduits au silence….

 

Une jeunesse sacrifiée, un pays à la dérive….

 

Et qui souffre ? La jeunesse, d’abord. Les étudiants qui veulent apprendre se retrouvent face à des enseignants sans niveau, dans un système qui ne tient plus debout. Les écoles manquent de tout, les routes sont un calvaire, et l’université devient une usine à faux diplômes. Comment construire un avenir comme ça ? Le gouvernement regarde, laisse faire, parfois encourage. L’État, qui devrait protéger l’éducation, la laisse pourrir.

 

Comment espérer un redressement national quand ceux qui devraient incarner le savoir sont des griots, des opportunistes ou pire, des criminels ? L’État centrafricain, par son inaction ou sa complicité, porte une lourde responsabilité dans ce chaos. Il est temps que les citoyens, les vrais chercheurs et les rares voix encore crédibles se lèvent pour dénoncer cette farce. Car derrière les faux doctorats et les titres usurpés, c’est l’avenir d’un peuple qui est volé, jour après jour, par ceux qui prétendent le guider….

 

Par Alain Nzilo

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